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La transition énergétique est bonne pour l’économie

Posté le 19 août 2019
par Matthieu Combe
dans Énergie

L'ADEME a publié en juillet dernier le bilan des marchés et des emplois liés à la transition énergétique en France. Entre 2006 et 2017, les marchés liés aux transports, au bâtiment résidentiel et aux énergies renouvelables ont plus que doublé. Le nombre d’emplois directs a augmenté de 75 %, avec plus de 375 000 personnes employées dans ces secteurs.

L’ADEME dresse un état des lieux des marchés et des emplois concourant à la transition énergétique. En premier lieu, l’agence évalue  le marché de la transition énergétique dans les transports. Pour cela, elle considère les infrastructures et équipements alternatifs à la voiture individuelle (ferroviaires, transports collectifs routiers, vélos urbains), les véhicules particuliers électriques, hybrides non rechargeables et neufs de classe A (dont les émissions sont inférieures ou égales à 100 g CO2/km). Ces marchés ont presque été multipliés par 4 en 11 ans. Ils atteignaient 33,5 milliards d’euros en 2017 et la filière employait plus de 94 000 équivalents-temps-plein (ETP). Malgré ces bons chiffres, en 2017, le marché de l’électrique représentait à peine plus de 1,2 % des immatriculations de véhicules neufs.

Les marchés de la transition énergétique en croissance

Pour évaluer l’ampleur de la transition dans les bâtiments résidentiels, l’agence prend en compte  le remplacement d’appareils de chauffage énergivores par des appareils plus performants, ainsi que la rénovation du bâti qui regroupe les activités d’isolation des parois opaques, de remplacement des ouvertures (portes et fenêtres), et l’installation d’appareils de Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC).  « Les marchés de la rénovation énergétique des bâtiments ont augmenté de 79 % entre 2006 et 2017, représentant désormais un chiffre d’affaires d’environ 31 milliards d’euros. Dans cette même période, le volume d’emplois s’accroît d’environ 59 %, s’établissant à plus de 218 000 ETP« , révèle l’ADEME.

L’agence a enfin évalué le marché des énergies renouvelables et de récupération. Celui-ci a plus que doublé entre 2006 et 2017, avec une augmentation de 39 % des emplois. Le chiffre d’affaires représentait 26 milliards d’euros en 2017 et le secteur employait plus de 86 000 ETP. Les activités de pompes à chaleur domestiques, de bois énergie domestique, de l’éolien et de l’hydroélectricité ont généré la majorité des emplois.

Selon l’ADEME, les marchés du bâtiment et des transports sont surtout stimulés par la conception et l’installation des équipements et infrastructures. Cette partie du travail représente 72 % de l’activité dans les transports et 90 % dans le bâtiment résidentiel. Elle revêt cependant un caractère plus faible dans les énergies renouvelables, où elle couvre seulement 30 % du marché. La vente d’énergies et la maintenance des équipements représentent à eux deux 63 % des gains.

Les balances commerciales en question

La France possède de grands constructeurs automobiles. Grâce aux exportations de véhicules particuliers neufs de classe A, la balance commerciale du marché des transports est excédentaire :1,9 milliard d’euros. A l’opposé, la France importe beaucoup plus d’appareils électroménagers performants qu’elle n’en exporte. La France n’a pas su développer de réelle filière d’électroménagers performants. Cette dernière n’employait que 8.175 personnes en 2016, Résultat : le marché du bâtiment résidentiel est déficitaire d’1,9 milliard d’euros.

Enfin, le déficit de la balance commerciale du marché des énergies renouvelables se creuse : 0,7 milliard d’euros en 2017. L’ADEME le met en lien avec la forte hausse des installations éoliennes. Tout comme l’électroménager performant, les éoliennes sont fortement importatrices d’équipements. Les espoirs se tournent vers les implantations récentes et à venir d’usines en France, , notamment pour l’éolien en mer. Elles pourraient venir en partie réduire les importations.

L’ADEME suggère une opportunité : « développer l’économie circulaire, en favorisant le reconditionnement de l’électroménager performant, ou l’allongement de la durée de vie des éoliennes« .  Le gouvernement travaille justement sur le projet de loi anti-gaspillage pour une  économie circulaire. Il prévoit notamment l’ajout, à partir de 2021, d’un indice de réparabilité sur les produits. Le texte devrait être examiné au Sénat à la rentrée.


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