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ZFE : les Français peu enclins à changer de véhicule

Posté le 13 avril 2023
par Matthieu Combe
dans Environnement

Si vous habitez dans une agglomération de plus de 150 000 habitants, vous serez concernés par les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) d’ici 2025. Le Baromètre annuel sur les Zones à Faibles Émissions montre que la défiance des Français vis-à-vis de ce dispositif augmente.

La loi Climat et Résilience prévoit de façon échelonnée la création de Zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) un peu partout en France. D’ici début 2025, les véhicules Crit’Air 3, 4, 5 ne pourront plus circuler dans 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants. Ce sera aussi le cas des véhicules Crit’Air 2 en Île-de-France en 2025 et en Rhône-Alpes en 2028. Selon l’Observatoire des Zones à Faibles Émissions et des véhicules électriques, conduit pour la deuxième année consécutive par l’institut de sondage CSA, auprès de plus de 10 000 Français, 37 % des véhicules en circulation seront impactés par ces ZFE-m et devraient être renouvelés dans moins de deux ans.

Des millions de véhicules concernés

« Aujourd’hui, environ 12 millions de véhicules Crit’Air 3, 4, 5 circulent en France, rappelle Xavier Terryn, directeur du pôle Connect de CSA. En 2025, selon notre estimation, nous serons à 9 millions. » Et 36 % des Français déclarent qu’ils continueront à utiliser leur véhicule faute de budget pour l’achat d’un nouveau véhicule.

Pour la première fois, l’étude projette le parc automobile susceptible de se rendre dans les ZFE-m. Franck Cazenave, expert en mobilité, détaille ces résultats : « Au 1er janvier 2025, même si l’interdiction de circuler dans 43 ZFE pour les Crit’Air 3 est mise en place, il restera 4,1 millions de véhicules qui pourraient continuer à se rendre dans les ZFE faute d’autres solutions alternatives pour les conducteurs. Sur la même logique, pour les véhicules Crit’Air 4, 5 et non classés, on passe de 3,4 millions à moins de 2 millions de véhicules qui pourraient encore entrer dans les ZFE. »

Nous sommes face à une problématique sociale et environnementale. CSA souligne l’importance de développer une aide aux ménages pour retirer prioritairement les 2 millions de véhicules Crit’Air 4 et 5 susceptibles d’entrer dans les ZFE-m en 2025. Face à l’ampleur du défi, l’institut recommande de reporter l’entrée en vigueur de l’interdiction pour les véhicules Crit’Air 3 de 2025 à 2027.

Des Français réfractaires

À mesure que les premiers déploiements se déroulent, les Français connaissent de mieux en mieux les ZFE-m. 51 % des Français en donnent désormais la bonne définition (+14 points par rapport à 2022). Les personnes les mieux informées sont ainsi celles qui sont directement concernées par les régulations déjà en cours. En Île-de-France, 60 % des Franciliens connaissent par exemple la ZFE du Grand-Paris. Le constat est le même dans la région Rhône-Alpes avec 70 % pour la ZFE de Lyon et 56 % pour la ZFE de Grenoble.

Cependant, les Français expriment un sentiment persistant de manque d’information concernant les ZFE et les Crit’Air. Seuls 36 % des sondés ont su attribuer le bon Crit’Air à leur véhicule. « Plus problématique, quand on est sur la base des seules voitures impactées par les ZFE, seulement 29 % des véhicules ont été attribués aux bons Crit’Air », renchérit Xavier Terryn.

En fin de compte, 51 % des Français se disent favorables aux ZFE. C’est une baisse de 6 points par rapport à 2022. Ainsi, lorsqu’ils prennent connaissance du dispositif, la défiance s’installe. La confiance baisse d’autant plus chez les personnes qui détiennent un véhicule polluant ou qui sont directement concernées par ce dispositif. « Ce rejet est particulièrement fort chez les personnes dont au moins un véhicule est concerné : 49 % d’entre elles y sont réfractaires, ce chiffre grimpant à 62 % chez les détenteurs de voitures Crit’Air 4,5 ou non classés », avertit CSA.


Crédit visuel de une : freepik


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