Présentation

Article

1 - MISE EN ŒUVRE DU PROJET ET ACTIONS MENÉES

2 - INTERPRÉTATION DE LA QUALITÉ DES SOLS ET DES VÉGÉTAUX

  • 2.1 - Valeurs de référence disponibles pour les sols
  • 2.2 - Valeurs de référence pour les végétaux
  • 2.3 - Interprétation de l’état des milieux

3 - PRATIQUES DE PRÉPARATION DES VÉGÉTAUX MISES EN ÉVIDENCE PAR LE PROJET POTEX

4 - CONCLUSIONS

  • 4.1 - Sélection de végétaux
  • 4.2 - Préconisations pour l’interprétation de la qualité des sols et des végétaux
  • 4.3 - Préconisations concernant les terres végétales d’apport
  • 4.4 - Préparation des végétaux avant analyses des polluants
  • 4.5 - Évaluation des risques sanitaires

5 - PERSPECTIVES

Article de référence | Réf : GE1017 v1

Interprétation de la qualité des sols et des végétaux
Méthodologie d’évaluation des risques sanitaires pour les jardins urbains

Auteur(s) : Rabia BADREDDINE, Camille DUMAT, Philippe BRANCHU, Ronald CHARVET

Date de publication : 10 janv. 2019

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RÉSUMÉ

Afin de répondre durablement à la demande croissante des citoyens pour des jardins potagers urbains, la ville de Paris a réalisé un projet de potagers expérimentaux - POTEX - avec l’objectif de réduire l’exposition des usagers aux polluants. Plusieurs solutions d’aménagement, de contextes environnementaux et de voies d’exposition (ingestion des végétaux autoproduits et de sol) ont été testés. La méthodologie pluridisciplinaire développée pour gérer les pollutions est exposée : étude historique, enquête des pratiques de jardinage, échantillonnage, prélèvement, prétraitement des végétaux, caractérisation des sols et végétaux, mesures de bioaccessibilité et évaluation des risques sanitaires.

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ABSTRACT

Methodology of health risk assessment for urban gardens

In order to sustainably meet the growing demand for urban vegetable gardens, the City of Paris has implemented a project of experimental gardens (POTEX) with the objective of reducing the exposure of users to pollutants. Several management solutions, environmental contexts and exposure routes (ingestion of self-produced vegetables and soil) were tested. The multidisciplinary methodology developed in order to manage the pollutions is presented: historical study, survey of gardening practices, sampling, pretreatment of plants, characterization of soils and plants, bioaccessibility measures and health risk assessment.

Auteur(s)

  • Rabia BADREDDINE : Ingénieur Études et Recherches - INERIS (Institut National de l’Environnement industriel et des RISques), Paris, France

  • Camille DUMAT : PR de Toulouse INP, laboratoire CERTOP Axe Transition Écologique, - Présidente du Réseau-Agriville, Toulouse, France

  • Philippe BRANCHU : Ingénieur - Cerema (Centre d’Études et d’expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement), Trappes, France

  • Ronald CHARVET : Ingénieur - Agence d'Écologie Urbaine, Direction Espaces Verts et de l'Environnement, Mairie de Paris, France

INTRODUCTION

Plusieurs villes de France favorisent le développement durable des activités de jardinage en réponse à la demande sociale croissante pour des jardins potagers urbains (collectifs ou familiaux), et en raison des services écosystémiques rendus par ces activités : participation à une transition alimentaire vers un système plus durable (productions locales, pratiques agro-écologiques, lien social, paysages) et à l’économie circulaire . On compte en 2018 à Paris une centaine de sites de jardins et à Toulouse le nombre de sites a été multiplié par trois entre 2006 et 2016. Mais, les espaces urbains disponibles sont rares  et fréquemment pollués   surtout lorsqu’ils sont anciens et densément peuplés. Or, certains polluants sont persistants dans l’environnement : éléments métalliques (métaux et métalloïdes), composés organiques dont les hydrocarbures totaux (HCT), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les polychlorobiphényles (PCB). Il est donc crucial pour les gestionnaires des villes qui mettent à disposition des citoyens des sites de jardins potagers urbains de disposer d’une méthodologie pour évaluer et gérer les potentiels risques environnementaux et sanitaires pour les usagers de ces sites.

De plus, les citoyens sont généralement très attachés aux sites de jardins collectifs ou familiaux (péri)urbains dans lesquels ils se rencontrent et jardinent depuis des années ; c’est pourquoi lorsqu’une pollution est découverte les usagers souhaitent continuer leurs activités de jardinage et demandent au maire de trouver des solutions.

À titre d’exemple, les études réalisées par la direction régionale et interdépartementale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Ile-de-France (DRIAAF) en 2008 concernant les jardins urbains de la ville de Montreuil ont montré une contamination des sols et des végétaux par les métaux (plomb, cadmium, cuivre, mercure et zinc) avec des dépassements des seuils réglementaires européens en plomb pour les végétaux prélevés. Cette contamination est due à l'amendement réalisé depuis la fin du XIXe siècle et aux activités industrielles environnantes. Les mesures de gestions mises en place en tenant compte des aspects écologique et économique sont : l’excavation des sols les plus pollués, le remplacement de certains sols contaminés par la terre végétale et la phytoremédiation. L’arrêté municipal de 2012 donne des préconisations sur la typologie de végétaux à cultiver.

Les pollutions observées dans les jardins urbains sont principalement liées à :

  • l’occupation du sol antérieure au jardin (installation sur d’anciennes zones industrielles, zone d’épandage de déchets urbains…) ;

  • la proximité de sites industriels en activité ou fermés (type ICPE en France). Douay et al.  ont constaté dans certains jardins potagers de la région Nord-Pas-de-Calais, proches de l’usine Metaleurop, une contamination importante en Pb et en Cd des sols et végétaux (radis, laitue, haricot, pomme de terre et tomate) ;

  • la proximité d’une route : Säumel et al.  ont mis en évidence l’influence de l’activité routière et de la configuration urbaine sur la concentration en métaux de plantes horticoles à Berlin. Gelman  s’est intéressé à la concentration en différents polluants (hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), métaux) de légumes cultivés hors sol sur les toits d’Helsinki. Selon Branchu et al. , les sols des jardins associatifs urbains anciens situés à une distance de moins de 30 m de voies à trafic soutenu sont ainsi susceptibles d’être contaminés par le plomb et le zinc. C’est pourquoi, cette distance à la route minimum de 30 m est parfois utilisée par des collectivités comme valeur seuil pour concevoir l’implantation de nouveaux jardins  ;

  • les retombées atmosphériques dans les jardins (sur les sols et végétaux) de polluants présents dans des particules fines atmosphériques issues en particulier des cheminées de bâtiment industriel parfois présentes à de grandes distances des sites d’agriculture urbaine  ;

  • l’utilisation de fertilisants  et pesticides en excès, de boues ou de composts contaminés .

La connaissance de la qualité du sol et de l’air dans les zones (péri)urbaines où des activités de jardinage et plus largement de productions agricoles (par des amateurs ou des professionnels) sont pratiquées est ainsi devenue indispensable pour une gestion raisonnée des risques sanitaires. C’est pourquoi, depuis 2000, différentes collectivités françaises ont entrepris des études sur leur territoire pour évaluer et réduire les risques associés au jardinage dans différentes situations de contamination (Toulouse, Aubervilliers, Montreuil, Nantes, Montigny-les-Metz, Rennes, etc.). Plusieurs projets de recherche « sciences et société » visant le développement d’outils méthodologiques, la compréhension des enjeux sociétaux ou des mécanismes bio-physico-chimiques impliqués dans les écosystèmes jardins font écho à ces études opérationnelles :

  • Ittecop 2013-2016 (MEDDE, Ademe), La nature au bord de la route-2. Des collectifs de jardins pour une conception « soutenable » des infrastructures de transports terrestres ;

  • Jassur, Jardins Associatifs Urbains : fonctions, pratiques et risques (ANR Villes Durables 2013-2016) ;

  • Guide d’échantillonnage des plantes potagères dans le cadre des diagnostics environnementaux (Ademe, INERIS, CERTOP, etc. 2014) : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Guide-d-echantillonnage-des.html ;

  • BAPPET, BAse de données sur les teneurs en Éléments Traces métalliques de Plantes Potagères (Ademe, INERIS, CERTOP, etc. 2011 mis à jour en 2014) : http://ssp-infoterre.brgm.fr/bappet-teneurs-en-etm-des-plantes-potageres ;

  • BaPPOP, BAse de données sur la contamination des Plantes Potagères par les molécules Organiques Polluantes (ADEME, INERIS, INPL, CERTOP, ISA, 2015).

Afin de prévenir ce type de situation et dans une démarche d’amélioration continue, la ville de Paris a piloté entre 2014 et 2016 le projet « POTEX » : réalisation et étude de potagers urbains expérimentaux pour tester, sur trois années, des solutions d’aménagement réalistes visant la réduction de l’exposition humaine aux polluants. Un comité pluridisciplinaire d’experts scientifiques a accompagné la métropole pour construire une méthodologie robuste tenant compte des transferts sol-plante-atmosphère des polluants. Les concentrations totales en polluants dans les matrices (sols, terres végétales, air et végétaux) et les fractions bioaccessibles ont été mesurées. Pour évaluer l’adéquation entre les caractéristiques des sites de jardins potagers et leur usage, sous le prisme de l’exposition des populations fréquentant les jardins et les consommateurs des végétaux autoproduits, une interprétation de l’état des milieux (IEM) a été réalisée et une évaluation quantitative des risques sanitaires liés au jardinage urbain dans divers contextes a été effectuée. Cet article présente et discute le cadrage méthodologique d’évaluation des risques sanitaires pour les jardins urbains développé dans le cadre du projet POTEX. Cette méthodologie pluridisciplinaire englobe des aspects très différents et complémentaires de manière à prévenir le risque lié à la consommation des végétaux autoproduits. Elle comprend : la description et les aménagements possibles des sites étudiés ; le choix des composés et des végétaux cultivés ainsi que les critères de leur sélection ; l'échantillonnage et la caractérisation des sols et des végétaux et la bioaccessibilité des composés dans ces matrices ; l'interprétation de la qualité des sols et des végétaux en considérant les valeurs de référence pour ces matrices ; la démarche de l'IEM (choix des substances, des concentrations, des valeurs toxicologiques de référence et des paramètres d'exposition et d'interprétation des résultats) ; des préconisations concernant les pratiques de préparation des végétaux mises en évidence dans le cadre de ce projet POTEX.

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KEYWORDS

pollution   |   Urban vegetable gardens   |   State of the environment interpretation   |   Quantitative Health Risk Assessment.

DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-ge1017


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2. Interprétation de la qualité des sols et des végétaux

2.1 Valeurs de référence disponibles pour les sols

La gestion des sols pollués d’un site dépend essentiellement de l’usage actuel ou futur officiellement proposé par le responsable légal du site. Pour caractériser une pollution, les analyses réalisées sont interprétées par rapport aux différents référentiels (réglementaires, administratifs et techniques). En France, il n’existe pas de valeurs de gestion réglementaires pour les sols pollués. On peut toutefois caractériser le degré de contamination des sols en les comparant aux données issues de différents réseaux de mesures, le plus souvent associés aux terres agricoles. Pour mettre en perspective l’état des sols urbains, sont actuellement accessibles des bases de données locales ou régionales (étude ASPITET de l’INRA, BDETM (Base de Données Éléments Traces Métalliques), RMQS (Réseau de Mesures de la Qualité des Sols)). Pour les différents composés organiques et inorganiques, les valeurs suivantes peuvent être retenues :

  • Pour les métaux et métalloïdes, les gammes de valeurs couramment observées dans les sols « ordinaires » issues de l’étude ASPITET de l’INRA  peuvent être utilisées en tant que valeur d’analyse de la situation selon les prescriptions de la méthodologie 2017 .

    En Île-de-France, les seuils de la Cire (Mathieu et al....

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - CHENOT (E.), DUMAT (C.), DOUAY (F.), SCHWARTZ (C.) -   Jardins potagers : terres inconnues ? EDP Sciences.  -  ISBN : 978-2-7598-0723-9. 176 pages (2013).

  • (2) - DUMAT (C.), XIONG (T.), SHAHID (M.) -   Agriculture urbaine durable : opportunité pour la transition écologique.  -  Presses Universitaires Européennes, Saabrûcken, DE. ISBN 978-3-639-69662-2 (2016).

  • (3) - DÜRR (E.), JAFFE (R.) -   Urban Pollution. Cultural Meanings. Social Practices. Front Cover. Eveline Dürr, Rivke Jaffe. Berghahn Books.  -  Social Science – 216 pages (2010).

  • (4) - MITCHELL (R.G.), SPLIETHOFF (H.M.), RIBAUDO (L.N.), LOPP (D.M.), SHAYLER (H.A.), MARQUEZ-BRAVO (L.G.), LAMBERT (V.T.), STONE (E.B.), McBRIDE (M.B.) -   Lead and other metals in New York City community garden soils : factors influencing contaminant distributions.  -  Environ Pollut., 187 : 162-9 (2014).

  • (5) - DUMAT (C.), WU (J.), PIERART (A.), SOCHACKI (L.) -   Étude interdisciplinaire et participative pour la gestion durable d’une pollution en...

1 Sites Internet

Réseau-Agriville, plateforme internationale collaborative de ressources accessibles sur l’agriculture urbaine ( https://reseau-agriville.com/).

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2 Réglementation

France :

Notice d'information DGS/EA1/DGPR/2014/307 – Modalités de sélection des substances chimiques et de choix des valeurs toxicologiques de référence pour mener les évaluations des risques sanitaires dans le cadre des études d’impact et de la gestion des sites et sols pollués du 31 octobre 2014.

Suisse :

Ordonnance sur les atteintes portées aux sols (Osol). Conseil fédéral suisse (1er juillet 1998).

Europe :

Règlement (CE) n° 1881/2006 de la Commission du 19 décembre 2006 portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires.

Recommandation de la Commission du 3 décembre 2013 sur la réduction de la présence de dioxines, de furannes et de PCB dans les aliments pour animaux et les denrées alimentaires (Journal officiel de l'Union européenne du 4 décembre 2013).

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