Décryptage

Croissance verte : réalité ou effet d’annonce ?

Posté le 30 mars 2011
par La rédaction
dans Environnement

23 % d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables d’ici 2020 : c’est l’objectif ambitieux que s’est fixé la France dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. La réalisation de cet objectif va requérir des efforts importants, qui devraient s’accompagner de réelles perspectives pour l’emploi. Entre temps, la crise économique et l’adoption du moratoire sur le photovoltaïque se sont invités au programme. Les 600 000 emplois verts annoncés par Jean-Louis Borloo à l’horizon 2020 sont-ils un objectif réalisable ou une utopie ?

Le volume de création d’emploi annoncé dans les énergies renouvelables est très variable selon les rapports. Quelques dizaines d’emplois selon l’étude Syndex commandée par la CFDT à plusieurs centaines de milliers selon le gouvernement. Difficile de faire le tri dans cette profusion de chiffres pas toujours cohérents.

Les chiffres clés :

 

Scénarios de déploiement des énergies renouvelables : éolien, solaire thermique et photovoltaïque

Scénario Tendanciel 2006 2007 2012 2020
Eolien MW installés 1567 2455 2200 2012,5
Solaire thermique M2 isntallés dans l’année 298000 320000 1438000 2250000
Solaire photovoltaïque MW installés 14,4 37,5 300 537,5
Scénario Crise 2006 2007 2012 2020
Eolien MW installés 1567 2455 1760 1610
Solaire thermique M2 installés dans l’année  298000 320000 1150400 1800000
Solaire photovoltaïque MW installés 14,4 37,5 240 430
Source Syndex

Hors installation, l’effet sur l’emploi dans l’industrie, quel que soit le scénario (tendanciel ou crise), compte tenu des hypothèses retenues du taux d’ouverture des marchés, est loin d’être négligeable, notamment pour le solaire thermique et photovoltaïque.

Sur la période 2012-2020, en moyenne annuelle, les emplois dans l’industrie s’élèveraient à 22 275 emplois à taux plein, soit 49 % des emplois liés aux investissements dans l’éolien et le solaire, hors exportation, en croissance de 25 % par rapport à la période 2007-2012. Par rapport à 2007, année de référence, les emplois dans l’industrie décollent véritablement sur la période 2007-2012, passant ainsi de 2 912 emplois à taux plein à 14 435 emplois à taux plein. Toutefois, cette estimation ne tient pas compte de l’effet de la crise sur les investissements dans le secteur des énergies renouvelables. Ainsi, si l’on tient compte d’une hypothèse de recul de 20 % des investissements, les emplois dans l’industrie seraient ramenés à 8 347 emplois à taux plein sur la période 2007-2012 et à 12 393 emplois à taux plein sur la période 20012-2020.

 

Source Syndex

Comme le montre l’histogramme ci-dessus, cette croissance des emplois dans l’industrie bénéficie surtout à l’industrie de fabrication des composants électroniques actifs et à l’industrie de fabrication des équipements domestiques non électriques. Sur la période 2012-2020, ces deux industries représentent 72 % des emplois des emplois directs liés aux investissements dans les équipements.

 

Impact emploi par types d’industrie (emploi direct)

  2006 2007 2012 2020
Industries des équipements mécaniques 541 643 1591 1456
Fabrication d’équipements domestiques non électriques 900 1234 5469 8557
Fabrication de composants électroniques actifs 298 759 5889 9983
Ingénierie 263 400 1732 2503
Total emplois dans l’industrie 2008 3036 14681 22500

Ces emplois directs recouvrent pour la plupart des métiers traditionnels de l’industrie (mécanique, chaudronnerie, électronique, électrique), pour lesquels l’offre de formation existe aujourd’hui. Toutefois, il n’en est pas de même pour les métiers liés à l’ingénierie, pour lesquels les besoins d’une offre de formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés dans les technologies des renouvelables apparaissent déterminants pour porter le développement de ce type d’énergie. Il en est de même pour les métiers liés à l’installation et à la maintenance de ses équipements, dont l’offre de formation apparaît sans commune mesure avec les besoins.

 

Croissance verte : des chiffres dans le rouge

Moteur hybride

La CFDT et la CGT ont demandé au cabinet Syndex d’explorer le revers de la médaille verte : la destruction d’emplois dans les filières traditionnelles, générée par le durcissement des obligations environnementales. Dans le secteur automobile, l’essor des moteurs hybrides causerait la perte en France de 4 000 à 8 000 spécialistes du moteur thermique à l’horizon 2020. La réglementation plus sévère dans la sidérurgie détruirait pour la filière fonte entre 3 000 et 6 000 emplois. « Résultat, le solde net de créations d’emplois pour 2020 serait plus proche des 60 000 que des 60 0000 annoncés en fanfare », déplore Jean-Pierre Bompard, délégué à l’environnement pour la CFDT.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Étude réalisée en juin 2010 pour le compte du Commissariat général au développement durable – ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer (MEEDDM)

 

C.H.

 

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