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L’ECE forme les ingénieurs à la voiture du futur

Posté le 16 octobre 2019
par Frédéric Monflier
dans Innovations sectorielles

La première promotion d’ingénieurs spécialisés dans le véhicule autonome et connecté a fait sa rentrée à l’ECE. L’industrie automobile, qui a besoin de se réinventer, recherche activement ces nouveaux talents.

Depuis la mi-septembre, 32 étudiants de l’école d’ingénieurs ECE Paris.Lyon suivent une nouvelle formation accessible en cinquième année, dont l’intitulé ne fait aucun mystère de la spécialisation : Véhicule Connecté et Autonome. Lors du mondial de l’auto 2018, les écoles d’ingénieur ESIEA et Estaca avaient elles aussi annoncé le lancement de filières dédiées aux véhicules autonomes.

L’automobile de demain mobilisera en effet des expertises qui rompent avec celles du passé. Moins centrée sur le moteur thermique, la valeur ajoutée se décale vers l’informatique, les télécommunications, l’intelligence artificielle… Porte-parole de cette industrie et décisionnaire de la stratégie, la Plateforme de la Filière Automobile (PFA) rappelle qu’une voiture autonome et connectée fonctionne grâce à une centaine de millions de lignes de code, sept fois plus qu’à bord d’un Airbus A380. En 2040, le système embarqué pourrait représenter la moitié du coût de développement du véhicule.

Combinée aux changements technologiques (émergence des motorisations électrique ou hybride…) et sociétaux (la voiture n’est plus un bien mais un moyen), cette vague numérique bouleverse les métiers. « Les opérateurs de production risquent de disparaître dans les cinq à dix ans, prévient Emmanuelle Peres, directrice générale adjointe de la PFA. D’autres métiers devront se reconvertir ou monter en compétence, la tendance s’accélérant. Enfin, de nouveaux profils se développent dans la conception et l’innovation. Mais ces postes sont difficiles à pourvoir ». Dès lors, l’industrie automobile, qui prévoit de recruter 8000 ingénieurs par an d’ici à 2022, pourrait se retrouver sous tension.

Préparer des ingénieurs pour 2030

La crainte de la pénurie a motivé la création de cette majeure au sein de l’ECE, bientôt centenaire, dont les cursus se focalisent sur les nouvelles technologies. Après un appel à projets, la proposition de cette école a été retenue par la PFA, qui dispose d’un budget de 18 millions sur cinq ans (cofinancé à moitié par l’État) pour élaborer les modules de formation. C’est l’un des premiers résultats concrets de la feuille de route signée en mai 2018 par la PFA et le gouvernement, afin que la filière automobile s’adapte aux nouveaux enjeux : le véhicule électrique, le véhicule autonome et connecté (le projet d’expérimentation SAM est en cours), le développement de la compétitivité et l’acquisition de nouvelles compétences pour une mise à niveau des métiers, donc. Et cette dernière ne s’envisage pas sur le court terme. « Grâce à cette formation, on se prépare pour les années 2025-2030, reconnaît Hervé Gros, directeur général de la Société des ingénieurs de l’automobile (SIA). La moitié des compétences recherchées ne seront pas satisfaites en 2022, si tant est qu’on les connaisse exactement ».

Dans le détail, le programme compte 190 heures de cours théorique et se compose de quatre modules : conception de l’architecture système/logicielle/électronique, fonctionnement en autonomie (capteurs, IA…), connectivité (cybersécurité, télécommunications…) et usage (enjeux générationnels, attentes des clients…). Les intervenants responsables de l’enseignement exercent dans les sept entreprises partenaires, à savoir AVL, Faurecia, PSA, Renault, Transdev, Valeo et Vector. La pédagogie est complétée par des projets de réalisation technique, en collaboration avec des industriels, et un stage de 100 jours au minimum. L’ECE envisage une centaine d’élèves dans cette filière d’ici à trois ans.


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