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Intelligence artificielle dans les paiements et e-commerce en Europe : inégalités régionales et régulations en mouvement

Posté le 4 septembre 2025
par La rédaction
dans Informatique et Numérique

Le rapport « AI in Europe’s Payments and E Commerce : Adoption Gaps, Regulatory Shifts, and Key Developments 2025 » met en lumière les dynamiques contrastées d’adoption de l’intelligence artificielle entre régions européennes, ainsi que l’impact croissant des nouveaux cadres réglementaires. Il souligne également les défis persistants, notamment en matière de confiance et de maturité opérationnelle.

L’adoption de l’IA dans les secteurs des paiements et du e‑commerce connaît une progression marquée en Europe, mais de fortes disparités régionales apparaissent. Les pays baltes et nordiques – notamment la Lettonie, la Norvège et l’Estonie – affichent des taux d’usage régulier de l’IA bien au‑delà de la moyenne européenne. La Pologne et la Slovénie enregistrent également un rythme d’adoption plus soutenu que leurs homologues. À l’inverse, des économies plus importantes comme l’Allemagne, la France et les Pays‑Bas restent en retrait, tandis que l’Espagne est à la traîne, avec peu d’intégration de l’IA dans les processus métiers. Bien que les expérimentations soient nombreuses, la maturité opérationnelle demeure, dans la majorité des cas, un objectif lointain.

Régulation : un avantage concurrentiel pour ceux qui l’intègrent tôt

Le rapport souligne également que l’application simultanée de dispositifs tels que l’EU AI Act, DORA (Règlement sur la résilience opérationnelle numérique) et le RGPD, impose une révision des stratégies IA des entreprises. Celles incorporant ces exigences réglementaires dans leur plan d’action – notamment pour les cas d’usage à risque élevé comme la détection de fraudes ou le scoring de crédit – bénéficient d’un avantage structurel sur leurs concurrents. À l’inverse, les entreprises ne faisant que des preuves de concept risquent de se faire dépasser.

Crise de confiance et menaces IA émergentes

Un autre point saillant concerne l’absence de confiance du public vis‑à‑vis de l’IA. Dans la majorité des pays européens, moins de la moitié des utilisateurs estiment que les bénéfices de l’IA l’emportent sur les risques, avec une confiance particulièrement faible dans les régions nordiques et occidentales. Cette méfiance est alimentée par l’émergence de fraudes sophistiquées, comme les deepfakes, la création d’identités synthétiques ou le phishing généré par IA.

Le document aborde plusieurs questions centrales :

Ces axes de questionnement offrent une vision multifacette de l’enjeu IA dans le secteur financier numérique.

Le rapport met en garde contre une approche trop compliance-first et trop centrée sur l’innovation symbolique plutôt que l’adoption fonctionnelle : tant que la confiance reste faible et que les infrastructures demeurent peu robustes, l’intégration effective de l’IA restera superficielle. L’importance du capital humain — experts IA, compétences numériques – est également soulignée comme un facteur déterminant pour passer des pilotes à la scalabilité.

Enfin, le rapport préconise une meilleure coordination régionale, permettant aux organisations de bénéficier d’un cadre préféré (compliance + innovation). Il suggère que l’alignement effectif avec le droit – en anticipant les obligations et en les intégrant dès la conception de projet IA – constitue aujourd’hui un facteur de différenciation stratégique.


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