Le système de diffusion terrestre de la télévision couleur en France est conforme à la norme L-SECAM. Ce système utilise deux porteuses modulées ; l’une image et l’autre son, qui sont transmises dans le même multiplex et modulées respectivement en MABLR (modulation d’amplitude à bande latérale réduite) et AM (modulation d’amplitude). En tenant compte des précautions nécessaires dans la diffusion et la démodulation du son, le signal résultant est un son monophonique de très bonne qualité. Afin d’enrichir le système en permettant de transmettre un son stéréophonique (ou un double son) de haute qualité, il s’avère nécessaire d’adjoindre une porteuse son supplémentaire dans le canal de télévision. Dans son projet de recommandation annexé au rapport 795, le CCIR (Comité Consultatif International de Radiocommunications) recommande l’utilisation du système numérique NICAM 728 (ou du système allemand à double porteuse FM, de moins bonne qualité) pour la plupart des systèmes de télévision en usage en Europe ; c’est pourquoi, en France, les études se sont portées vers le système NICAM 728.
Selon l’UER (Union Européenne de Radiodiffusion), la paternité du système NICAM (Near Instantaneous Compression of the Audio Modulation)(compression presque instantanée de la modulation sonore) revient au département Recherche et Développement de la BBC. Cette découverte a été ensuite normalisée : norme européenne ETSI (document : ETS 300 163) pour les systèmes B, G, H et I.
Le son numérique du NICAM a un débit de 732 kbit/s (d’où son nom de NICAM 728) avec un échantillonnage à 32 kHz et une quantification sur 14 bits compressées à 10 bits. On arrive à un débit de 704 bits auxquels s’ajoutent les quelques bits supplémentaires nécessaires à la transmission des informations de commande et autres données. En norme L-SECAM, la largeur des bandes latérales (principale et résiduelle ou « talon ») et les rapports de protection sur les canaux adjacents excluent l’insertion de cette porteuse supplémentaire au-dessus de la porteuse son comme cela est réalisé dans les autres standards B, G, H et I d’interporteuse 5,5 et 6 MHz au lieu de 6,5 MHz en L. Il convient donc de placer la porteuse numérique en dessous de la porteuse son en tenant compte de la gêne qu’elle peut occasionner sur l’image et sur le son analogique, ainsi que sur les signaux hors bande dans les autres canaux et en cocanal.
Les caractéristiques des signaux rayonnés en télévision sont énoncées dans le rapport 624-4 du CCIR (1990) volume XI ; les caractéristiques précisées pour la norme L sont à adapter pour un nouveau service correspondant au standard L-SECAM/NICAM, notamment la largeur nominale de la bande vidéo définie à 6 MHz doit être réduite afin de ne pas gêner la bande occupée par le NICAM soit : 5,85 MHz ± 255 kHz. La résiduelle de modulation RF image ne doit plus être nulle afin de permettre aux récepteurs de démoduler correctement le NICAM, et le niveau de la porteuse NICAM doit être défini.
Afin d’analyser la gêne apportée par la porteuse NICAM et définir les paramètres applicables à l’adjonction de cette nouvelle porteuse, TDF (Télédiffusion de France) a organisé des émissions expérimentales à l’aide d’émetteurs adaptés par Thomcast, ce qui a permis de confirmer sur le terrain, avec les constructeurs, la faisabilité du système défini en laboratoire. Un groupe de travail a ensuite été formé au SIMAVELEC (Syndicat des industries de matériels audiovisuels électroniques), selon une proposition du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) ; ce groupe comprenant des représentants des différentes parties concernées : l’opérateur du réseau terrestre TDF, les sociétés de programmes, les câblo-opérateurs, les industriels, a travaillé sur la constitution d’un dossier technique qui a permis d’introduire la norme L-SECAM/NICAM officiellement. L’article sur le service NICAM en L-SECAM, développe les points techniques et les choix qui ont été faits pour arriver aux meilleurs compromis.
L’introduction du NICAM en L-SECAM est conditionnée par sa faisabilité, en terme de compatibilité avec les systèmes analogiques existants, premièrement : en considérant le NICAM comme signal brouilleur et ici on vérifie qu’il ne perturbe pas la réception des systèmes existants ; deuxièmement : le NICAM comme signal utile et là, on vérifie que la protection de l’image et du son analogique au brouillage provenant des systèmes analogiques existants garantit la protection du NICAM avec une marge.
D’autre part, cette faisabilité est tributaire de la compatibilité des récepteurs du parc, on vérifie donc qu’il n’y a pas de dégradations ni du son ni de l’image sur les récepteurs non équipés NICAM et que les récepteurs équipés NICAM restituent la qualité du son numérique, avec une bonne marge de réception. La faisabilité a été vérifiée sur l’adaptabilité des émetteurs à diffuser la porteuse supplémentaire numérique, sans dégradation de l’ensemble des caractéristiques d’émission.
La compatibilité des réémetteurs a été démontrée, mais des précautions au niveau filtrage, dans la bande, autour de la fréquence NICAM, sont à prendre, surtout en ce qui concerne le diplexeur image/son.
L’introduction du NICAM est enfin conditionnée par sa compatibilité avec les systèmes futurs de télévision numériques [COFDM (Coded Orthogonal Frequency Division Multiplexing), 32 QAM, 64 QAM (modulations d’amplitude en quadrature)] ; celle-ci a donc été évaluée ; en temps que brouilleur, l’introduction du NICAM n’affecte pas la télévision numérique, étant donné le faible niveau de la porteuse NICAM. En ce qui concerne le brouillage de la norme L-SECAM/NICAM par la télévision numérique, la théorie et les mesures montrent que la protection de l’image et du son analogique garantit , avec une marge, la protection du NICAM. Ceci est vrai à la fois dans le cas du brouillage cocanal et dans le cas du brouillage par le canal adjacent supérieur.
La réalisation d’un émetteur conforme à cette norme consiste à rajouter une porteuse NICAM, bien définie, dans le multiplex image et son d’un émetteur de la norme L-SECAM. L’addition de cette porteuse peut être réalisée à la fréquence d’émission par couplage RF, soit en sortie de l’émetteur L-SECAM, soit par couplage à la voie son avant diplexeur, ou encore, de préférence par couplage en FI (fréquence intermédiaire) à l’image.
L’addition en FI avec le son ne sera pas réalisée à cause de la CR d’ensemble (contre-réaction sur la voie son) et le couplage avec l’image et le son en FI, serait réservé à des émetteurs de très petite puissance, étant donné la rapide apparition des défauts de non-linéarité de l’amplification commune en norme L (image en modulation positive et son en AM). Dans tous cas de configuration, dès qu’une amplification de puissance est réalisée, il faut prévoir une correction de linéarité en FI (ou amplificateur complémentaire), ceci afin d’aboutir à des équipements performants et industriellement compétitifs.
