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Vagues de chaleur en Europe : une situation pire que prévu

Posté le 17 juillet 2025
par Arnaud Moign
dans Environnement

L’Europe a connu des vagues de chaleur successives entre fin juin et début juillet, avec des températures qui ont dépassé les 40°C dans de nombreux pays. S’il ne fait aucun doute que le dérèglement climatique est responsable de ces températures record pour un mois de juin, les climatologues l’avouent: leurs modèles climatiques n’arrivent pas à suivre et la situation s’avère pire que dans leurs prévisions.

Après les températures mondiales record en 2023, puis 2024, la trajectoire qui s’annonce pour 2025 semble déjà préoccupante, avec un mois de juin qui est le 3e plus chaud enregistré à l’échelle mondiale. Selon les données du service européen Copernicus et d’après les calculs de l’AFP, 12 pays du monde ont ainsi connu leur mois de juin le plus chaud.

L’Espagne et le Portugal en font partie, avec des températures qui ont parfois dépassé les 45°C. La température ressentie (indice UTCI¹) a même atteint 48°C au nord de Lisbonne. En ce qui concerne l’Europe de l’Ouest, c’est donc un mois de juin record, puisque le Vieux Continent a déjà subi deux vagues de chaleur extrêmes.

La fréquence et l’intensité de ces vagues de chaleur inquiètent les climatologues

Il est acquis que la planète se réchauffe en raison de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation notamment. Mais le rythme observé depuis 2023 est une énigme pour les climatologues.

En novembre 2024, Gavin Schimdt, le directeur de l’Institut Goddard d’études spatiales de la NASA, reconnaissait être « encore en train d’évaluer et de déterminer si nous assistons à un changement dans le fonctionnement du système climatique ».

De son côté, le climatologue Richard Allan, de l’université britannique de Reading, a même affirmé que « la chaleur mondiale record de ces deux dernières années a propulsé la planète en terrain inconnu. »

Et pour ce qui est de la multiplication des vagues de chaleur que l’Europe subit depuis 20 ans, c’est le même constat : les modèles climatiques n’arrivent pas à les prévoir !

De multiples facteurs à prendre en compte

Deux facteurs majeurs sont responsables d’une vague de chaleur : la présence d’un anticyclone stationnaire, qui fait surchauffer l’air et augmente la pression atmosphérique, et la baisse du taux d’humidité des sols.

Malheureusement, selon Robin Noyelle, post-doctorant en sciences du climat à l’école polytechnique de Zurich, « on ne comprend pas encore bien la mécanique derrière la formation des anticyclones de blocage », ni les raisons de leur multiplication.

Par ailleurs, les scientifiques n’arrivent pas encore à établir de lien clair entre ces phénomènes et le changement climatique global.

Pour ce qui est de l’Europe de l’Ouest, les climatologues auraient aussi des difficultés à modéliser l’influence du couplage sol-atmosphère sur le réchauffement local. En clair, alors qu’un sol humide sera susceptible de rafraîchir l’air, un sol sec aura l’effet inverse. Et, comme les vagues de chaleur successives assèchent considérablement les sols, le réchauffement s’amplifie.

À l’heure actuelle, les modèles climatiques minimiseraient donc l’influence de ce phénomène, particulièrement visible en Europe de l’Ouest, notamment en France métropolitaine.

Une menace sanitaire également sous-estimée

Le changement climatique n’est pas une notion vague. D’ailleurs l’impact sanitaire de cette canicule précoce et soudaine est malheureusement bien réel.

Selon une étude conduite par la World Weather Attribution, des chercheurs de l’Imperial College London, ainsi que par la London School of Hygiene & Tropical Medicine, elle aurait causé 2 300 décès en Europe, dont 1 500 sont directement imputables au réchauffement climatique. C’est bien plus que lors des inondations de Valence en 2024, qui ont coûté la vie à 225 personnes !

Les vagues de chaleur sont ainsi une menace diffuse et sous-estimée. Il est donc urgent d’adapter nos territoires au changement climatique, en particulier les villes, car ces phénomènes d’ampleur sont amenés à se répéter et à s’intensifier.


¹ Indice Universel du Climat Thermique


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