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COP25 : lancer la dynamique pour une plus grande ambition

Posté le 2 décembre 2019
par Matthieu Combe
dans Environnement

Sous présidence chilienne, la COP25 lancera à Madrid la dynamique pour renforcer les contributions climatiques des pays. Un chemin long qui devra aboutir à la COP26 de Glasgow.

Du 2 au 13 décembre, l’enjeu principal de la COP25 résidera dans la dynamique à donner pour réévaluer l’ambition des pays. Sans le leadership des États-Unis, la Chine pourrait prendre la tête des négociations. Mais en absence de pays suffisamment ambitieux, le risque est grand que ce niveau d’ambition reste trop faible.

Des engagements climatiques à renforcer pour tous

En amont de la conclusion de l’Accord de Paris, tous les pays avaient soumis des engagements climatiques, des « contributions déterminées au niveau national » (NDC, selon l’acronyme anglais). Elles demeurent insuffisantes pour atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +2°C, voire 1,5°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. Et les pays ne prennent pas le chemin pour atteindre ces contributions déjà insuffisantes.

Par construction, l’Accord avait prévu un mécanisme de l’ambition qui donnait rendez-vous à tous les pays cinq ans plus tard pour relever ces engagements. « L’échéance arrive à la COP26 de Glasgow, rappelle Lola Vallejo, directrice du programme Climat de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (Iddri). Mais la COP25 de Madrid joue un rôle important pour faire en sorte que la coalition des pays engagés pour plus d’ambition se développe. »

Renforcer l’ambition climatique de tous les pays

Les engagements à l’horizon 2050 se multiplient, mais les plus concrets, à 2030, sont moins courants. Ainsi, 67 pays ont adhéré à l’Alliance pour l’Ambition Climatique qui vise à atteindre la neutralité carbone en 2050, mais « les pays qui ont annoncé qu’ils allaient relever leur ambition représentent ensemble moins de 10% des émissions », relate Lola Vallejo. « Ceux qui se sont fermement engagés dans le processus ne sont pas encore les gros émetteurs », poursuit-elle. La COP de Madrid sera l’occasion de renforcer cette coalition et de définir les conditions nécessaires pour que les autres pays soient prêts à relever leur ambition sur le plan climatique.

La NDC de l’Union européenne est actuellement de baisser les émissions de 40 % en 2030. La révision pourrait retenir une nouvelle contribution entre 50 % et 55 %. À la présidence de la COP25, le Chili a pour sa part soumis son NDC à la société civile. Le pays compte réduire les émissions de 47% d’ici 2030, au lieu des 30% de sa précédente contribution, et atteindre la neutralité carbone en 2050.

Les dernières négociations sur les mécanismes

Entre la COP21 et la COP24, les négociations ont particulièrement porté sur les règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris. Le dernier volet des règles d’application de l’accord de Paris restant à négocier concerne les marchés du carbone. « Il va y avoir principalement deux éléments de négociation : finir les règles de l’Accord de Paris sur ce qu’on appelle l’article 6 lié aux marchés de carbone internationaux et réviser le mécanisme international de Varsovie sur les pertes et préjudices », complète Lola Vallejo.

Les négociations seront particulièrement difficiles sur ces deux points. Sur les marchés du carbone, il faut définir les mécanismes de compensation d’un pays à l’autre et étudier la création d’un marché mondial du carbone qui permettrait aux pays (et aux entreprises) de négocier les compensations, à travers le financement de projets, mais sans restrictions géographiques. Par ailleurs, les pays en développement demandent un flux financier additionnel à l’adaptation pour financer les pertes et préjudices. Il s’agit de tous les impacts résiduels auxquels les pays ne pourront plus s’adapter. En particulier, il servirait à indemniser les pays touchés par des événements météorologiques extrêmes.

« Cette COP est plus limitée sur les vrais éléments de négociation, prévient Lola Vallejo. On va rentrer beaucoup plus dans des COP de mises en œuvre où il faudra encore plus ouvrir la porte aux acteurs non étatiques pour arriver à des stratégies de décarbonation en collaboration avec des acteurs privés ou locaux ».


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