Décryptage

Les implications de l’Accord de Paris pour l’océan

Posté le 18 mai 2016
par La rédaction
dans Environnement

Dans un article de Nature Climate Change paru hier, une équipe internationale d’experts, incluant des chercheurs de l’Iddri, du CNRS et de l’UPMC, analyse les implications de l’Accord de Paris, adopté lors la COP21, pour le futur des océans et pour les nécessaires interactions entre la communauté scientifique et les négociations climatiques.

L’océan tempère le réchauffement global du climat au prix d’une altération profonde de son fonctionnement physique et chimique, de ses écosystèmes et des services qu’ils fournissent à l’humanité (pêche, aquaculture, tourisme littoral, protection côtière, etc.). Les niveaux d’impact sur l’océan d’ici la fin du siècle dépendront fortement de la trajectoire mondiale d’émissions de gaz à effet de serre que l’humanité suivra d’ici là (Figure 1). Pour rappel, lors de la COP21, les pays se sont engagés à limiter l’augmentation de température de la planète à « moins de 2 °C d’ici 2100, voire à 1,5 °C ».

Des experts de l’Oceans 2015 Initiative ont livré hier dans la revue Nature Climate Change les résultats de leur étude, analysant les implications d’un tel engagement du point de vue de l’océan. Cet article traduit l’Accord de Paris en termes de risques d’impact sur l’océan. Il souligne également que la « communauté océan » a un rôle important à jouer dans le processus d’augmentation des ambitions des pays en termes d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre sur le long terme. Cela permettrait en retour aux scientifiques d’affiner les scénarios de risques d’impact futurs sur l’océan.

Alexandre Magnan, chercheur « Vulnérabilité et Adaptation » à l’Iddri, auteur principal de l’article, rappelle que « l’Accord de Paris et ses suites représentent une opportunité majeure pour passer de scénarios de risques d’impact « théoriques » à des scénarios « réalistes », c’est-à-dire reflétant mieux la réalité des décisions prises dans le cadre des négociations climatiques. Cela permettra à la science de nourrir les négociations au fil de l’eau, dans l’objectif notamment de maintenir le cap vers des modèles de développement compatibles avec l’ambition de limiter le réchauffement global à moins de 2 °C d’ici la fin du siècle ».

Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’océanographie de Villefranche (UPMC/CNRS) co-responsable de l’étude, ajoute que « de telles conclusions mettent en avant l’importance de la récente décision du GIEC de produire, d’ici à 2020, deux rapports spéciaux, l’un sur un monde à + 1.5 °C, l’autre sur les océans et la cryosphère (là où l’eau est présente à l’état solide : banquises, neige, glaciers, sols gelés, etc.). Les négociations climatiques ont besoin d’une vision claire des bénéfices à espérer d’efforts d’atténuation très ambitieux, et c’est la responsabilité de la communauté scientifique d’apporter de telles preuves ».

Figure 1. Risques d’impact sur l’océan, les organismes et services éco-systémiques marins et côtiers d’ici à 2100, comparés à la période préindustrielle, selon quatre scénarios : atténuation élevée (RCP2.6), atténuation faible (RCP8.5), et atténuation modérée selon deux estimations tirées des « contributions nationales » pour la COP21. RCP2.6 est beaucoup plus favorable à l’océan bien que plusieurs écosystèmes, biens et services restent très vulnérables. Les implications de l’Accord de Paris doublent, au minimum, le niveau de risque d’impact actuel.

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