En chiffres

L’offshore éolien tient le cap malgré la crise

Posté le 21 août 2020
par Joël Spaes
dans Énergie

Le Global Wind Energy Council (GWEC) vient de publier un nouveau rapport montrant que le rythme des installations éoliennes offshore devrait se maintenir cette année, malgré la crise du Covid-19. En 2019, 6,1 GW de nouvelles capacités de production d’électricité éoliennes en mer ont été installées, constituant un nouveau record, indique le lobby de l’éolien mondial.

A fin 2019, 29,1 GW d’éolien offshore étaient en service dans le monde, notamment en Europe, mais aussi en Asie et en Amérique du Nord. Et les capacités additionnelles en offshore en 2019 ont représenté 10 % des nouvelles capacités éoliennes mondiales.

Les prévisions du GWEC sont équivalentes à celles de 2019, pour 2020, malgré la crise liée au Covid-19, et démontrent, selon le lobby éolien mondial la forte « résilience » du secteur. Le rapport du GWEC estime en effet que nombre de projets qui sont déjà prévus vont voir le jour en 2021 et après. La crise du Covid-19 a plus affecté les projets éolien terrestre que les projets offshore, dont les durées de développement sont plus longues, insiste le GWEC.

D’ici 2030, les capacités installées devraient augmenter de 205 GW – une estimation relevée de 15 GW par rapport à la précédente, réalisée avant la crise pour atteindre 234 GW, dont au moins 6,2 GW d’éolien flottant (contre « seulement » 66 MW à fin 2019). Jusqu’en 2024, la croissance proviendra essentiellement hors d’Europe, notamment avec la Chine, mais aussi Taiwan, ainsi que la mise en service de parcs aux Etats-Unis. Une forte accélération devrait être enregistrée en 2025, les ambitions des pays en matière de renouvelables faisant que nombre de projets en cours devraient alors voir le jour.

Cette progression sera tirée notamment par une croissance particulièrement marquée en Asie, mais aussi par le maintien d’une forte progression en Europe. Ce qui devrait permettre, indique le GWEC, de créer 900 000 emplois supplémentaires dans le secteur.

L’Europe toujours devant

En 2019, la Chine a conservé le leadership, avec un niveau d’installation record de 2,4 GW, suivie par le Royaume Uni (1,8 GW) et l’Allemagne (1,1 GW). La croissance s’accélère en Asie (Taiwan, Vietnam, Japon, Corée du Sud) et aux Etats-Unis.

Cependant, le marché mondial de l’éolien offshore a progressé de 24% par an en moyenne depuis 2013, et reste dominé à 75 % par l’Europe, qui vise un objectif de 450 GW installés en 2050. Quelque 8,7 GW supplémentaires en offshore éolien devraient être installés d’ici à 2025 en Europe, estime le GWEC. Mais d’ici à 2030, 15 GW par an pourraient être implantés, signale le rapport, à l’aune des différents engagements pris par les pays (l’Allemagne, numéro 2 européen, mise sur 20 GW de plus d’ici à 2030 et 40 GW d’ici à 2040) et l’Union européenne. Au-delà de la prochaine décennie, les principaux organismes gouvernementaux et industriels devraient augmenter le nombre de zones pour accueillir l’éolien offshore.  L’objectif de l’UE de 450 GW d’ici 2050 prévoit des groupes de parcs en mer du Nord (avec près de la moitié de la capacité ciblée), dans l’océan Atlantique, dans la mer Baltique et dans les eaux du sud de l’Europe. Les installations seront principalement concentrées au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, au Danemark et en Pologne, plusieurs autres marchés de l’UE affichant des volumes à deux chiffres.

Mais les autres continents accélèrent : le GWEC prévoit 23 GW de nouvelles capacités installées en Amérique du Nord et 52 GW en Chine d’ici 2030 (et dès 2025, 19 GW de plus dans l’Empire du Milieu).

La France en retard, mais…

En France, l’implantation des futurs parcs éolien en mer prévus en premier à Saint-Nazaire, puis à Saint-Brieuc, attribués lors du premier appel d’offres sont attendus pour 2022 ; les projets du deuxième appel d’offres ne seront lancés que vers 2023/2024 (Dieppe-Le Tréport, Courseulles, Fécamp), puis ce sera au tour de Dunkerque. La France « a pris du retard dans le boom de l’éolien offshore », selon le GWEC. Et ce n’est qu’à partir de 2027 que le GWEC s’attend à voir la France commencer à compter sérieusement en la matière, avec d’ici à 2028, selon la programmation pluriannuelle de l’énergie, entre 5,2 GW et 6,82 GW installés.

Les auteurs du rapport notent cependant que lors du troisième appel d’offres en éolien offshore en 2019, qui a bénéficié de conditions plus favorables, le consortium EDF-Innogy-Enbridge a remporté un projet de 600 MW au large de Dunkerque en proposant un prix de 44 euros/MWh, l’un des plus bas du marché mondial.

Cependant, alors qu’il existe un certain retard sur les projets, en termes d’éolien flottant, la situation est différente. La France devrait être l’un des premiers marchés pour l’éolien flottant d’ici la fin de la décennie, estime le GWEC, aux côtés de la Corée du Sud et de la Norvège. Et rejoindrait rapidement le club des précurseurs actuels que sont le Royaume-Uni, le Portugal et le Japon.


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