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Comment une référence pour les gamers est devenue un acteur majeur de l’informatique quantique

Posté le 5 janvier 2024
par Philippe RICHARD
dans Innovations sectorielles

La société de logiciels quantiques Classiq, basée en Israël, s’est associée à Nvidia pour ouvrir un centre de recherche à Tel Aviv. Objectif : aider les médecins à diagnostiquer des maladies et accélérer la découverte de nouveaux médicaments. Avec cet accord, Nvidia renforce l’intérêt de sa plate-forme de simulation quantique.

L’informatique quantique peut apporter des améliorations significatives dans de nombreux domaines et notamment celui de la santé. Elle pourrait faciliter la découverte de médicaments et l’analyse moléculaire. Elle pourrait aussi favoriser les stratégies de traitement médical sur mesure, ainsi que l’optimisation des chaînes d’approvisionnement pharmaceutique et la coordination des traitements.

Autant de défis à relever alors que les processeurs quantiques sont encore au stade exploratoire et prennent beaucoup de place. Un seul processeur peut occuper une grosse boîte de 3 mètres sur 2 mètres sur 2 mètres ! Autre bémol, la création d’ordinateurs quantiques à grande échelle ne sera possible que lorsque certains problèmes d’ingénierie d’envergure seront résolus.

D’où l’intérêt de s’appuyer sur des plates-formes de simulation quantique. Connue comme étant la référence en matière de cartes graphiques et appréciée des gamers, la marque californienne Nvidia s’implique de plus en plus dans le secteur de l’informatique quantique grâce à CUDA Quantum qui simule les capacités de traitement d’un ordinateur quantique composé de dizaines de qubits.

Sa plate-forme open source est capable d’intégrer et de programmer des unités de traitement quantique (QPU), des GPU et des CPU dans un seul système. Basée sur un supercalculateur composé de centaines de processeurs GTX A100, elle permet d’effectuer sur un ordinateur classique des milliards de calculs parallèles.

 Éliminer les métaux toxiques

C’est ce qui a motivé Classiq. Utilisée par plus de 400 universités, cette plate-forme de création de logiciels quantiques a annoncé le lancement du Centre de Calcul Quantique pour les sciences de la vie et la santé, en collaboration avec NVIDIA et le Centre Médical Sourasky de Tel Aviv.

« Le nouveau Centre de Calcul Quantique pour les Life Sciences et le Healthcare ambitionne de combler le fossé entre la théorie quantique et l’application pratique, avec des bénéfices concrets pour les sciences de la vie, la santé et d’autres secteurs », explique Nir Minerbi, PDG de Classiq, dans un communiqué de presse.

Classiq n’est pas le seul sur ce créneau. En 2022, la start-up suisse Terra Quantum a levé 60 millions de dollars pour mettre au point une plate-forme « quantum-as-a-service ». Elle développe des applications quantiques hybrides pour les sciences de la vie, l’énergie, la chimie et la finance qui fonctionneront avec CUDA Quantum.

Dans un autre domaine, Classiq s’est associé à NVIDIA et Rolls-Royce pour améliorer l’efficacité des moteurs à réaction grâce à l’informatique quantique. La conception de ces moteurs figure parmi les plus complexes, est coûteuse et exigeante en termes de calcul. Avec la plate-forme de Nvidia, Rolls-Royce devrait pouvoir accélérer les recherches et le développement futur de moteurs à réaction plus efficaces.

Ce n’est pas le seul accord important de Nvidia dans le domaine du quantique. Le Californien a signé un accord avec BASF. Le géant de l’industrie chimique utilise les GPU Nvidia H100 Tensor Core et la plate-forme de programmation CUDA Quantum pour simuler l’acide nitrilotriacétique (NTA), un composé capable d’éliminer les métaux toxiques des eaux usées d’une ville.


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