Publiée en mai 2025 dans le Journal of Food Composition and Analysis, cette recherche constitue la première évaluation systématique de la contamination de l’eau, des sodas, des thés glacés, des limonades, des bières et des vins commercialisés dans l’Hexagone.
L’étude a été conduite par Iseline Chaïb, doctorante à l’ANSES et à l’Université du Littoral Côte d’Opale, accompagnée de quatre collègues issus de ces deux institutions. Leur travail part d’un constat bien connu : les microplastiques, définis comme des fragments de plastique de moins de 5 millimètres, sont aujourd’hui omniprésents dans l’environnement ; on les retrouve dans les mers, l’air, le sol… et même dans le corps humain.
L’ingestion constitue l’une des principales voies d’exposition, et les boissons industrielles, produites, stockées et conditionnées dans des emballages synthétiques ou peints, sont des candidates évidentes à cette contamination.
Pourtant, aucune étude ne s’était encore intéressée à ce phénomène en France. L’objectif des auteurs était donc double : d’une part, mesurer les niveaux de contamination par les microplastiques dans différentes catégories de boissons, et d’autre part, comprendre si le type d’emballage influait sur ces niveaux. Leurs résultats sont à la fois clairs et déroutants.
Toutes les boissons analysées contenaient des microplastiques, mais à des niveaux très variables. L’eau en bouteille, souvent perçue comme un produit pur, en contient en moyenne 2,9 particules par litre, un chiffre relativement bas. À l’autre extrémité du spectre, la bière affiche des niveaux records, avec plus de 82 microplastiques par litre (MPs/L). Les sodas (31,4 MPs/L), thés glacés (28,5 MPs/L), et limonades (45,2 MPs/L) présentent eux aussi des concentrations notables. Quant aux vins, ils affichent une contamination plus modérée (8,2 MPs/L en moyenne), bien que certains contenants comme les briques atteignent 30 MPs/L.
Le rôle du contenant est fondamental
Mais au-delà de ces différences entre types de boissons, c’est bien le rôle du contenant qui soulève le plus d’interrogations. Car contre toute attente, les bouteilles en verre sont systématiquement plus contaminées que les bouteilles en plastique ou les canettes. Ce constat vaut pour l’eau, les sodas, les thés, les limonades et les bières. Dans certaines catégories, l’écart est vertigineux : les sodas en bouteille de verre contiennent en moyenne 103 particules par litre, contre seulement 2 à 3 dans les versions plastique ou canette. Même constat pour le thé glacé, où la bouteille en verre affiche 86 MPs/L, contre 2 pour les bouteilles en plastique. Dans le cas de la bière, les petites bouteilles en verre dépassent les 130 MPs/L.
Cette différence, bien documentée dans les résultats, a poussé les auteurs à s’interroger. Le verre serait-il une fausse bonne idée ? Le coupable n’est pas le matériau lui-même, mais plutôt un élément souvent négligé : la capsule métallique. Les chercheurs ont observé que les particules retrouvées dans les boissons en bouteille de verre avaient souvent la même couleur que la peinture extérieure des capsules.
Les capsules responsables de la présence des microplastiques dans les bouteilles en verre
L’analyse chimique par spectroscopie infrarouge a confirmé que ces particules appartenaient à la même famille de polymères que les revêtements des bouchons. Autrement dit, une part importante des microplastiques présents dans les boissons en bouteille de verre viendrait du capuchon, et non du contenant.
Pour vérifier cette hypothèse, l’équipe a mené une série d’expériences contrôlées. Des bouteilles en verre ont été remplies d’eau ultrapure puis capsulées avec des bouchons neufs, selon différents protocoles : sans nettoyage, soufflés à l’air, puis soufflés et rincés. Les résultats sont sans appel. Sans nettoyage, les bouteilles affichent jusqu’à 287 microplastiques par litre. Ce chiffre tombe à 105 MPs/L après simple soufflage, et à 86 MPs/L après rinçage. Les solutions de rinçage des capsules contiennent jusqu’à 48 particules jaunes en moyenne, preuve que le nettoyage peut réduire significativement la contamination, sans toutefois l’éliminer.
L’étude pointe donc un paradoxe. Là où l’on pensait adopter un comportement plus respectueux de l’environnement – choisir une bouteille en verre, réutilisable ou recyclable –, on s’expose en réalité à une pollution plus importante. Ce constat ne vise pas à diaboliser le verre, mais souligne l’importance d’examiner l’ensemble de la chaîne de production, y compris des éléments souvent ignorés comme les capsules. Les auteurs plaident pour une meilleure prise en compte de ces sources secondaires de contamination, ainsi que pour la mise en place de protocoles de nettoyage systématiques dans l’industrie.
Faut-il pour autant s’inquiéter pour notre santé ? Pas encore, répondent les chercheurs. En l’absence de données toxicologiques robustes sur l’effet des microplastiques à ces concentrations, aucun risque sanitaire ne peut être formellement établi. Mais cette exposition chronique à de faibles doses interpelle, surtout lorsque les sources s’additionnent (air, aliments, eau, boissons).
En attendant que la recherche progresse et que des normes soient mises en place au niveau européen, cette étude a au moins le mérite d’alerter sur une réalité contre-intuitive : les bouteilles en verre exposent plus l’humain à l’ingestion de microplastiques que les bouteilles en plastique.
La rédaction a demandé à un agent d’IA générative de dégager les informations principales de cette recherche.
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