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Les bus à hydrogène se déploient en Europe

Posté le 7 septembre 2018
par Matthieu Combe
dans Énergie

Afin de faire baisser le coût des bus électriques à hydrogène et favoriser l'émergence d'une offre industrielle européenne, des stratégies d'achats groupés se mettent en place. La France attend ses premiers bus pour 2019.

« Les bus à hydrogène ce n’est pas pour 2030, ils se déploient déjà », prévient Bertrand Chauvet, Président de Seiya Consulting et membre du conseil d’administration de l’Association Française pour l’Hydrogène et les Piles à Combustible (AFHYPAC). Les bus à hydrogène se développent depuis plus de 10 ans à travers de nombreux projets qui ont permis de valider cette technologie.

Les bus à hydrogène arrivent en France

Le projet « CHIC » (Clean Hydrogen in European Cities), entre 2010 et 2016, était le projet le plus important de déploiement, avec 56 bus. Désormais, le secteur entre  dans une phase de commercialisation et de déploiement de flottes plus importantes. Lancé en 2017, le projet JIVE  (Joint Initiative for hydrogen Vehicles across Europe) prévoit le déploiement de 139 bus dans sa première phase. Sa deuxième phase vise à déployer 152 nouveaux bus d’ici 2023.

« Jive 2 est le premier programme européen qui accueille des villes françaises : dans le cadre de ce projet, 15 bus sont prévus à Pau, Auxerre et aéroport de Toulouse-Blagnac », explique Bertrand Chauvet. D’autres villes se lancent également dans d’autres projets concrets. Au total, déjà 28 bus sont prévus : huit à Pau, sept à Toulouse, six à Artois-Gohelle, cinq à Auxerre et deux à Versailles. Les premiers bus seront mis en service début 2019 à Artois-Gohelle et Pau. « Dans tous les cas sauf à Versailles, il s’agit d’hydrogène vert avec des électrolyseurs qui produisent sur site, précise Bertrand Chauvet. À Auxerre, l’électrolyseur sera alimenté par un parc éolien. À Toulouse et Pau, il s’agira d’électricité d’origine renouvelable certifiée par des garanties d’origine. »

Des commandes groupées pour faire baisser les prix

Dans le cadre du projet JIVE 2, un bus à hydrogène de 12 mètres coûte au maximum 650.000 euros. Le projet est financé par le Fuel Cell Hydrogen Joint Undertaking (FCH JU), un partenariat public-privé entre la Commission européenne, les industriels et les chercheurs des piles à combustible et de l’hydrogène. Grâce une subvention entre 150.000 et 200.000 euros par bus, les villes doivent donc débourser entre 450.000 et 500.000 euros. C’est près de deux fois plus que pour un bus diesel, vendu entre 200.000 et 250.000 euros.

Les industriels veulent organiser des commandes groupées pour que des bus à hydrogène de 12 mètres soient proposés à l’avenir à moins de 500.000 euros, hors subventions. « Des discussions sont en cours entre les constructeurs de bus européens et l’Europe pour réduire les prix si l’on arrive à consolider une demande globale de bus autour de 1.000 exemplaires », explique Bertrand Chauvet. En Scandinavie, la proposition est déjà de 450.000 euros pour des commandes supérieures à 100 bus. En comparaison, la Chine veut déployer 10.000 bus à hydrogène d’ici 2030. Elle va ainsi créer un marché domestique qui permettra à ses constructeurs d’être agressifs sur les prix.

Des clusters pour grouper les demandes

Afin de réaliser cette ambition, cinq clusters d’approvisionnement régionaux ont été créés dans le cadre du projet JIVE. À l’intérieur, des exploitants de bus et des villes se mutualisent pour émettre des commandes groupées, afin de favoriser les économies d’échelle. Chaque pays nomme donc un coordinateur national et chaque cluster s’organise pour consolider la demande. En France, la coordination est assurée par Mobilité Hydrogène France et l’AFHYPAC.  Au niveau européen, la vision globale de cette demande  est assurée par Element Energy.

L’objectif de ces achats groupés est également de créer une offre industrielle européenne de bus électriques à hydrogène. La France se positionne, notamment grâce au constructeur de bus français Safra qui propose une version hydrogène de son modèle Businova. Par ailleurs, l’hexagone compte déjà plusieurs fournisseurs et exploitants de stations de recharge hydrogène ; en particulier Engie Cofely, Air Liquide et McPhy. Enfin, la centrale d’achat du transport public (CATP) a ajouté des bus électriques à hydrogène à son catalogue.

Les bus électriques à hydrogène sont une solution de choix pour remplacer les bus diesel. Ils ne rejettent que de la vapeur d’eau et de la chaleur, se rechargent entre 5 et 30 minutes en fonction du dimensionnement de la station et ont une autonomie de plus de 300 kilomètres. Ils offrent ainsi beaucoup moins de contraintes que les bus électriques à batterie. En tant que flotte captive, l’infrastructure est simple, reposant sur une station de recharge unique au dépôt de bus. Alimenté par de l’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau, à partir d’énergies renouvelables, il s’agit là d’une solution intéressante pour développer les énergies renouvelables locales, y compris pour la production du carburant.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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