Décryptage

Un Bilan Carbone pour tous, tous pour un Bilan Carbone ?

Posté le 27 janvier 2011
par La rédaction
dans Environnement

Il est assez fréquent de penser que les émissions de gaz à effet de serre n'ont que deux grandes causes, et donc deux seules catégories de coupables : les transports et les industriels. Ainsi, un charcutier, une agence bancaire, une agence de voyages, un hôtel, ou un commissariat de police n'engendreraient pas d'émissions significatives, et un plan d'action pourrait très bien oublier ces acteurs de la vie économique ou sociale. Ces affirmations sont-elles pertinentes ?

Malheureusement, la réalité est bien plus complexe. Aujourd’hui, toute activité humaine, quelle qu’elle soit, engendre directement des émissions de gaz à effet de serre, même une compagnie d’assurances ou une crèche. Il faut en outre y rajouter des émissions « indirectes », liées aux produits ou services consommés pour « faire tourner la boutique », et qui peuvent facilement être bien plus importantes que les émissions directes. Commençons par le principal de ces gaz à effet de serre, le gaz carbonique. Il s’en dégage dans l’atmosphère dès que nous brûlons un produit contenant du carbone : du charbon, du pétrole, du gaz naturel, du bois…ou encore du plastique, qui n’est rien d’autre que du pétrole transformé. Nous allons donc trouver des émissions de gaz à effet de serre :

Il résulte de cette énumération que n’importe quelle activité humaine, quelle qu’elle soit, engendre des émissions directes de gaz à effet de serre, ne serait-ce qu’à travers le chauffage de ses locaux (s’il est fait au gaz ou au fioul), et des émissions indirectes, qui sont fréquemment très supérieures aux émissions directes, et qui sont « incluses » dans les produits ou services en provenance de l’extérieur et nécessaires à l’activité, même si cette dernière est tertiaire.

Par exemple :

 

Comme il n’existe pas une entreprise qui n’utilise pas de moyens de transports pour faire venir ses salariés, ou ne consomme aucun produit manufacturé, fût-ce des feuilles de papier, dont la production a conduit à des émissions de gaz à effet de serre, il n’existe pas une entreprise qui n’exerce pas directement ou indirectement une pression sur le climat futur.

De ce fait, toute entreprise ou activité administrative ou associative peut légitimement s’intéresser aux émissions qu’elle engendre, directement ou indirectement. Comme le lieu d’émission des gaz à effet de serre est sans importance, toute réduction, que ce soit sur les émissions directes, ou sur les émissions induites, est bonne à prendre, et très souvent les émissions induites sont très supérieures aux émissions directes.

Et, bien entendu, il n’est pas possible d’agir et d’établir des priorités autrement qu’en mesurant l’importance respective des différentes sources d’émission, directes ou indirectes. Tout le monde peut agir, et ce n’est qu’avec la mesure qu’il est possible de savoir quelles sont les marges de manoeuvre et où elles se situent.

C’est dans cet esprit qu’a été mis au point, entre mi-2000 et fin 2003, pour le compte de l’ADEME et de la Mission Interministérielle pour l’Effet de Serre, une méthode permettant d’estimer à la fois les émissions directes et les émissions indirectes de gaz à effet de serre de toute activité industrielle ou tertiaire, intitulée le « Bilan Carbone ». Cet intitulé désigne tout à la fois :

L’esprit général de la démarche est de partir de données facilement disponibles dans l’entité examinée pour parvenir à une bonne évaluation des émissions directes ou induites de l’activité. A long terme, l’objectif est bien sûr de généraliser ce Blian Carbone, puisqu’on voit bien que chaque activité humaine produit des GES, en quantité difficilement estimable sans cet outil.

J-M.J

Sources : ADEME, EDF, X-Environnement.