En ce moment

Retour d’une « X » au ministère chargé de l’énergie

Posté le 17 juillet 2019
par Joël Spaes
dans Environnement

« Sur la proposition du Premier ministre, le Président de la République a mis fin, sur sa demande, aux fonctions de M. François de RUGY, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire. Il a nommé Mme Élisabeth BORNE ministre de la Transition écologique et solidaire ». Tel est le contenu du communiqué laconique paru mardi soir dès le retour de Serbie du Président Emmanuel Macron.

C’est donc Elisabeth Borne, jusqu’alors ministre chargée des Transports et sous la coupe du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) qui va prendre les rênes lâchées mardi 16 juillet par François de Rugy, sous forte pression depuis la fin de la semaine dernière et les révélations de Médiapart. Une polytechnicienne (« X-Pont » certes, mais une « X » comme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Environnement de 2010 à 2012), ce qui pourrait favoriser ses relations avec la grande industrie…

D’ores et déjà néanmoins, les critiques ont fleuri, la nouvelle responsable du MTES ne prenant toutefois pas le rang de ministre d’Etat de son prédécesseur. De Greenpeace à la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT, les critiques ont plu sur son prédécesseur, mais aussi sur ce qui est qualifié de « rétrogradation » dans la hiérarchie de l’Etat… Ce qui laisse présager, estiment les ONG écologistes, une moindre influence de la transition écologique dans l’agenda gouvernemental.

Des législations en cours

La tâche s’annonce pourtant difficile pour l’impétrante qui est confrontée d’emblée au passage au Sénat de la « petite » loi sur l’énergie et le climat, depuis ce même mardi 16 juillet. Une loi qui doit permettre, au plus tard en septembre, de passer à l’étape suivante, c’est-à-dire entériner la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Annoncée au départ pour permettre de modifier la loi de 2015 fixant un objectif de 50% de nucléaire en 2025, et porter l’échéance à 2035, la loi s’est beaucoup enrichie de dispositions diverses.

Par ailleurs, comme l’ancienne présidente de la RATP (2015 à 2017) conserve le portefeuille des transports, elle défendra donc la loi d’orientation des mobilités (LOM), qui doit revenir en nouvelle lecture à la rentrée à l’Assemblée nationale et au Sénat. Une LOM qui à son premier passage est loin d’avoir fait l’unanimité.

Elle aura également à gérer la fin du débat sur le programme national de gestion des déchets et matières radioactives (PNGMDR), et l’adoption du PNGMDR pour les années à venir, avec un possible choix sur la fin du cycle du combustible : retraitement ou pas retraitement de tous les combustibles usés ?

La nouvelle ministre de la Transition énergétique et solidaire peut compter sur son expérience de directrice de cabinet de Ségolène Royal quand elle occupait cette fonction en 2014, voire sur son camarade de promotion, Jean-Marc Jancovici, ou encore sur cet autre coreligionnaire, Yves Bréchet, ancien haut-commissaire à l’Énergie atomique.

La question d’EDF

Autre lourd chantier, celui de la restructuration d’EDF. La FNME CGT n’a pas manqué de le souligner : « le projet gouvernemental dit “Hercule“ de casse d’EDF en est l’emblème majeur, tout comme la nomination de Mme Borne au poste de ministre de l’énergie. Après la découpe de la SNCF pour la mise en concurrence du rail (elle était directrice de la stratégie du groupe ferroviaire de 2002 à 2007, ndlr), c’est certainement l’accélération du marché de l’énergie qui est visé par M. Macron. »

C’est peut-être là que va être utile dans les relations avec l’électricien national son école d’origine, Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF, y ayant fait ses classes également (comme Patrick Pouyané de Total d’ailleurs).

Reste que le MTES est loin d’être un portefeuille tranquille, puisqu’en dix ans plus d’une dizaine de ministres s’y sont cassés les reins… À suivre donc !


Pour aller plus loin

Dans les ressources documentaires