Décryptage

Data center : de l’hydrogène vert pour limiter les émissions de CO2

Posté le 7 mars 2022
par Philippe RICHARD
dans Énergie

Aux Pays-Bas, l’opérateur de datacenters NorthC va remplacer ses moteurs diesel par des piles à combustible vertes fonctionnant à l'hydrogène. Une première en Europe.

En 2021, les centres de données auraient été responsables de 2 % des émissions de CO2 dans le monde, soit l’équivalent de l’ensemble du secteur aérien mondial. L’industrie européenne des centres de données a indiqué qu’elle fonctionnerait de manière entièrement neutre en carbone d’ici 2030.

Différentes pistes sont étudiées pour limiter leur consommation en énergie : refroidissement avec de l’eau de mer comme à Marseille, data center sous-marin comme celui en construction en Chine, optimisation de la climatisation, recours à des systèmes de sauvegarde moins énergivore, optimisation avec l’intelligence artificielle des calculs intensifs…

Des essais qui polluent

Autre piste envisagée : recourir à l’hydrogène verte. En cas de panne de courant, les datacenters disposent de groupes de générateurs électriques (généralement au diesel) ainsi que d’onduleurs avec des batteries massives.

Même s’ils sont peu utilisés, ces moteurs diesel doivent être régulièrement démarrés pour s’assurer qu’ils pourraient fonctionner dès qu’une panne électronique est constatée. Étant donné le nombre important de datacenters dans le monde (près de 700, rien que pour les 8 principaux opérateurs), ces essais réguliers génèrent de la pollution et une consommation non négligeable de carburant.

Pour réduire cet impact, NorthC teste un module de pile à hydrogène de 500 kilowatts dans l’un de ses datacenters. Selon cet opérateur régional, cette alternative permettra d’économiser des dizaines de milliers de litres d’essence. Seule de l’eau est libérée lors de la combustion de l’hydrogène vert.

Si cette quantité de carburant était brûlée, plus de 78 tonnes de CO2 seraient créés. Selon NorthC, c’est l’équivalent de 24 voitures parcourant en moyenne 32 kilomètres chaque jour ou de 20 000 téléphones chargés chaque jour pendant un an.

Des tests en France

Les piles à hydrogène qui seront installées dans le centre néerlandais de Groningue seront plus chères que les générateurs diesel traditionnels. Toutefois, en raison de la hausse des prix des carburants et du développement continu de la filière hydrogène, l’opérateur estime que les coûts devraient baisser rapidement.

Les Français travaillent également sur l’intégration de l’hydrogène vert dans des datacenters. Deux entreprises, Atos et HDF Energy, développent une solution complète pour alimenter des datacenters avec de l’hydrogène généré par des énergies renouvelables.

De son côté, le groupe énergétique allemand RWE vient de signer un accord avec Neptune Energy pour développer un projet de démonstration d’hydrogène vert dans la mer du Nord néerlandaise. Baptisée H2opZee, cette expérimentation vise une capacité d’électrolyse de 300 à 500 mégawatts. Ce projet serait développé en deux phases. La première sera axée sur une étude de faisabilité, tandis que la seconde se concentrera sur la mise en œuvre. L’objectif est que le projet soit développé avant 2030.


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