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Décryptage

« Géo-ingénierie du climat : science, gouvernance et incertitude »

Posté le par La rédaction dans Environnement

[Interview] Ken Caldeira

A quelques semaines de la conférence de Copenhague sur le climat, la Royal Society de Londres a publié début septembre un rapport intitulé « Géo-ingénierie du climat : science, gouvernance et incertitude ». Il estime que les risques d'une manipulation délibérée du climat restent encore à évaluer. Ken Caldeira, directeur du Caldeira Lab à la Carnegie Institution de Washington et l'un des 12 scientifiques auteurs du rapport, répond aux questions de Techniques de l'Ingénieur.

A quelques semaines de la conférence de Copenhague sur le climat, la Royal Society de Londres a publié début septembre un rapport intitulé « Géo-ingénierie du climat : science, gouvernance et incertitude ». Il estime que les risques d’une manipulation délibérée du climat restent encore à évaluer. Ken Caldeira, directeur du Caldeira Lab à la Carnegie Institution de Washington et l’un des 12 scientifiques auteurs du rapport, répond aux questions de Techniques de l’Ingénieur.

Techniques de l’Ingénieur : Le rapport classe les méthodes de géo-ingénierie en deux catégories. Pour autant, peut-on mettre la capture du CO2 ( de l’anglais Carbon Dioxide Removal methods ) sur le même plan que la gestion du rayonnement solaire (de l’anglais, Solar Radiation Management methods) ?
Ken Caldeira : Non. Il s’agit de deux types d’interventions très différents. A l’origine, j’étais même contre le fait que les méthodes de capture du CO2 apparaissent dans le rapport car pour moi ce n’est pas de la géo-ingénierie.Les méthodes de capture du CO2 n’ajoutent pas de nouveau risque climatique (mais elles peuvent créer de nouveaux types de risques environnementaux). Fondamentalement, il s’agit de renverser le processus des émissions. En général, ces méthodes sont très lentes à agir mais elles ont le mérite de traiter le problème à la racine.Les méthodes pour occulter une partie du rayonnement solaire créent un nouveau risque climatique, mais elles ont le potentiel de réduire le risque climatique global. Certaines peuvent agir vite et peuvent donc être utiles en cas d’urgence ou de crise climatique. Je crois que cette « réponse à une urgence climatique » est la raison primordiale pour laquelle nous devons poursuivre nos recherches dans cette direction.

Si on prend en compte le risque d’effets secondaires, la géo-ingénierie est-elle « un mal nécessaire » ?
Les options étudiées dans ce rapport sont si diverses qu’il est impossible de généraliser. J’espère que nous sommes assez intelligents ou chanceux pour éviter une catastrophe climatique qui nous oblige à injecter des sulfates dans la stratosphère ou à recourir à d’autres mesures désespérées similaires. Pour moi, la géo-ingénierie est une boîte à outils, certains très efficaces. Or, une scie à chaîne peut être utilisée pour le bien ou le mal. L’objectif de ces propositions est de réduire les risques globaux. Si nous sommes confiants dans la capacité d’une option à les réduire, il y a du sens à la développer. Dans le cas contraire, ce serait une erreur.

Sans possibilité de test grandeur nature, sur quoi avez-vous basé votre évaluation ?
Notre évaluation se base sur des études théoriques, des simulations par ordinateur et des calculs d’ordre de grandeur.

La géo-ingénierie ne risque-t-elle pas de servir d’excuse pour ne pas réduire les émissions de CO2 ?
Il est admis que les émissions de gaz à effet de serre augmentent la probabilité d’une crise climatique. En être convaincu doit nous encourager à tout faire pour réduire ces émissions. Et en même temps, il nous faut développer des plans de secours en cas de crise.

D’après vous, quelle devrait être en conséquence la place de la géo-ingénierie lors de la conférence de Copenhague sur le climat en décembre ?
Je ne vois aucune raison pour laquelle les méthodes de gestion du rayonnement solaire devraient être discutées en décembre. Certaines méthodes de capture du CO2 (comme de planter des arbres) seront étudiées à Copenhague. « L’objectif ultime » de La Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) est « de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». La capture du CO2 concerne la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre mais ce n’est pas le cas de la gestion du rayonnement solaire. Propos recueillis par Clémentine FulliasTélécharger le rapport (en anglais) Ken Caldeira dirige le Caldeira Lab dans le Department of Global Ecology de la Carnegie Institution à Washington. Ses recherches portent, entre autres, sur l’acidification de l’océan, les émissions de gaz à effet de serre et la manipulation du climat (‘géo-ingénierie’).

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