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L’Anses veut renforcer la traçabilité des nanoparticules d’argent

Posté le 10 mars 2015
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

L’agence vient de publier un état de l’art des risques d’une exposition aux nanoparticules d’argent. Si la toxicité environnementale est avérée, le danger pour l’homme resterait à démontrer.

A croire que les scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ont du sang normand. A la question : « les nanoparticules d’argent sont-elles toxiques pour l’homme ? », l’Agence se contente d’un « Pt’êt ben que oui, pt’êt ben que non » ! C’est bel et bien la conclusion officielle de l’expertise rendue publique le 5 mars. L’Anses a mis à jour les connaissances actuelles sur l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux, intégrant notamment les données concernant les voies d’exposition, les activités antibactériennes et la résistance éventuelles des bactéries. D’après la revue de presse scientifique, la toxicité des nanoparticules d’argent est certaine, avec des effets biologiques nocifs avérés sur « […] les organismes aquatiques et terrestre étudiés ». On retrouve donc tout un cortège de toxicités, comme la génotoxicité et la reprotoxicité, sans oublier une inhibition de croissance et la mortalité. Un panel impressionnant pour une substance à l’utilisation banale dans des secteurs comme l’alimentaire, le textile et les cosmétiques.

Face à une telle dangerosité, on est en droit de se demander ce qu’il en est pour l’homme. Mais cette fois, l’Anses est beaucoup moins catégorique. Pire, l’Agence est incapable de dire si oui ou non les nanoparticules d’argent sont une menace pour l’homme. En cause, les conclusions des différents travaux réalisés sont contradictoires « […] rendant encore difficile à ce jour l’estimation de la dangerosité des nanoparticules d’argent ». Impossible pour l’Anses de dire si ces particules sont reprotoxiques, génotoxiques ou neurotoxiques.

Dans ses propres conclusions, l’Agence se borne donc à encourager de nouveaux travaux de recherche « […] dans les domaines de la caractérisation physico-chimique, l’évaluation de l’exposition, de la toxicologie et de l’écotoxicologie, de l’évaluation de l’efficacité antibactérienne et de la résistance bactérienne ». Pour faciliter de nouvelles analyses, l’Agence souhaite renforcer la traçabilité des informations, notamment en passant par la déclaration obligatoire dans la base R-Nano.

Par Audrey Loubens


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