Le premier objectif de l’amélioration de l’efficacité énergétique en France et dans les pays industrialisés, dans l’industrie aussi bien que pour les particuliers, est d’ordre économique : il s’agit de réduire le montant des factures énergétiques. Ce n’est pas forcément le cas partout : dans les pays en développement où l’accès à l’énergie peut être de moins bonne qualité dans certaines zones, le premier objectif peut être d’améliorer la garantie de stabilité et de sécurité de l’alimentation (on parle souvent de résilience) pour des systèmes « critiques » (santé, télécommunications...).
Pour atteindre cet objectif dans le cas d’un site industriel, il est nécessaire de comprendre les étapes des procédés, de cartographier et quantifier les consommations et leurs évolutions dans le temps, pour optimiser in fine le rapport, corrigé de facteurs non maîtrisable (conditions météorologiques...) entre l’énergie consommée et la production réalisée. Pour chaque environnement métier, des indicateurs pertinents doivent être définis, caractérisant de façon détaillée cet objectif global.
Il en va de même pour le cas résidentiel. C’est l’objectif d’offres commerciales de plus en plus nombreuses de dispositifs, matériels ou logiciels, d’aide au suivi des consommations, depuis les dispositifs de pilotage actif des consommations jusqu’aux batteries pour le stockage d’électricité dans l’habitat résidentiel. Les « compteurs intelligents », quoique « l’intelligence » des modèles en cours de déploiement soit encore très limitée, s’inscrivent dans ce mouvement : des consommations plus prévisibles et pilotables en temps réel permettront à terme de mieux adapter les moyens de production.
À l’interface entre l’habitat et l’usine, le tertiaire est en première ligne pour l’émergence du « smart-building ». Avec des capacités de production d’énergie renouvelable, de stockage d’électricité, de gestion des données énergétiques, il peut mutualiser ses ressources avec le quartier. Il est à la fois plus robuste, face aux aléas de fourniture de service par les réseaux auxquels il est connecté, et plus coopératif, capable de « s’effacer » pour les soulager en période de pic de demande.
L’amélioration de l’efficacité énergétique apparaît ainsi, comme un des moteurs d’une évolution profonde des usages de l’énergie, mais aussi des modèles économiques des acteurs du secteur et des innovations radicales qui l’accompagnent.
Le potentiel correspondant est encore largement à exploiter dans beaucoup de sites industriels, ce qui suppose d’abord une prise de conscience des enjeux économiques et techniques. Une « analyse système » de chaque procédé, type d’énergie mis en œuvre, ou poste de consommation, est en effet un préalable nécessaire pour identifier et hiérarchiser les potentiels d’amélioration de l’efficacité énergétique. La démarche peut conduire à remettre en cause les habitudes, à revisiter certains procédés : au lieu de laisser refroidir une brame d’acier à l’air libre, on peut, en la refroidissant de manière active, récupérer son énergie disponible. La démarche de management de l’énergie peut aussi conduire à introduire de nouvelles sources d’énergie pour réduire l’impact environnemental de la production. Elle conduit à renforcer la maintenance préventive des machines existantes et à revoir le plan d’investissement pour les renouveler avec des technologies moins gourmandes en énergie. Elle incite à prendre en considération le contenu énergétique des produits en revoyant leur conception et à reconsidérer le statut des « déchets » dans une approche d’économie circulaire permettant de valoriser l’énergie qu’ils peuvent contenir. Études, investissements, audits, sont des coûts... et des opérations dont le temps de retour sur investissement peut être jugé trop long dans le contexte économique actuel difficile pour les entreprises.
Comment rendre économiquement attractif pour l’entreprise l’engagement dans des actions visant un management de l’énergie plus efficace ? Au-delà de l’estimation chiffrée, toujours nécessaire, des temps de retour sur investissements, la motivation des équipes et le comportement individuel de chacun jouent un rôle déterminant. L’individu devient en effet de plus en plus citoyen « consommateur responsable » d’énergie aussi bien à son domicile que sur son lieu de travail.
Il n’entre pas dans le champ de cet article de détailler les méthodes scientifiques et problématiques spécifiques de chacun des domaines techniques abordés, ni de couvrir la grande diversité des secteurs industriels concernés par l’obligation réglementaire. Pour plus de détails, se reporter aux articles du Pack Thermique industrielle, ou aux publications spécialisées relevant de chaque domaine technique, de chaque métier ou secteur industriel.
On ne fait pas ici de distinction entre les installations nouvelles et les installations existantes : les exploitants des sites industriels peuvent être incités à progresser dans un cas comme dans l’autre.