Le marché des transports est très concurrentiel. La concurrence intermodale a largement profité au mode routier depuis 30 ans. Jusque là contenue par des accords de coopération entre compagnies ferroviaires nationales, et par les réelles difficultés d’accès au métier, la concurrence entre entreprises ferroviaires, annoncée depuis 1991, s’inscrit désormais dans le paysage européen. Peu significative en France, elle est en revanche, une réalité dans d’autres grands pays européens.
Les autorités politiques appellent à un renouveau du mode ferroviaire pour faire face au défi de la croissance des échanges en Europe et dans le monde. Elles relayent en cela la pression de l’opinion publique et des acteurs institutionnels qui redoutent les effets externes d’une croissance des échanges qui ne serait assurée que par le mode routier. Le renchérissement durable du coût de l’énergie rend plus que jamais impérative une alternative au « tout route ». Les chargeurs eux-mêmes, industriels ou apporteurs de fret, souhaitent de plus en plus bénéficier des atouts intrinsèques du mode ferroviaire.
Les questions de l’harmonisation des conditions de concurrence, de la sous tarification du transport, ou de la prise en compte des effets externes, sont posées depuis des années. Les compagnies ferroviaires ne peuvent évidemment attendre que le débat entamé soit favorablement conclu pour prendre les mesures qui sont de leur ressort. Tous les chemins de fer historiques mettent dès lors en œuvre des politiques de restructuration inédites par leur ampleur, sur la base de modèles industriels nouveaux en vue de retrouver une compétitivité forte et une qualité de service irréprochable. À bien des égards, tant par ses faiblesses constatées que par sa profonde mutation industrielle, la SNCF est exemplaire dans la recherche d’un modèle d’avenir viable pour le mode ferroviaire à l’échelle de l’Europe.