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Blockchain : entre buzz word et réalité

Posté le 7 mars 2019
par Philippe RICHARD
dans Informatique et Numérique

La Blockchain pourrait « révolutionner » différents secteurs d’activité et en particulier tous les intermédiaires de « confiance ». Mais attention au battage médiatique. C’est encore une technologie immature, avec un marché encore naissant et une sécurité perfectible !

Publiée par FUTURS.IO, l’agence de communication du groupe Maltem dédiée aux technologies et aux usages innovants (Blockchain, AI, Data Science, IoT), une étude récente indique que la blockchain est principalement déployée dans deux secteurs d’activité : la fintech et l’e-santé. Cela confirme une tendance mondiale.

Un rapport publié par Accenture et McLagan en 2017 indiquait qu’environ huit des dix plus grandes banques d’investissement du monde avaient prévu de développer des projets reposant sur la blockchain (lutte contre le blanchiment d’argent et contre la fraude, réduction des coûts…).

Scandales alimentaires

Les principales difficultés actuelles, en particulier dans les paiements transfrontaliers et le financement du commerce, peuvent être résolues par cette technologie qui réduit le nombre d’intermédiaires nécessaires et qui est géographiquement « agnostique ».

Concernant l’e-santé, le déploiement d’une blockchain n’a pas pour objectif de sécuriser les données, mais leur accès tout en respectant l’anonymat des patients. Elle permettrait aussi de s’attaquer aux contrefaçons de médicaments. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les faux médicaments sont à l’origine de 700 000 décès par an.

La blockchain pourrait-elle aussi empêcher la répétition des scandales alimentaires ? Scandale de la viande de cheval en 2013, viande de bœuf avariée, lait infantile contaminé aux salmonelles… Autant d’affaires qui pourraient ne plus faire la une des médias s’il y avait une meilleure traçabilité ? Rien n’est moins sûr.

Les informations qui seraient « déclarées » dans la Blockchain système peuvent être faussées… Vitalik Buterin lui-même, fondateur d’Ethereum (regroupant un réseau opérateur, un registre des transactions et une cybermonnaie dénommée l’Ether), a rappelé que les « Blockchain ne fournissent certainement pas des garanties à 100 %, surtout dans le monde réel. »

Vidéos truquées

Malgré tout, la Blockchain peut être utile pour repérer les « deepfake ». Il s’agit de vidéos trafiquées, car générées par des algorithmes d’intelligence artificielle. Développé par Shamir Allibhai, un spécialiste de la technologie vidéo, Amber Authenticate est un programme capable d’authentifier un contenu dès la prise de vue.

À intervalles réguliers, déterminés par l’utilisateur, la plate-forme génère des « hachages » – des représentations cryptographiques brouillées des données – qui sont ensuite enregistrées de manière indélébile sur la blockchain Ethereum.

Lorsque vous exécutez à nouveau ce même extrait de séquence vidéo dans l’algorithme, les hachages seront différents si quelque chose a changé dans les données audio ou vidéo du fichier, ce qui peut laisser penser à une manipulation possible.

Ne pas faire confiance à la blockchain !

La blockchain est une technologie prometteuse. Elle peut en particulier résoudre des problèmes de confiance dans l’économie numérique. Mais sa légitimité peut être ternie par une mauvaise gestion au niveau des plates-formes.

Différents spécialistes ont commencé à signer la fin de la récré : il est urgent de ne plus être ébloui béatement par la blockchain. Ainsi Bruce Schneier, un expert en sécurité informatique reconnu mondialement, a rappelé qu’il fallait arrêter de croire aux déclarations du genre « in crypto we trust » ou « in math we trust ». La réalité est que les blockchains, comme tout mécanisme, sont porteurs de failles exploitables.


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