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IPv6 : la France est championne mondiale

Posté le 15 juillet 2025
par Aliye Karasu
dans Informatique et Numérique

La France a officiellement pris la tête du classement mondial concernant l’adoption de l’IPv6. Devenant un modèle de transition numérique, l'hexagone devra maintenir le cap et transformer cette avancée majeure en instrument de compétitivité et d'innovation.

Bonne nouvelle : la France vient d’obtenir un satisfecit ! Avec un taux d’adoption d’IPv6[1] de 73,3 %, elle a détrôné l’Inde en juin dernier comme l’annonce l’Arcep[2] dans un communiqué de presse publié le 4 juillet dernier.

Le classement s’établit grâce à une carte interactive mise en place par l’Arcep qui affiche les taux d’utilisation d’IPv6 pour les 100 pays comptant le plus d’internautes.

En l’espace de quelques années seulement, la France est parvenue à se hisser dans le peloton de tête des pays les plus avancés en matière d’utilisation d’IPv6 : huitième en février 2022, elle est montée sur le podium en décrochant la troisième place quelques mois plus tard, puis a franchi un palier supplémentaire en se plaçant à la deuxième position derrière l’Inde dès décembre 2024.

Une migration de l’IPv4 vers l’IPv6 devenue inévitable

L’adresse IP, qui permet d’identifier les appareils sur un réseau, fonctionnait avec une première version nommée IPv4. Déployée en 1983, elle offre un espace de près de 4,3 milliards d’adresses. Cependant, ce protocole est arrivé à saturation car ce volume s’est révélé insuffisant pour couvrir les besoins croissants liés au succès d’internet et à la multiplication des objets connectés. Le RIPE NCC[3] avait ainsi annoncé, le 25 novembre 2019, être « à court d’adresses Ipv4 ». Née dans les années 1990 et standardisée en 2017, la nouvelle version IPv6 répond à l’épuisement progressif des stocks d’adresses Ipv4 en offrant un espace infiniment plus large de 340 sextillions d’adresses.

Une transition stratégique

En garantissant à tout appareil une connexion au réseau internet, l’adoption d’IPv6 devient essentielle pour lever la barrière qui empêche l’entrée de nouveaux opérateurs, hébergeurs ou fournisseurs de service. En effet, sans la bascule vers l’IPv6, les utilisateurs sont contraints de se tourner vers le marché secondaire pour obtenir des adresses IPv4 délivrées à des prix élevés. Cette barrière freine ainsi l’arrivée de nouveaux acteurs de l’innovation.

Cette première place mondiale, fruit d’une politique volontariste, montre combien la France souhaite se démarquer sur la scène internationale pour être à la hauteur des enjeux de la révolution numérique. Grâce à une meilleure performance d’internet et une sécurité renforcée, l’IPv6 peut permettre à la France d’être en pointe dans des secteurs tels que la santé, l’industrie ou les villes intelligentes en favorisant l’essor des objets connectés.

Des disparités persistent à l’intérieur du pays

Toutefois, cette performance masque des disparités importantes. Selon le baromètre annuel de la transition vers ipv6, publié le 4 juillet dernier, l’adoption d’IPv6 se fait plus rapidement du côté des opérateurs que du côté des hébergeurs. La transition vers IPv6 concerne 87 % des clients du réseau fixe et 70 % des clients pour le mobile. En revanche, seuls 35 % des sites web français ont basculé vers IPv6. Pour les serveurs e-mail, le taux n’est que de 23 %. L’Arcep constate, cependant, une augmentation de 15 points dans les deux cas en l’espace de deux à trois ans.

L’objectif ultime est de parvenir à une adoption proche de 100 %. L’Arcep prévient : « La migration vers IPv6 du réseau internet doit concerner tous les maillons de la chaîne technique afin d’assurer un fonctionnement de bout en bout du protocole internet ». Les efforts devront s’accentuer sur les entreprises, notamment les PME et TPE, encore réticentes à effectuer cette transition.

L’IPv6 est, sans doute, une des briques de l’édifice que souhaite construire l’Arcep avec son programme « Ambition 2030 » pour doter le pays d’une infrastructure numérique de qualité.


[1] Internet Protocol version 6

[2] Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse 

[3] registre régional d’adresses IP, qui alloue les IPv4 pour l’Europe et le Moyen-Orient


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