Pour avancer un bateau classique, dont une partie de la coque est immergée, doit déplacer une masse d’eau, ce qui génère des vagues. Il en résulte une importante consommation d’énergie qui augmente de façon exponentielle avec la vitesse.
Les hydroptères (hydro, « eau » et pteros, « aile ») permettent d’élever le bateau au dessus de l’eau grâce au même principe que le ski nautique. Il en résulte une baisse considérable des pertes d’énergie pour pousser l’eau et ainsi très peu de formation de vagues. Les impressionnants kayaks hydroptères (hydrofoil kayak ou foil kayak) permettent par exemple une division par 10 de la surface de contact entre le kayak et l’eau. En méditerranée de nombreux ferries sont également des hydroptères, appelés « hydroglisseurs » par abus de langage alors qu’un hydroglisseur est stricto sensu est une embarcation à fond plat et de faible tirant d’eau propulsée par une hélice aérienne.
Le think-tank suisse Rinspeed est le premier au monde à avoir conçu et construit une voiture amphibie capable de naviguer comme un bateau classique mais aussi de déployer des skis et ainsi de se transformer en hydroptère : la Rinspeed Splash est un véhicule deux places capable d’atteindre 80 km/h en mode hydroptère, ceci avec une motorisation au gaz naturel. Tesla Motors a annoncé il y a quelques mois développer une Tesla S (100% électrique) amphibie : elle reprendra peut-être le même principe que Rinspeed Splash.
Moïse est de retour
Le QuadroFoil développé par une équipé d’ingénieurs basée en Slovénie, petit pays au bord de la mer Adriatique, est lui aussi deux places mais bien plus léger : seulement 100 kg hors batterie et motorisation, soit vraisemblablement environ 200 kg au total pour la version équipée d’une batterie de 10 kWh et d’un moteur électrique de 5,5 kW lui permettant d’atteindre 21 nœuds (40 km/h). Un hydroptère qui plus est léger et 100% électrique permet d’atteindre une efficacité énergétique optimale.
Dès que le QuadroFoil franchit les 6 nœuds (11 km/h) il sort de l’eau. A une vitesse optimale (probablement 7 nœuds) ce bateau futuriste au design particulièrement soigné permet d’atteindre une autonomie de 100 km avec une batterie de seulement 10 kWh. 10 kWh aux 100 km (1,4€ avec le tarif du réseau électrique standard en France) c’est équivalent à la consommation d’une Renault Zoé 100% électrique roulant à 90 km/h et le double d’une Renault Twizy roulant à 45 km/h, ce qui est remarquable en milieu aquatique. Avec l’ensoleillement moyen annuel du lac Léman ou de la Loire 3,5 kW de panneaux solaires photovoltaïques suffisent pour faire le plein de la batterie en une seule journée. Cela correspond à une surface de 24 mètres-carrés, soit 6 x 4 mètres.
A 7 nœuds un petit zodiac classique consomme environ 3,5 litres d’essence (34 kWh) à l’heure c’est-à-dire 261 kWh aux 100 kilomètres. A vitesse égale le Quadrafoil consomme ainsi 26 fois moins d’énergie.
Glisser tranquillement au dessus de l’eau propulsé par de l’électricité solaire
A l’opposé des jetskis thermiques qui constituent une aberration complète en matière d’efficacité énergétique, le QuadroFoil ne génère pas de vagues, d’émissions polluantes et de bruit : il peut circuler au niveau d’écosystèmes aquatiques fragiles avec un impact minimal sur la flore et la faune locale. Le tout en conférant un maximum de plaisir aux voyageurs.
Quand la mer est trop agitée et que les vagues dépassent 50 centimètres il est possible de plier les skis. Le quadroFoil se transforme alors en un bateau classique et peut par exemple être tracté par une voile de kitesurf.
Olivier Daniélo
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