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Avec son robot, Robocath déporte l’acte chirurgical

Posté le 14 février 2020
par Séverine Fontaine
dans Innovations sectorielles

L'entreprise Robocath a mis au point le robot d’assistance chirurgicale R-One. En septembre dernier, il a réalisé ses deux premières angioplasties coronaires

La société française Robocath a mis au point une solution d’assistance robotique dédiée au traitement des maladies cardiovasculaires, qui vise à augmenter le geste réalisé par le professionnel. Baptisé R-One, l’assistant robotique permet de sécuriser et d’optimiser l’angioplastie coronarienne.

Fondée en 2009 par le docteur Philippe Bencteux, la société basée à Rouen a réalisé en septembre dernier ses deux premières interventions. Toutes deux ont été effectuées au CHU de Rouen et à la clinique Pasteur de Toulouse.

Une intervention précise

L’angioplastie coronarienne est une procédure médicale qui consiste à revasculariser le muscle cardiaque grâce à l’implantation d’un ou plusieurs stents dans les artères qui l’irriguent. Pour ce faire, une sonde est introduite par ponction au niveau du poignet ou de l’aine avant de remonter les artères et atteindre la lésion pour la pose du stent.

Peu invasive, cette intervention présente des bénéfices pour le patient, comme la diminution de la douleur, la réduction du temps d’hospitalisation ou encore la baisse des séquelles pariétales (cicatrices) par rapport aux interventions plus invasives. Cependant, elle induit des risques pour le personnel soignant : pour visualiser les lésions, l’utilisation d’un scanner de radiologie – qui émet des rayons X responsables de troubles et pathologies – est nécessaire. L’exposition à ces rayons requiert un équipement particulier, composé notamment d’un tablier plombé qui peut à terme causer des troubles musculosquelettiques aux cardiologues.

Grâce au robot R-One, les médecins peuvent manipuler à distance leurs instruments depuis une station de contrôle située à proximité de la table d’intervention. L’assistance robotique réduit le stress et la fatigue des opérateurs grâce à une position assise plus ergonomique, tout en les protégeant des radiations. La station de contrôle comprend un écran mobile de protection des rayons X et une unité de commande composée de joysticks et de moniteurs haute-définition. Le fil guide et le cathéter sont tous les deux introduits dans le robot et pénètrent dans le système vasculaire grâce à la télémanipulation. Les joysticks permettent de contrôler et de sécuriser la progression des instruments dans le système vasculaire jusqu’à la lésion à traiter.

 

Le robot R-One est dirigé grâce à deux joysticks / Robocath

Le robot s’appuie sur deux technologies : R-Grasp et R-Lock. La première, anthropomorphique, permet de reproduire les mouvements de la main (rotation et translation indépendante ou simultanée). Le joystick de droite permet à lui seul de faire naviguer le guide. Celui de gauche entraîne le cathéter stent/ballon qui a été préalablement positionné sur le guide. Ainsi, elle permet une précision accrue grâce à une avance millimétrique. La deuxième permet le verrouillage du guide dans l’unité robotique afin d’assurer sa parfaite stabilité pendant l’intervention et ne pas perdre l’accès à la lésion. Cette technologie prévient donc les contraintes de la méthode manuelle et élime les tremblements de main par exemple.

Des opérations à distance

A terme, Robocath ambitionne de développer de nouvelles solutions pour la prise en charge des urgences vasculaires à distance (AVC). « Nous développerons les interventions à distance pour qu’un patient ait la possibilité d’être opéré le plus rapidement possible, précise Morgane Le Mellay, responsable marketing et communication chez Robocath. Nous imaginons un robot dans les petits centres, avec des spécialistes dans les plus grands centres qui effectueront l’opération à distance. Nos robots sont une partie de la réponse aux déserts médicaux. »

R-One est actuellement dans deux centres en Europe. Une zone géographique visée grâce à l’obtention du marquage CE en février 2019. « Nous avons débuté une étude clinique qui porte sur six centres européens : Luxembourg, Belgique, Pays-Bas et trois en France, ajoute la responsable. Nous sommes les seuls à développer ce type de robot en Europe pour cette intervention ». L’entreprise n’a qu’un seul concurrent américain. Une dizaine de robots seraient également en cours de construction pour équiper des centres européens.

Crédit Photo Une : Robocath


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