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Le rétrofit : les véhicules thermiques deviennent électriques

Posté le 16 avril 2020
par Matthieu Combe
dans Énergie

L’arrêté du 13 mars autorise le rétrofit des véhicules thermiques en véhicules électriques à batterie ou à pile à combustible. Publié au Journal Officiel du 3 avril, il prévoit les dispositions techniques et administratives pour homologuer ces transformations sur tous types de véhicules.

Tous les véhicules thermiques de plus de 5 ans et les deux et trois-roues motorisés de plus de 3 ans peuvent désormais être transformés en véhicules électriques. Cela concerne aussi bien les voitures particulières que les véhicules utilitaires, les camions, les bus et les cars. « L’arrêté donne un cadre normé pour montrer que la transformation est faite dans les règles de l’art et ne pose aucun problème de sécurité, précise Aliou Sow, secrétaire général de la Fédération Nationale de l’Artisanat Automobile (FNA). La procédure sera menée par des installateurs agréés, avec des obligations de formation et l’achat d’équipements homologués. »

Des professionnels en mouvement

La FNA représente les métiers du service de l’automobile comme les professionnels de la réparation, du contrôle technique et de la distribution de carburant. Concernant le rétrofit, elle mise en premier lieu sur la clientèle professionnelle en vue d’équiper leurs flottes de véhicules utilitaires. « Le coût de la transformation rapporté à la valeur du véhicule pour le grand utilitaire comme un bus ou un camion reste raisonnable, analyse Aliou Sow. Pour les particuliers, le coût de la transformation reste encore trop élevé pour les citadines, supérieur à 10 000 euros ».  Pour les véhicules anciens, la question du coût est différente. « Il peut y avoir un marché pour les véhicules d’époque », concède-t-il.

L’association AIRe regroupe 11 acteurs du rétrofit français pour tous types de véhicules. À titre d’exemple, Carwatt se spécialise dans les véhicules utilitaires lourds comme les bennes à ordures ménagères, les bus et les véhicules aéroportuaires. Ian Motion et Retrofuture misent sur les voitures anciennes et Transition One sur les citadines et utilitaires récents. Noil se spécialise pour sa part dans les scooters et Newron Motors dans les motos. Enfin, E-Néo et OscarLab se frottent à tous types de véhicules électriques. S’il n’y a pas encore de filière structurée, l’association AIRe souhaite faciliter le développement du rétrofit dans l’Hexagone en formant les personnels dans les garages.

« Avant l’arrêté, le rétrofit se cantonnait à des enceintes privées ou alors les véhicules roulaient de façon illégale, rappelle Gérard Feldzer, co-président de l’association AIRe et président de Carwatt. L’arrêté rend le rétrofit légal pour tous types de véhicules équipés de dispositifs homologués jusqu’au véhicule utilitaire de 3,5 tonnes qui empruntent le domaine public. »

Vers la structuration du marché et de la filière

Selon le texte, un dispositif de conversion électrique comprend un groupe motopropulseur, un bloc de batteries et une interface avec le réseau pour le charger. Le cas échéant, il comprend un convertisseur d’énergie transformant l’énergie chimique en entrée en énergie électrique en sortie ou inversement, et toute pièce du véhicule fonctionnant à l’hydrogène, notamment le réservoir.

Les fabricants devront demander un agrément de prototype à l’UTAC pour chaque type de véhicule transformé. « L’entreprise obtient alors l’agrément de prototype qui en découle une homologation par type, précise Jérémy Cantin, président de la branche maintenance-vente, chargé de l’électromobilité à la FNA et président d’E-Néo. L’homologation par type est donnée pour un type de véhicule doté d’un dispositif qui pourra être reproduit par la suite ». Ces dispositifs seront installés par des professionnels de l’entretien et de la réparation automobile habilités par le fabricant. Ils auront suivi au préalable une formation dédiée. A l’issue de chaque transformation, l’installateur fournit une attestation de transformation au fabricant et un certificat de conformité au titulaire du certificat d’immatriculation pour sa mise à jour.

Les installateurs habilités devront vérifier que les conditions de transformation du véhicule sont compatibles avec les exigences en matière de sécurité conformément à son homologation. En plus, ils devront s’assurer que le véhicule à transformer est en bon état mécanique. « Si le choix de la conversion est retenu, le garagiste fait au préalable toutes les révisions nécessaires : les freins, la suspension, la direction, les pneus, etc. », précise Jérémy Cantin.

« Un audit de suivi du fabricant et de trois installateurs au choix de l’autorité est réalisé tous les ans par le laboratoire de l’UTAC », prévoit l’arrêté. En plus, il programme un bilan de l’application des prescriptions dans deux ans pour étudier l’opportunité d’y introduire des modifications.


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