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La Belgique prolonge le nucléaire pour faire face à l’électrification du pays

Posté le 20 février 2024
par Nicolas LOUIS
dans Énergie

Alors que le mix énergétique belge est dominé par les combustibles fossiles importés, l'électrification représente un aspect central des efforts de la Belgique en faveur de la transition énergétique. Pour y faire face, la sortie du nucléaire prévue pour 2025 a été repoussée de dix ans en attendant le déploiement massif des énergies solaire et éolienne.

Le mix énergétique belge est dominé par les combustibles fossiles importés. En 2022, selon les derniers chiffres de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), le pétrole représentait 36 % de l’approvisionnement total en énergie du pays, suivi du gaz naturel (25 %) et du charbon (5 %). La majeure partie de la demande en combustibles fossiles provient de l’industrie et des transports, mais les bâtiments représentent également une part notable en gaz ainsi qu’en pétrole. « En raison de la part élevée des combustibles fossiles dans son approvisionnement énergétique, la Belgique n’a vu que des réductions limitées des émissions de gaz à effet de serre ces dernières années », analyse l’AIE.

Le nucléaire représente plus de 22 % de l’approvisionnement du pays. En 2003, le gouvernement fédéral s’était engagé à éliminer progressivement la majeure partie de la production d’électricité nucléaire d’ici à 2025. Sauf que suite à la guerre en Ukraine et face aux objectifs de réduction de la dépendance aux combustibles fossiles, un accord a été conclu en fin d’année dernière pour prolonger de dix ans la capacité nucléaire de deux réacteurs.

La Belgique dispose d’un large éventail d’objectifs énergétiques et climatiques pour 2030. Pour cette échéance, le pays vise une baisse de 47 % des gaz à effet de serre (hors SEQE : système d’échange de quotas d’émission) par rapport à 2005. Le pays soutient la neutralité carbone de l’Union européenne d’ici à 2050 et a adopté sa propre stratégie à long terme pour l’énergie et le climat. Les principales mesures sont axées sur la réduction de la demande énergétique et l’augmentation du déploiement des énergies renouvelables, notamment pour la production d’électricité et les transports.

Selon Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité belge, l’année 2023 est historique pour les énergies renouvelables puisque les productions photovoltaïque et éolienne ont atteint un record historique de 21,5 TWh (terawatt-heure), en hausse de 23 % par rapport à 2022. Ces énergies renouvelables constituent à présent 28,2 % du mix électrique, contre 19,8 % l’année précédente. « Les capacités installées de production éolienne terrestre (+10 %) et photovoltaïque (+31 %) ont encore augmenté, mais aucune augmentation de la capacité de production des parcs éoliens en mer n’est prévue avant 2028 », déclare Elia.

Après avoir installé un parc éolien offshore d’une capacité totale de 2,26 gigawatts dans une zone de la mer du Nord, le gouvernement fédéral a décidé de développer la capacité de l’éolien en mer dans une deuxième zone. L’objectif est de réaliser une production supplémentaire allant jusqu’à 3,5 GW, ce qui devrait permettre d’atteindre au plus tard en 2030, une capacité comprise entre 5,4 et 5,8 GW d’énergie éolienne en mer.

La consommation électrique doit augmenter de 50 % d’ici à 2032

L’électrification représente un aspect central des efforts de la Belgique en faveur de la transition énergétique. Dans le secteur du bâtiment et du résidentiel, ce sont les gouvernements régionaux qui ont la responsabilité de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ces secteurs en développant les modes de chauffage utilisant les énergies renouvelables. Une grande variété de mesures est mise en place, notamment des soutiens financiers directs, et l’accent est mis sur l’abandon du chauffage au fioul au profit des pompes à chaleur. De nouvelles normes d’efficacité énergétique des appareils électroménagers sont également établies.

Dans le secteur industriel, des accords volontaires entre les gouvernements régionaux et l’industrie sont signés. « Ils varient selon les régions, mais se concentrent en général sur des audits visant à identifier des mesures d’efficacité énergétique rentables ; les entreprises bénéficiant d’allégements fiscaux ou d’autres incitations si ces mesures sont mises en œuvre, observe l’AIE. Les accords volontaires se concentrent sur les installations industrielles à forte intensité énergétique, mais des efforts croissants sont déployés pour inclure les petites et moyennes entreprises (PME). »

Malgré cette électrification à marche forcée, la consommation électrique en 2023 s’est établie à 78,9 TWh, un chiffre historiquement faible. Selon Elia, cela s’expliquerait par des prix de l’électricité particulièrement élevés en raison du contexte international. « Cette tendance à la baisse est un phénomène temporaire et nous prévoyons une forte augmentation de la consommation électrique dans les années à venir, déclare le gestionnaire du réseau belge. Cette hausse future est due à l’électrification rapide des processus industriels ainsi qu’à la croissance marquée du nombre de voitures électriques et de pompes à chaleur. Elia projette une augmentation de la consommation de 50 % d’ici à 2032. »

En matière de transport, l’énergie renouvelable est également promue par l’obligation faite à toutes les entreprises vendant des carburants pour le transport routier, d’atteindre une certaine part de biocarburants, en termes de contenu énergétique, dans leurs ventes annuelles de carburants. Cette part s’élève actuellement à environ 10 % et l’objectif est de la faire grimper à près de 14 % d’ici à 2030.


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