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L’Amérique et la Chine dominent la production de plastique au détriment de l’Europe

Posté le 13 juin 2019
par Matthieu Combe
dans Entreprises et marchés

En 2018, la Chine et l'Amérique ont été les deux plus gros fabricants de plastique mondiaux. Dans le même temps, le marché européen, et notamment français, recule. L'association des fabricants de plastique européens PlasticsEurope vient de publier son rapport annuel. Il indique qu'au même titre que la production, la consommation de plastique continue de croître.

Lors de la conférence de presse annuelle de PlasticsEurope, l’association des fabricants de granulés plastiques européens, le directeur général pour la région Ouest Europe, Eric Quenet, a révélé les chiffres de la production plastique en 2018. Celle-ci a progressé de 3,2% par rapport à l’année précédente, passant de 348 à 359 millions de tonnes. Un chiffre qui révèle un ralentissement du marché, qui avait progressé de 3,9% entre 2016 et 2017. Ce recul est d’autant plus notable qu’entre 1990 et 2018, le taux de croissance moyen annuel a été de 4,5%.

La Chine, première puissance mondiale du secteur plastique

L’évolution du marché a notamment profité à la Chine, qui est le premier pays producteur de plastique dans le monde. À l’instar des années précédentes, l’Asie porte à elle seule près de la moitié de la production mondiale, dont un tiers vient de la seule Chine. En 2018, la production chinoise s’est élevée à plus de 108 millions de tonnes. Durant la dernière décennie, la place de la Chine sur ce marché s’est considérablement accrue.

Alors que le pays n’avait produit que 37 millions de tonnes de plastique en 2006, sa capacité de production a pratiquement triplé en douze ans. À l’époque, seuls 15 % du plastique produit dans le monde provenait de Chine. La dynamique ne devrait pas s’inverser dans le futur, car des nouvelles unités de production de plastique à base de charbon devraient prochainement tourner à plein régime.

Les États-Unis progressent grâce au gaz de schiste

Autre nation à tirer profit de cette évolution du marché : les États-Unis. La productivité du géant américain a été favorisée par le développement des gaz de schiste. Leur exploitation a permis l’investissement dans de nouvelles unités de production de polymères. Ainsi, l’État fédéral américain a été capable de produire 65 millions de tonnes de plastiques l’an dernier. Les unités de production les plus efficaces sont celles fonctionnant avec de l’éthane.

Effet collatéral de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, le géant américain vient directement prendre des parts de marché à l’Europe. De plus, en sachant se montrer plus compétitif que le plastique européen, les importations vers l’Europe ont augmenté en 2018 de 26 %. Par ailleurs, les États-Unis sont parvenus à rogner sur les parts de marché européennes en intensifiant le commerce vers la Turquie, qui historiquement importait plus de plastique venu de France.

L’Europe et la France en difficulté, mais sur la voie du recyclage

Sur le continent européen, la situation n’est pas aussi bonne. Le ralentissement économique a engendré un affaiblissement de l’Europe sur le marché mondial. Avec 62 millions de tonnes, la production de plastique a diminué de 4,3 % par rapport à 2017. Également impactée, la consommation n’a quant à elle pas diminuée. Elle n’a augmenté que de 0,7 % par rapport à 2017. Comme sur d’autres secteurs, le marché européen du plastique a connu l’an dernier un recul de 3 % de ses exportations.

La France n’échappe pas à la tendance européenne. Au contraire, le marché français est même particulièrement impacté par les ralentissements de production et de consommation. En 2018, la consommation de plastique s’est élevée à 4,8 millions de tonnes, soit 2,6% de moins qu’en 2017. Cependant, Eric Quenet explique que ces chiffres sont à relativiser par le fait que l’année 2017 avait été particulièrement intense. Entre 2016 et 2017, la consommation avait fait une croissance de 4,4 %. Donnée intéressante concernant les matières premières recyclées : les demandes ont augmenté de 14 % en 2018.


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