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Gaz de schiste : Fillon veut « tout remettre à plat »

Posté le 25 avril 2012
par La rédaction
dans Environnement

Après la mise en place d’un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste en France, le gouvernement a fait un pas de plus, le jeudi 14 avril, vers une interdiction définitive des prospections et des projets d’exploitation sur le sol français.

[Publié le 15 avril 2011]

Alors ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo avait signé en mars 2010 trois contrats autorisant trois grandes compagnies pétrolières à explorer les ressources potentielles en gaz de schiste à Villeneuve-de-Berg, Nant et Montélimar.

Devant la contestation populaire quant à l’exploitation des gaz de schiste, c’est d’abord la mise en place d’un moratoire, puis, plus récemment la présentation d’un projet de loi qui tendent désormais à inverser la tendance. François Fillon, devant l’Assemblée nationale, a évoqué sans détour la position du gouvernement sur le sujet : « Les autorisations qui ont été données l’ont été dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes. Il n’y a pas eu assez de concertation, pas assez d’information, j’en prends en tant que chef du gouvernement ma part de responsabilité. Je considère qu’aujourd’hui, pour qu’il n’y ait aucun doute dans le débat entre les Français et le gouvernement sur le sujet, il faut tout remettre à plat, et donc il faut annuler les autorisations qui ont déjà été données ».

Une position qui, c’est assez rare pour être souligné, a fait l’unanimité sur les bancs de l’Assemblée. Du côté des industriels, on estime que « cette décision avait quelque chose de tout à fait précipité ».

Jean-Louis Borloo, lui, a reconnu son « manque de vigilance », et s’est déclaré contre l’exploitation du gaz de schiste. Un revirement de situation que les mauvaises langues attribuent aux supposées velléités présidentielles de l’ancien ministre de l’Écologie, qui a quitté le parti majoritaire il y a peu.

Quoi qu’il en soit, le chef du gouvernement ne ferme pas la porte définitivement à l’exploitation de ces gaz non conventionnels, puisqu’il a décidé de prolonger la mission de recherche scientifique explorant les différentes techniques permettant l’exploitation des gisements. L’objectif est bien sûr de mettre au point des techniques d’exploitation les moins polluantes possibles.

Concensus à l’assemblée

En effet, François Fillon s’est voulu prudent, mais pas catégorique : « Il n’est pas question de sacrifier notre environnement, mais il n’est pas question non plus de fermer la porte à des progrès technologiques qui permettraient demain d’accéder à de nouvelles ressources énergétiques. »

Pour mémoire, le New York Times a publié, début 2011, un dossier contenant des informations recueillies par l’EPA, l’agence américaine de protection de l’environnement. Ces informations font état des conséquences de l’intensification de l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis depuis 2008.

Les rapports de l’EPA, que s’est procuré le journal, indiquent dans les eaux usées un taux de radioactivité 100 à 1 000 fois supérieur au niveau maximum autorisé. Toujours selon une étude de l’EPA datant de 2009, jamais divulguée, les eaux usées, qui sont parfois transportées jusqu’à des stations d’épuration non conçues pour les traiter et qui sont ensuite déversées dans des rivières qui fournissent de l’eau potable, présentent des niveaux de radioactivité plus élevés que ceux connus auparavant et bien plus hauts que les niveaux considérés comme sûrs par les réglementations fédérales pour le traitement par ces stations d’épuration.

L’EPA prépare un rapport plus complet sur ces problèmes, qui sera publié en 2012.

Le gouvernement français quant à lui a décidé de ne pas attendre si longtemps avant de statuer, au grand soulagement des populations proches des sites d’exploration, dans le sud de la France.

Par P.T

 

Déjà publié :

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