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Les entreprises à l’assaut de la nouvelle économie de l’énergie

Posté le 8 février 2018
par Pierre Thouverez
dans Énergie

Scheider Electric, spécialiste français de la gestion de l’énergie, a rendu public une étude concernant la transition énergétique et numérique dans les entreprises. Mené par GreenBiz Research, ce rapport conclue que si la volonté semble bien là, les entreprises sont encore mal préparées à la nouvelle économie de l’énergie. Une conclusion qui cache néanmoins d’importantes disparités entre les acteurs.

Outils classiques

L’étude, porte sur 236 grandes entreprises du monde entier réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions de dollars. Elle révèle que 85% d’entre elles prévoient de mettre en œuvre dans les trois ans à venir des mesures pour que leurs programmes de réduction d’émissions de CO2 demeurent « au niveau des meilleurs standards industriels ». Cependant, les projets initiés ou en développement se concentrent fortement sur la réduction des déchets et des consommations d’eau et d’énergie, se désole Schneider Electric, gros fournisseur d’équipements et d’automatisme pour la gestion de l’énergie.

Les résultats montrent que 81% des entreprises ont mis en œuvre des actions sur  l’efficacité énergétique ou envisagent de le faire dans les deux ans à venir ; et 51% ont réalisé ou envisagent de développer des projets d’énergies renouvelables. Les solutions plus complexes de type stockage d’énergie, microgrids, ou encore cogénération sont moins bien connues des entreprises et donc logiquement peu plébiscitées (30%). Enfin, seules 23% ont ou envisagent à court terme des stratégies d’effacement électrique. En clair, les entreprises privilégient des solutions connues, bénéficiant d’un bon retour d’expérience, et surtout rentables.

Les hyper en pointe

Ces statistiques globales ne rendent pas bien compte des fortes disparités entre secteurs et acteurs dans l’intégration de la nouvelle économie de l’énergie. Les grandes surfaces (supermarchés, hypermarchés) par exemple sont en pointe sur l’installation de panneaux photovoltaïques. Disposant de grands terrains fonciers et de larges toitures, les professionnels de la distribution ont bénéficié à plein des aides de l’Etat, notamment à travers les dispositifs d’autoconsommation.

Les grandes surfaces ont remporté une large part des projets attribués dans le cadre des deux appels d’offres de 20 MW chacun organisé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Les hyper et supermarchés ont représenté près de la moitié des 72 lauréats désignés en novembre 2016 et le tiers en mars 2017. « Les aides permettent de gagner deux ans de retour sur investissement », indique Richard Loyen à nos confrères des Echos. L’investissement serait amorti entre 8 et 10 ans. Outre les toitures, ces magasins développent aussi des ombrières solaires sur leur parking leur permettant à terme d’imaginer l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques, afin d’attirer davantage de clients potentiels. D’autres appels d’offres, cumulant 450 MW, sont prévus dans les trois ans à venir pour soutenir cette dynamique.

Coordination et gestion des données

Le rapport évoque les obstacles auxquels sont confrontés les entreprises. La mauvaise coordination des acteurs en interne apparaît comme une difficulté majeure. 61% des entreprises interrogées déclarent que leurs décisions en matière d’énergie et de développement durable souffrent d’un manque de coordination entre les fonctions concernées. La création de postes transversaux est vue comme une solution qui peut faciliter la communication entre les départements.

La gestion des données est également citée comme un autre obstacle à une gestion intégrée de l’énergie. Environ 45% des entreprises interrogées déclarent que la gestion de leurs données est disséminée à des niveaux locaux ou régionaux. Parmi les entreprises considérant « le manque d’outils et d’indicateurs pour le partage des données et l’évaluation des projets » comme un problème entravant la collaboration entre les départements, 65% gèrent leurs données à un niveau local, régional ou national, et non à un niveau mondial.

« Il est essentiel de disposer de données et de renseignements exploitables. Mais ce que l’on fait de ces données une fois qu’elles sont en notre possession est tout aussi important », conclue Neil Johnston, directeur des opérations techniques d’Iomart, spécialiste des services en cloud computing.

Romain Chicheportiche


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