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Brexit et recherche scientifique : quel financement après la sortie de l’UE ?

Posté le 12 mars 2019
par Sophie Hoguin
dans Innovations sectorielles

Avec le Brexit, la recherche britannique doit envisager l’avenir sans les subsides européens. Le gouvernement vient d’annoncer la création d’un fonds tandis que certains (ré)entrent dans le système européen par d’autres moyens.

Si la continuité des recherches entamées dans le cadre de la programmation européenne en matière de recherche scientifique Horizon 2020 n’est pas vraiment menacée par le Brexit, avec ou sans accord, la place des Britanniques dans le programme suivant (2021-2028) reste encore incertaine.

Jusqu’en 2020, la participation des Britanniques devrait se poursuivre à l’identique en cas de sortie avec accord moyennant une participation financière du Royaume-Uni pour 2019 et 2020. Sans accord, la participation se poursuivra mais pas les fonds que le gouvernement britannique a promis de compenser pour les projets déjà lancés. A ce sujet, Chris Skidmore, le ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, a d’ailleurs rappelé ce 5 mars que le gouvernement a mis en place un portail de déclaration des subventions pour pouvoir compenser le manque à gagner des fonds européens. Au 5 mars, 6700 des 8200 bénéficiaires basés au Royaume-Uni se seraient déjà enregistrés. Rappelons que l’’implication des Britanniques dans la recherche européenne est majeure*. Le Royaume-Uni compte ainsi 11 863 participations dans des projets de recherches européens et assume 3 771 rôles de coordination (plus que l’Espagne (2 614) ou l’Allemagne (2 380). En valeur, ces rôles de coordinations sont associés à des fonds de 2,75 milliards d’euros (devant l’Allemagne 2,55 Md€). Au total, Horizon 2020 représente un apport de plus de 5 Md d’euros dans la recherche britannique.

Création d’un fonds international britannique

Le ministre anglais a aussi annoncé que le gouvernement étudiait la possibilité de créer un fonds de recherche international qui serait donc ouvert aux Britanniques et aux ressortissants du monde entier. La faisabilité et les modalités de fonctionnement de ce fonds sont à l’étude jusqu’à cet été.

Ce fonds vise à pouvoir compenser à l’avenir les subsides européens auxquels le Royaume-Uni ne pourrait plus prétendre même en cas de Brexit avec accord tels que les subventions du Conseil européen de la recherche (European Research Council – ERC) ou les bourses Marie Sklodowska Curie qui sont pour l’instant strictement réservées à des membres de l’UE. Ces subventions représentent pour le Royaume-Uni plus d’un milliard d’euros par an. Cependant, des discussions ont lieu actuellement à Bruxelles pour élargir l’accès aux fonds européens de la recherche à d’autres pays que les pays associés ou candidats à l’entrée dans l’Union. Dans ce cas, le Royaume-Uni pourrait retrouver l’accès à certains fonds. Ainsi, si le Brexit change les règles, le plus difficile n’est pas forcément le changement mais bien l’incertitude autour des nouvelles règles à venir, qui empêche les différents acteurs d’anticiper ou de se projeter dans l’avenir.

Des partenariats pour ré-entrer dans l’UE

Pour rester éligibles à des financements en provenance de l’UE, les universités, laboratoires et centres de recherche britanniques doivent être présents légalement dans un pays membre de l’UE. Du coup, plusieurs alliances ont vu le jour ces derniers mois. Parmi elles, on peut citer l’université d’Oxford et quatre institutions berlinoises. Elle se base sur la mise à disposition de locaux, des échanges de personnels et des projets communs et la recherche de fonds privés permettant d’assoir la présence d’Oxford Allemagne pour ensuite pouvoir accéder aux fonds européens. L’investissement est estimé à 800 000 euros mais l’université espère générer plusieurs millions d’euros en projet et activités de recherche. D’autres partenariats de ce type sont en construction, principalement entre Britanniques et Allemands. L’université de Warwick, quant à elle, a choisi d’intégrer une alliance universitaire européenne (Eutopia) constituée par plusieurs entités du continent, notamment l’université Paris Seine (dont le campus international se développe essentiellement autour du pôle d’enseignement de Cergy-Pontoise). En réalité, nombre de ces partenariats préexistaient ou étaient en projet avant le Brexit. Celui-ci les a accélérés ou leur a fait prendre une forme légale plus approfondie et plus contractualisée.  Ainsi, si le Brexit affaiblit momentanément la recherche par les incertitudes qu’il a créées, il force aussi à plus d’intégration, plus d’échanges et de travaux collaboratifs étroits entre des structures britanniques et continentales – ce qui à terme pourrait aussi être bénéfique.

*Chiffres de la commission européenne


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