Reportage

Flexibilité et 5G, maîtres-mots de l’édition 2019 du Mobile World Congress

Posté le 7 mars 2019
par Frédéric Monflier
dans Entreprises et marchés

Convoquée à la grand-messe de la téléphonie mobile, l'industrie a mis l'accent sur la 5G et les écrans flexibles, espérant relancer un marché en berne.

Deux thématiques fortes ont marqué l’édition 2019 du Mobile World Congress, qui a fermé ses portes le 28 février dernier à Barcelone : la 5G et l’écran flexible. La cinquième génération de téléphonie mobile faisait en effet partie intégrante de prototypes de smartphones et de plusieurs modèles prêts à la commercialisation. Ces derniers venaient de la part des principaux fabricants mondiaux, dont Samsung (Galaxy S10 5G), Huawei (Mate X) ou encore Xiaomi (Mi Mix3 5G). Le taïwanais HTC se distinguait avec la présentation d’un routeur, le 5G Hub, à destination des particuliers ou des entreprises. Grâce à son débit maximum de 20 Gbits/s, très théorique il est vrai, la 5G pourrait menacer le Wifi et amener le très haut débit jusqu’aux foyers hors d’atteinte de la fibre.

Pour ce qui concerne les cas d’usage de la 5G, l’entreprise française Shadow, spécialisée dans le «cloud gaming» (jeu vidéo qui s’exécute dans le cloud), cherchait à démontrer les bénéfices de la très faible latence des communications, de l’ordre de la milliseconde. Il était possible de jouer à un jeu PC sur un smartphone Android, de marque Oppo ou OnePlus en l’occurrence, et de constater que les actions du joueur étaient reproduites à l’écran de façon quasi-instantanée. Même si l’expérimentation était à prendre avec du recul, étant données les conditions idéales de l’installation, l’objectif était de montrer de nouvelles applications s’appuyant sur les performances de la 5G.

La 5G freinée par l’affaire Huawei

Faut-il rappeler cependant que la 5G n’est pas encore une réalité. A l’instar du Snapdragon 855 de Qualcomm et son modem X50 associé, les nouveaux jeux de composants qui équipent les terminaux sont loin de tirer tout le potentiel de la 5G. Et quand bien même ils le feraient, les réseaux commerciaux commencent à peine à être déployés par les opérateurs, en Corée du Sud notamment. En France, les débuts de la 5G sont prévus l’an prochain, selon la feuille de route du gouvernement. Au 1er mars, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) comptabilisait 78 stations 5G expérimentales sur le territoire. Mais l’affaire Huawei pourrait entraver le processus, l’industriel chinois (le plus gros fournisseur mondial d’équipements réseaux telecom) étant soupçonné d’espionnage par les autorités européennes et nord-américaines.

L’écran flexible constituait l’autre vedette du salon. De plus en plus utilisés dans les smartphones, les écrans Oled peuvent être déposés sur des substrats plastiques souples, propriété désormais exploitée par plusieurs fabricants. Royole, marque chinoise, avait devancé la concurrence en présentant le FlexPai, en novembre dernier puis à nouveau au MWC : un smartphone qui, une fois l’écran déplié, prend la forme d’une tablette de 7,8 pouces. Le Mate X de Huawei reprend cet aspect mi-smartphone (6,6 pouces) mi-tablette (8 pouces), l’écran flexible s’articulant autour d’une charnière. Samsung a fait le choix d’une autre design pour le Galaxy Fold, qui combine un double écran : le premier de 4,6 pouces sur la coque externe en position fermée, le second de 7,3 pouces qui apparaît une fois le téléphone ouvert.

Ces mêmes fabricants devront toutefois prouver l’utilité de ce nouveau concept, qui se révèle très onéreux (plus de 2000 € pour le Mate X et le Fold, qui devraient être commercialisés ces prochains mois). Le multitâche est une piste explorée par Samsung, le Fold permettant une fois déplié de répartir l’affichage entre trois applications. Mais il en faudra davantage pour convaincre. Par ailleurs, on s’interroge sur la solidité et l’étanchéité du film plastique recouvrant l’écran Oled. C’est habituellement du verre, étanche aux gaz, qui protège les composés organiques de l’Oled, sensibles à l’oxydation. Ce matériau n’est pas naturellement souple, mais le Willow Glass, invention de la société Corning, n’a pas cet inconvénient. Quoi qu’il en soit, l’industrie du smartphone, confrontée à un fléchissement des ventes (-4% en 2018 selon IDC), espère que ces innovations relanceront la croissance du marché… ce qui n’arrivera probablement pas en 2019.

 

Les cinq innovations à retenir

 

Huawei Mate x

Attendu au second semestre 2019 au prix astronomique de 2299 €, le Mate X, par ailleurs compatible 5G, passe d’une configuration smartphone de 6,8 pouces à une configuration tablette de 8 pouces en un tournemain. Les utilisateurs se plieront-ils à ce concept ?

 

Microsoft Hololens 2

La deuxième version du casque de réalité augmentée Hololens bénéficie d’un champ de vision doublé et se révèle plus léger et plus confortable. Microsoft espère que sa clientèle industrielle le verra d’un meilleur œil.

 

Nokia 9 Pureview

Cinq capteurs photo (deux en couleur, trois en noir en blanc) qui produisent après traitement une image finale de 12 millions de pixels : le Nokia 9 Pureview promet des gains de contraste et de sensibilité à la lumière.

Sony Xperia 1

Disponible au printemps à 999 €, le Xperia 1 est gratifié d’un écran Oled HDR de 6,5 pouces en ultra haute définition. Ou presque (3840×1644 pixels) en raison de son format 21/9. Sony insiste sur la qualité d’image, pour séduire photographes et vidéastes.

 

HTC Hub

Muni d’un écran tactile de 5 pouces, ce routeur, signé HTC, prend en charge la 5G, le Wifi et dispose également d’un port Ethernet. Il est à vocation fixe ou nomade, grâce à l’appoint d’une batterie de 7660 mAh, et gère jusqu’à 20 connexions simultanées.


Pour aller plus loin