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Trois pesticides mortels pour les abeilles mis sur le banc de touche

Posté le 2 mai 2013
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

Pour lutter contre le déclin croissant des abeilles, l'Union Européenne a décidé d'interdire trois pesticides particulièrement nocifs pendant deux ans. La nouvelle est tombée lundi 29 avril et devrait prendre effet dès le premier décembre.

L’utilisation de ces trois pesticides – l’imidaclopride, le thiaméthoxane et la clothianidine – sont suspectés de jouer un rôle majeur dans la disparition des abeilles domestiques et bien d’autres insectes pollinisateurs.

D’autres facteurs sont à prendre en compte, bien sûr, tel que la pollution de l’air ou les attaques du varroa, son ennemi naturel qui se trouve être un parasite mortel.

Toujours est-il que depuis quinze ans, c’est l’hécatombe. Or c’est un fait reconnu, le rôle des abeilles est capital. Car c’est justement par la pollinisation des plantes à fleur que découle un tiers de notre alimentation.

Le commissaire en charge du dossier Tonio Borg a d’ailleurs bien précisé : « Les abeilles sont vitales pour notre écosystème et elles doivent être protégées, d’autant qu’elles apportent une contribution annuelle de 22 milliards d’euros à l’agriculture européenne ».

C’est pourquoi, en dépit d’une forte pression des lobbies agricoles, quinze pays se sont exprimés favorablement à l’interdiction des ces pesticides.

Parmi eux, on retrouve la France et l’Allemagne. Dans le camp opposé, l’Italie et le Royaume-Uni ont voté contre l’interdiction. Concrètement, l’enrobage de semences du maïs, du colza, du tournesol et du coton ne pourra plus avoir lieu avec ces pesticides.

D’autres applications comme la pulvérisation sur diverses cultures et le traitement au sol ont également été abrogées. Malgré tout, la France demeure le principal producteur.

Elle peut donc continuer la fabrication ainsi que l’exportation de ces néonicotinoïdes vers les pays non soumis par cette réglementation. Des rebondissements sont à envisager. Pour l’heure, rien n’est définitif et la décision peut très bien changer.

C’est ce dont redoute Olivier Bayer, le président de l’Union nationale de l’apiculture française. Il déplore notamment que « la date d’entrée en vigueur de la suspension ait été repoussé du 1er juillet au 1er décembre ».

Cela laisse une marge de manœuvre suffisante pour que les commerçants de pesticide en profitent pour réaliser des études prouvant que ces pesticides n’ont rien de nocif pour les abeilles. Juste après la décision de la commission, les multinationales de la chimie avaient d’ailleurs appelé à un retour aux négociations, affirmant qu’il s’agissait « d’un revers pour la technologie et l’innovation ».

Par Sébastien Tribot, journaliste scientifique

 

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