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Hydrogène : le WWF invite à soutenir la production renouvelable

Posté le 21 juillet 2023
par Matthieu Combe
dans Énergie

Dans un nouveau rapport, le WWF appelle le gouvernement français à concentrer les efforts sur les usages compatibles avec la trajectoire climatique de la France. Il propose de nouveaux soutiens publics pour soutenir la production par électrolyse de l’eau à base d’énergies renouvelables.

Comment produira-t-on l’hydrogène demain et pour quoi faire ? Le débat fait rage et chacun veut apporter son grain de sable à l’édifice. Donnons les chiffres : la France consomme environ 900 000 tonnes d’hydrogène chaque année. Pour autant, la très grande majorité (95 %) est produite à partir d’énergies fossiles et est utilisée pour raffiner les produits pétroliers (60 %), pour produire de l’ammoniac (25 %), dans l’industrie chimique (10 %) et dans les autres secteurs comme la métallurgie (5 %).

Le plan de relance fixe l’objectif d’installer 6,5 gigawatts d’électrolyseurs en France d’ici 2030, soit une production d’hydrogène équivalent à 700 000 tonnes par an. D’ici 2050, les scénarios de l’ADEME et de RTE prévoient entre 0,6 et 3 millions de tonne par an d’hydrogène décarboné consommé en France en fonction des efforts de sobriété et de réindustrialisation. Dans un nouveau rapport publié le 19 juin, le WWF appelle à développer l’offre d’hydrogène produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité issue des énergies renouvelables. Dans un contexte de tensions croissantes sur la ressource en eau, le WWF appelle aussi à définir un volume d’hydrogène à produire en France compatible avec la disponibilité de la ressource et ses différents usages.

Miser sur l’hydrogène pour la transition écologique

« À vouloir le développer tous azimuts, on risque d’entretenir l’industrie française dans une trappe à fossiles, ou encore de détourner les bâtiments et les transports de solutions bien plus efficaces comme les pompes à chaleur ou les voitures électriques, alerte Arnaud Gilles, chargé des plaidoyers climat, énergie et diplomatie via communiqué. Le WWF appelle le gouvernement français à faire le tri pour développer l’hydrogène là où il servira réellement la transition énergétique. »

Dès lors, il s’agira de « décarboner les usages industriels actuels uniquement s’ils sont compatibles avec la neutralité carbone », prévient l’ONG. Le WWF appelle en ce sens le gouvernement français à se focaliser sur les usages de l’hydrogène compatibles avec la transition écologique. Il identifie certains procédés chimiques, comme la production de méthanol ou d’ammoniac. Il appelle aussi à prioriser les usages dans les industries qui ne sont pas facilement électrifiables, comme la métallurgie, la sidérurgie, la céramique et le verre.

Le WWF reconnaît le potentiel de l’hydrogène pour décarboner certains transports lourds non électrifiables comme le fret routier, le maritime et l’aérien. Il précise toutefois que « ces secteurs devront tout d’abord réduire au maximum leur trafic pour être compatibles avec la trajectoire 1,5°C et contenir la demande française en ressources minérales ». Il voit également l’hydrogène comme solution au stockage d’énergie d’ici 2035 pour répondre aux besoins de flexibilité d’un réseau électrique à forte pénétration d’éolien et de solaire.

Contre les énergies fossiles, pour une filière française compétitive

À l’opposé, le WWF appelle à se désinvestir immédiatement et à programmer la décroissance des « usages actuels non durables de l’hydrogène », incompatibles avec les objectifs climatiques. Dans le collimateur de l’ONG écologiste : le raffinage de produits pétroliers et la production d’engrais chimiques. De même, le WWF appelle le gouvernement à bannir les usages « coûteux et risqués » de l’hydrogène, comme « le chauffage ou la voiture individuelle ».

Aucun dispositif n’est encore prévu pour soutenir la production française d’hydrogène par électrolyse de l’eau à partir d’énergie renouvelable « à grande échelle et à coût réduit », met en garde le WWF. L’ONG propose donc un double dispositif comprenant un « complément de rémunération » pour développer le volume de production, et réduire les coûts, ainsi qu’« une prime à l’utilisation durable » pour encourager les industries d’avenir à utiliser l’hydrogène quand il contribue à décarboner leurs activités.


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