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Le label Greentech Innovation décerné à Plastic Vortex

Posté le 16 juillet 2025
par Aliye Karasu
dans Innovations sectorielles

Un système de barrage flottant anti-pollution a reçu un prix d'innovation lors de la dernière édition du salon Vivatech. Selon ses concepteurs, celui-ci serait capable de capter 80 % des micro-déchets plastiques présents dans les rivières les empêchant ainsi d'atteindre la mer. La start-up anticipe déjà son prochain défi : étendre son action pour couvrir 90 % du territoire français.

Au mois de juin dernier, la société à mission Plastic Vortex a été mise à l’honneur en recevant le label Greentech Innovation. Décerné par le ministère de la Transition écologique lors du salon Viva Technology 2025, ce prix récompense le premier barrage flottant automatisé qui intercepte les déchets dans les cours d’eau en aval des villes, avant qu’ils ne soient déversés dans les mers et les océans.

Chaque année, 2,5 millions de tonnes de débris plastiques sont rejetées dans les mers et les océans bouleversant ainsi l’ensemble des écosystèmes du monde. Cette pollution marine par les plastiques serait à 80 % d’origine côtière : les fleuves sont les premiers vecteurs d’acheminement des déchets vers les océans. L’ampleur du phénomène est très sous-estimée, car seulement 1 % des déchets flotte à la surface de l’eau. Dans les fonds marins se trouve la partie immergée de l’iceberg sous forme de microplastiques fragmentés qui s’accumulent dans de grands bancs de sédiments.

En ciblant les apports fluviaux, cette innovation permet d’agir à la source du problème.

Un principe simple qui préserve la faune aquatique

Fondée en 2017, la start-up Plastic Vortex assure que son barrage est capable de capter jusqu’à 90 % des microplastiques dès 1 mm de diamètre. Le dispositif repose sur un barrage flottant en forme de V inversé installé en diagonale par rapport au courant. Les déchets sont guidés vers un convoyeur automatisé en jouant sur la dynamique naturelle du courant.

Ce système, décliné en plusieurs modèles pour s’adapter aux différents cours d’eau, fonctionne en continu y compris lors des crues ; une résistance aux intempéries qui s’ajoute au caractère novateur de l’automatisation.

Le projet ne s’arrête pas à la captation. Les déchets sont triés en vue d’un recyclage ou d’un réemploi. Grâce à un partenariat avec Inddigo[1], chaque déchet intercepté est analysé, caractérisé et dirigé vers des filières de valorisation locales.

Objectif : un maillage national

L’entreprise toulousaine a pu compter sur sa ville pour expérimenter cette solution innovante. Toulouse a, en effet, accepté d’être le site pilote en accueillant, depuis mars 2025, le tout premier barrage Vortex sous le pont de Blagnac. Il serait capable, selon les prévisions, d’intercepter jusqu’à huit tonnes de déchets plastiques par an. En représentant l’équivalent de 425 000 bouteilles plastiques, cette quantité devrait être suffisante pour assainir la Garonne !

Alors que la mise en service est prévue à la mi-juillet, la ville pionnière pourrait bien faire des émules.

En effet, la start-up prévoit une couverture de 90 % du territoire français en implantant 31 barrages sur des points stratégiques placés le long des principaux fleuves français. Elle affirme pouvoir ainsi intercepter plus de 175 tonnes de plastiques avant qu’elles n’atteignent l’Atlantique ou la Méditerranée ; c’est l’équivalent de 9 millions de bouteilles plastiques collectées par an.

Un déploiement qui s’annonce difficile au regard du coût d’investissement qu’implique le système :  entre 15 et 20 millions d’euros, prix auquel il faut ajouter un coût d’exploitation de 3 à 5 millions d’euros. La société vient, d’ailleurs, de lancer une levée de fond pour récolter jusqu’à 500 000 euros.

Le parcours est également long pour obtenir les autorisations d’installations auprès des acteurs du secteur public parfois réticents.

Ce coût doit, néanmoins, être mis en perspective avec le coût annuel en capital naturel de cette pollution. Le PNUE[2] le chiffre à 13 milliards de dollars en prenant en compte la baisse des revenus liés au tourisme, à la pêche ou encore le coût du nettoyage des littoraux.

L’inaction coûte plus cher que la solution.


[1] Société de conseil et d’ingénierie en développement durable

[2] Programme des Nations unies pour l’environnement


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