Décryptage

La cigarette électronique est une dépendance préférable au tabac

Posté le 6 janvier 2015
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

[Interview]
Depuis quelques temps, la cigarette électronique est au cœur des débats. Véritable solution anti-tabac pour les uns, produit toxique pour les autres, la multiplicité des e-cig et donc des compositions complique l’analyse.  Jacques Le Houezec, consultant spécialisé dans la dépendance tabagique nous explique comment, malgré tout,  la cigarette électronique sauve des vies.

Pourquoi la cigarette électronique est-elle une « bonne » solution pour arrêter de fumer ?

On sait aujourd’hui que la cigarette électronique est une solution de sevrage tabagique qui marche. C’est un très bon substitut nicotinique notamment parce qu’il permet d’arrêter de fumer dans le plaisir. Quand les fumeurs découvrent qu’ils éprouvent du plaisir autrement grâce aux arômes plutôt qu’avec une cigarette, ils sont plus motivés pour arrêter. 

N’est-ce pas remplacer une dépendance par une autre ?

Si, tout à fait. Mais il ne faut pas confondre dépendance et addiction. L’addiction est une dépendance qui fait du mal. Si la cigarette électronique diminue les risques pour la santé, j’estime que c’est un bien pour l’individu. Pour moi la dépendance n’est pas un problème, le plus important c’est l’arrêt du tabac. Par ailleurs, il semble que la dépendance diminue avec le temps, selon les enquêtes réalisées chez les utilisateurs.

Certaines cigarettes électroniques contiennent de la nicotine. N’est-ce pas un problème pour la santé ?

Le plus nocif est l’inhalation de fumée de tabac, la nicotine ne tue pas. Les pouvoirs publics doivent soutenir la cigarette électronique qui doit rester un produit de consommation courante. Je ne dis pas que la cigarette électronique est sans risque, mais comparée à la cigarette elle est infiniment moins dangereuse.

Mais 2 études contredisent l’efficacité de la cigarette électronique dans l’arrêt du tabac ?

Ces deux études ont été réalisées avec des e-cig de 1ere génération que l’on sait inefficaces. Aujourd’hui on en est aux cigarettes de 3eme génération, bien loin de la 1ere génération et ses batteries qui duraient moins d’une heure. Une étude a été lancé l’année dernière, mais il faut attendre 1 ou 2 ans avant de connaitre les conclusions. 

La cigarette électronique s’est considérablement développée en très peu de temps. Pourtant peu d’études existent. Pourquoi ?

Les fonds publics sont difficiles à obtenir. A tel point que le Docteur Farsalinos, un cardiologue grec, doit recourir au financement participatif pour mener ses expérimentations ! Toutefois il existe de nombreuses études sur les cigarettes électroniques. L’AFNOR est en discussion avec les fabricants et distributeurs pour proposer ses normes qui devraient permettre un meilleur contrôle des produits.

Faut-il interdire de vapoter au travail ?

Il faut d’abord rappeler  que pour obtenir un taux de nicotine égal à celui d’une cigarette fumée en 5mn, il est nécessaire de vapoter entre une demi-heure et une heure, selon le vaporisateur utilisé. On comprend alors qu’imposer un délai de 2 heures entre deux pauses cigarette est insuffisant pour que le fumeur ait sa dose de nicotine uniquement avec la cigarette électronique. Pour ne pas avoir envie de fumer, le fumeur doit pouvoir vapoter régulièrement.

Certains mettent en avant la peur que le développement de la cigarette électronique séduise les jeunes qui deviendront ensuite fumeurs. 

Pour l’instant, l’ensemble des données infirment cette crainte. En Angleterre, aux Etats-Unis ou bien en France les jeunes utilisent de plus en plus la cigarette électronique et se détournent du tabac. C’est à se demander si l’on veut vraiment que les gens arrêtent de fumer !

Propos recueillis par Audrey Loubens


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