Fortran est le plus ancien (1954) langage de programmation évolué en activité. Il est très utilisé pour les applications requérant des calculs numériques intensifs, domaine où on ne lui connaît pas de concurrent sérieux.
Si la norme Fortran 77 a permis des progrès sensibles dans l’art de (bien) programmer avec Fortran, son absence de réformes profondes le laissait techniquement désarmé pour affronter la dernière décennie du siècle. Conscient de ce danger d’obsolescence, le groupe d’experts chargé de cette nouvelle révision lui a intégré quelques-uns des concepts actuels les plus puissants, comme la modularité (déjà présente en Ada et Pascal Étendu par exemple) et le calcul vectoriel.
Parmi les autres innovations majeures, on peut citer le paramétrage des types numériques, les types cartésiens, les pointeurs, la récursivité, et, le plus visible, une syntaxe libérée du zonage rigide vestige des cartes perforées. En outre, grâce au concept de bloc interface couplé aux modules, elle fiabilise l’exploitation du considérable investissement logiciel représenté par les importantes bibliothèques de sous-programmes disponibles.
Fortran 90 reste entièrement compatible avec la version antérieure (Fortran 77) du langage, ce qui permet d’exploiter l’existant, mais induit la possibilité de deux styles d’écriture des programmes. Toutefois, la nouvelle norme s’insère dans un processus d’évolution à long terme du langage, en dégageant un certain nombre de caractéristiques reconnues comme surannées, et susceptibles de disparaître lors de la prochaine révision de la norme ; le langage n’est donc pas voué à croître indéfiniment.
Ainsi dynamisé par ces apports novateurs, Fortran 90 demeure plus que jamais irremplaçable pour l’ensemble de la programmation numérique, scientifique et technique. Dès lors, on doit également souhaiter qu’il reprenne toute sa place dans la formation initiale de nos futurs ingénieurs et techniciens.