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Etoile de tabby : un feuilleton qui touche à sa fin ?

Posté le 8 février 2017
par Sophie Hoguin
dans Insolite

Pourquoi donc l'étoile de Tabby (KIC 8462852) présente-t-elle des baisses de luminosité si inhabituelles ? Cette question taraude astrophysiciens et grand public depuis plus d'un an. Une réponse cohérente vient peut-être d'être trouvée. Elle serait simplement en train de “digérer” une planète.

Située à quelques 1480 années-lumières de la Terre, KIC 8462852 a été baptisée étoile de Tabby après que l’astronome Tabetha S. Boyajian ait dévoilé, en septembre 2015, les étranges baisses de luminosité de cette étoile et que scientifiques et grand public commencent à échafauder les hypothèses les plus créatives. Au point que chaque hypothèse et nouvelles données donne lieu à un épisode d’un feuilleton à succès : des milliers d’articles de presse, de messages dans les forums et une conférence TedX de la chercheuse qui compte plus de 2 millions de vues à ce jour…

En quoi Tabby est-elle différente ?

L’étoile de Tabby, comme des milliers d’autres a été scrutée pendant des années par le satellite Kepler dédié à la recherche et à l’étude des exoplanètes. Pour cela, Kepler s’appuie sur les baisses de luminosité des étoiles observées lorsqu’un astre s’interpose entre le satellite et l’étoile. Une baisse intermittente mais revenant régulièrement est généralement le signe de la présence d’une planète. Mais dans le cas de Tabby, les changements de luminosité sont importants et irréguliers. En outre, découvriront un peu plus tard, d’autres scientifiques, sur les 1600 derniers jours d’observations, la luminosité baisse de manière continue sur les 1000 premiers jours avant de connaître une brusque diminution pendant 200 jours.

Des hypothèses peu satisfaisantes

Au début du feuilleton, les scientifiques eux-mêmes lancent des hypothèses peu orthodoxes comme la présence d’une sphère de Dyson construite par des extra-terrestres ou les restes d’une planète détruite par une guerre interstellaire. Ou, plus “terre-à-terre” la présence d’un nuage de poussières dans un disque entourant l’étoile ou la présence d’un essaim de comète.
Cependant, ces hypothèses sont vite réfutées : pas de signal radio, pas de signature dans l’infrarouge comme ça serait le cas pour la présence de poussière ou d’un artefact extra-terrestre.

Une origine interne ?

En décembre 2016, plusieurs articles lancent des hypothèses scientifiques écartant les mégastructures extraterrestres. Ainsi, une équipe a simulé la présence de quatre objets massifs entourés d’un nuage de poussière issu d’une même origine. Les résultats, même si la simulation demanderait à être complexifiée, montrent une bonne corrélation avec les observations. Une autre équipe de chercheurs publie dans The Physical Rewiew Letters, l’hypothèse que l’origine de ces changements erratiques de luminosité seraient dus à une activité interne de l’étoile. Ils s’appuient pour cela sur les similitudes d’un modèle mathématique décrivant les avalanches ou les tempêtes solaires. Ils émettent l’hypothèse que Tabby serait une étoile très active avec des explosions massives occultant de manière arbitraire une partie de sa lumière. Enfin, une troisième équipe, a publié sur ArXiv, une hypothèse qui fait en quelque sorte la synthèse des deux précédentes. Selon ces chercheurs, Tabby aurait englouti une exoplanète entre 10 000 et 200 ans auparavant. Au moment de l’engloutissement, l’apport d’énergie gravitationnelle l’aurait rendu plus brillante. La baisse de luminosité régulière enregistrée depuis un siècle serait en fait un retour à la normal. Quant aux baisses de luminosité plus erratiques et brutales, elles seraient produites par des débris issus de cet engloutissement ou d’un autre événement lié ou non à l’étoile elle-même mais ayant produit plusieurs corps stellaires qui passent devant l’étoile.
Alors fin d’un feuilleton ? Pas tout à fait, puisque ces hypothèses sont déjà discutées (voir le site qui suit l’actualité de cette étoile) et que dans tous les cas, il faudra des observations complémentaires qui pourraient bien prendre… des années.

Par Sophie Hoguin


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