Reportage

Les grandes tendances de Laval Virtual 2016

Posté le 31 mars 2016
par Frédéric Monflier
dans Informatique et Numérique

L'édition 2016 de Laval Virtual marque la généralisation des casques de réalité virtuelle, autrefois plus discrets. Elle confirme aussi que la création de contenus adaptés conditionnera le succès de la réalité virtuelle auprès du grand public.

La 18e édition du salon Laval Virtual s’est à peine achevée, depuis ce dimanche 27 mars précisément, que les premiers chiffres sont déjà connus. Le bilan quantitatif est sans aucun doute positif. «Nous avons dénombré 170 exposants, contre 154 l’an dernier, détaille Thierry Frey, responsable des opérations chez Eon Reality et par ailleurs administrateur du salon. Concernant la fréquentation, quelque 6200 professionnels se sont rendus à  Laval Virtual cette année, soit une hausse de 20%. Enfin, on a compté 9300 visiteurs grand public, 200 de plus que l’année dernière

Toutes ces personnes ont probablement observé la généralisation des casques de réalité virtuelle, ou casques HMD (Head Mounted Display), HTC Vive et Oculus Rift en tête. «Cela fait plusieurs années que l’on attend l’avènement de ces casques, confie Thierry Frey. On les apercevait, certes, mais les Moverio d’Epson n’étaient montrées que sur le stand d’Epson, les lunettes d’Optinvent sur le stand d’Optinvent… Désormais, les industriels qui exposent à Laval Virtual s’approprient ces équipements et commencent à les utiliser dans leurs propres applications

C’est d’autant plus remarquable que les modèles mentionnés ciblent aussi le grand public. «Tous les casques de réalité augmentée/réalité virtuelle (RA/RV) ont été développés à l’origine pour le monde professionnel, note Thierry Frey. Mais la donne avait changé au moment du lancement de la campagne Kickstarter dédiée à l’Oculus Rift : l’objectif était de produire du matériel de très bonne qualité à destination du grand public. L’aspect médiatique contribue aussi à cette démocratisation, car Google a les moyens de faire le buzz autour des Google Glass, sans oublier le rachat d’Oculus Rift par Facebook

Le contenu gagne en visibilité

L’équation économique est ô combien importante. «Mettre en place un système de RA/RV ne coûte plus des millions d’euros, mais quelques centaines voire quelques milliers d’euros, estime Thierry Frey. La conjonction s’opère entre une technologie qui s’est améliorée, devenue abordable, et le besoin de nouveaux contenus, de nouvelles applications

Une deuxième nouveauté se fait jour, bien qu’initiée l’an dernier. «De grands industriels, qui font déjà usage de la RA dans leurs process, envisagent de  commercialiser leur solution, conçue en interne, auprès d’entreprises tierces, observe Thierry Frey. Ils créent des spin-off – Testia chez Airbus par exemple – qui s’occupent de cette démarche. C’est la preuve que la technologie a atteint un certain degré de maturité. Les professionnels qui parcourent les allées de ces salons en prennent conscience et seraient prêts à franchir le cap. Des techniciens, des opérateurs, des médecins jugent que ces outils pourraient les aider dans leur métier

Dernière tendance et non des moindres : le contenu se ménage une place plus importante. «Cette année, un pavillon entier était consacré aux acteurs qui produisent du contenu RA/RV, commente Thierry Frey. Ces producteurs sont prêts à investir du temps et de l’argent dans des projets adaptés à cette technologie. Présenté sur le salon, un court-métrage de 15 minutes et filmé à 360°, inspiré de l’univers de Philips K. Dick, a mobilisé 80 personnes pendant 1 an. Industrial Light and Magic, pour sa part, a ouvert l’an dernier une nouvelle division, ILMxLAB, en charge d’inventer des contenus pour des plateformes RA/RV et immersives. L’industrie utilise beaucoup la RA/RV à des fins de formation professionnelle. Aujourd’hui apparaissent de nouvelles applications ludo-éducatives ou associées au pur divertissement

Des partenariats avec d’autres salons ?

Conscients que le contenu est un facteur-clé, les responsables de Laval Virtual cherchent des rapprochements avec d’autres organisations spécialisées. «Nous discutons avec le Festival d’Annecy, où se déroule chaque année le Marché international du film d’animation (Mifa), et aussi avec les Cross Video Days, un salon de contenus cross-media qui se tient à Paris, explique Thierry Frey. Ces mariages heureux assureraient la promotion de la RA/RV. Nos partenaires nous apporteraient du contenu et Laval Virtual leur apporterait de la technologie. Ils veulent montrer que les plateformes RA/RV sont un autre canal de divertissement

On assiste indéniablement à un renouveau de la réalité virtuelle, à tel point que certains experts proclament que 2016 sera l’an 1 de la RV.

Les contenus se font chaque jour plus nombreux, il est vrai, de même que les équipements.  Le casque de Sony, associé à la Playstation 4 et commercialisé en septembre prochain, est la dernière annonce en date. Il ne faut oublier non plus que les outils de prise de vue se démocratisent, à l’instar de la Giroptic, une caméra pour filmer à 360° imaginée par une start-up lilloise (et présentée sur le salon) ou du futur Jump de GoPro, un système de 16 caméras en cercle. Nonobstant des difficultés ergonomiques, pour les porteurs de lunettes notamment, voire des soucis de cinétose, il y a matière à développer des expériences immersives plus convaincantes que le simple relief 3D du cinéma et des écrans plats. Il reste à savoir si le grand public, cette fois, mordra à l’hameçon.

Par Frédéric Monflier


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