Décryptage

Analyse d’éco-efficience d’un polyamide bio-sourcé : un résultat surprenant

Posté le 18 novembre 2010
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

L'intérêt d’un polymère ne réside pas dans le fait qu’il soit fabriqué à partir de matières premières renouvelables, mais qu'il possède un excellent profil de performances, a affirmé le Dr. Matthias Scheibitz, Développement Produit Automobile Engineering Plastics Europe BASF SE à l’occasion du lancement de nouveaux grades produits à partir d’huile de ricin. Explications.

De nouveaux grades ont fait leur apparition dans la gamme de polyamide 610 de BASF. Trois nouveaux polyamides PA 610 renforcés avec des fibres de verre et un mélange de PA 610 et de PA 66 viennent aujourd’hui s’ajouter à l’Ultramid S3K Balance. Cette famille de polyamides est produite à partir d’une ressource renouvelable dont la teneur peut atteindre 63 % dans le produit. Elle offre, entre autres, des propriétés de résistance à l’hydrolyse (eau chaude et vapeur) et à la fissuration sous contrainte ainsi qu’aux produits chimiques comme les chlorures de calcium et de zinc.

L’acide sébacique, un dérivé d’huile de ricin, est l’une des matières premières qui entrent dans la composition d’Ultramid Balance. Ainsi plus de 60 % des polymères de base utilisés pour les produits de cette gamme proviennent de ressources renouvelables. Pour les clients qui accordent une grande importance aux produits bio-sourcés, cette résine est intéressante à bien des titres et pas seulement pour ses caractéristiques techniques. Toutefois, en règle générale, BASF recommande de procéder à une analyse d’éco-efficience avant d’utiliser des matériaux bio-sourcés pour remplacer les produits traditionnels. En effet, il ne suffit pas simplement de faire appel à des produits d’origine végétale c’est-à-dire non fossile donc bio-sourcé pour garantir un profil éco-efficient dans le produit fini.

Peu après le lancement de la toute première qualité d’Ultramid Balance, BASF a réalisé une analyse d’éco-efficience pour une application automobile type. Cette étude a consisté à comparer deux collecteurs d’admission automobiles ayant déjà parcouru 200.000 km. Comme la règle le veut, l’analyse d’éco-efficacité a porté sur tous les critères écologiques et économiques touchant à la production, l’application et l’élimination du produit. Un bilan complet de l’impact sur l’environnement et des coûts engendrés par des alternatives potentielles a ainsi été obtenu. L’Ultramid Balance renforcé avec des  fibres de verre a un impact environnemental légèrement plus favorable, mais engendre des coûts beaucoup plus élevés que le PA 6 classique. Pour un collecteur d’admission, la résine PA 6 standard représente par conséquent la solution la plus éco-efficace.

Un avantage écologique assez modeste

Ultramid Balance est un bon exemple de la façon dont le débat sur la performance, les coûts et la durabilité d’un plastique moderne peut être mené. Dans le cas du PA 610, l’acide sébacique utilisé pour la production est dérivé d’une ressource renouvelable. Cette provenance de la matière première procure un petit avantage écologique. Toutefois, contrairement à ce qu’on pourrait attendre, cet avantage ne repose pas sur l’origine végétale du carbone, mais, plutôt sur le poids de l’Ultramid Balance qui est beaucoup plus faible. Les installations nécessaires pour produire ce plastique de volume relativement faible engendrent des surcoûts assez élevés qui, d’un point de vue économique, contrebalancent l’avantage écologique somme toute assez modeste. Un autre facteur à prendre en compte dans le bilan est la volatilité du prix de l’acide sébacique. En effet, les ressources renouvelables font régulièrement l’objet de fluctuations de prix. Les récoltes sont parfois mauvaises et la demande excédentaire fait alors varier les cours du marché. Par conséquent, l’intérêt de cette matière plastique aujourd’hui ne réside pas dans le fait qu’elle soit fabriquée à partir de matière première renouvelable, mais qu’elle possède un excellent profil de performances. Ce profil la positionne largement au-dessus du PA 6 et du PA 66, à un niveau comparable à celui du PA 612 et du PA 12 lorsqu’on considère certaines propriétés-clés.

En dépit des discussions très controversées sur les coûts, les facteurs environnementaux ainsi que les exigences de performance, les développements de produits vont se multiplier. La gamme des matières plastiques continuera ainsi à se diversifier. Et avant de faire son choix dans ce large assortiment, le client devra bien réfléchir à quels produits accorder sa préférence.

Extraits  de la présentation du Dr. Matthias Scheibitz, Développement Produit Automobile Engineering Plastics Europe BASF SE, Ludwigshafen (Allemagne)