Lancer son incubateur corporate

Mieux comprendre l’intérêt de la mise en œuvre d’un incubateur corporate, c’est avant tout mieux comprendre les récentes évolutions des modes d’innovation, à la fois à travers l’évolution des start-up et au sein même des grandes entreprises.

Savoir intégrer la start-up au sein d’une innovation corporate en mutation

Avant toute chose, rappelons qu’une start-up est une organisation temporaire mise en œuvre pour rechercher un modèle économique scalable autour d’une idée et d’une croyance forte. Depuis plus d’une dizaine d’années, une nouvelle forme de start-up s’est développée, caractérisée par le « lean start-up », approche fondée sur la recherche itérative d’un modèle économique.

Si très nombreuses sont les start-up qui échouent – cela fait partie du jeu –, certaines deviendront très vite des entreprises générant plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires, déstabilisant progressivement les organisations plus établies. Les exemples d’entreprises comme Blablacar, AirBnB et autre Uber illustrent parfaitement ces évolutions, et la capacité qu’elles ont eue à apporter de véritables ruptures sur un secteur. Ce qui caractérisera ces start-up pourra se résumer principalement par leur caractère agile, leur esprit entrepreneurial et leur parfaite utilisation des technologies digitales.

Pour le grand groupe, il devient stratégique de s’intéresser de près aux start-up, dont certaines apportent des ruptures dans leur propre secteur d’activité (l’exemple de Blablacar et de SNCF en est une illustration). Il ne s’agira pas de les envisager systématiquement comme de potentiels concurrents, mais au contraire de chercher à développer de nouvelles formes de partenariat pour créer davantage de valeur, commune, pour les utilisateurs finaux. Pour le grand groupe, il s’agira de consolider son caractère innovant et développer une forme d’agilité, aujourd’hui indispensable dans un marché en mutation permanente, grâce à sa relation aux start-up. De nombreuses grandes entreprises l’ont compris et développent des démarches dans ce sens, dont l’incubation corporate. À travers ce type de dispositif, il ne s’agira plus forcément d’investir dans les start-up clefs ou de les acquérir, mais avant tout d’apprendre à collaborer avec elles, pour construire des partenariats solides et/ou faciliter un futur investissement, voire une future acquisition.

Savoir tirer profit du potentiel de la collaboration start-up/grand groupe

Si l’on parle de collaboration entre start-up et grands groupes, cela implique nécessairement des intérêts mutuels. Le succès des programmes start-up initiés par des grands groupes, à l’instar de l’incubation corporate, reposera précisément sur cette double préoccupation. En synthèse, les attentes seront différentes selon que l’on s’adresse au corporate ou à une start-up.

Les intérêts, version corporate…

La collaboration permettra :

• de développer et tester de nouvelles technologies, de nouveaux services, de nouveaux modèles économiques, avec des coûts et des risques moindres par rapport à ceux qu’engendrerait sa seule organisation interne ;
• de revivifier ses démarches d’innovation et de participer aux nouvelles façons d’innover, notamment avec des approches agiles (lean start-up, test and learn, failfast culture of innovation…), grâce au contact des start-up.

… et version start-up

Les start-up, pour leur part, pourront :

• bénéficier d’un accès au marché ;
• bénéficier de la force de la marque du grand groupe et de son réseau ;
• bénéficier d’un terrain d’expérimentation important (accès aux utilisateurs ou à la data) ;
• dans certains cas, obtenir une première référence client ;
• passer à l’échelle (scaler) plus rapidement grâce à la force de frappe du grand groupe, dont notamment sa puissance d’investissement.

En d’autres termes, l’intérêt d’une telle collaboration vise à combiner la capacité à scaler du grand groupe avec la faculté d’agilité de la start-up. L’un a besoin de l’autre, et réciproquement.