chaleur fatale : récupération et valorisation des rejets thermiques des installations industrielles

En ce moment

Les réseaux de chaleur et de froid verdissent, mais les objectifs en volume n’y sont pas

Posté le 25 novembre 2019
par Joël Spaes
dans Énergie

En dix ans, les énergies renouvelables et de récupération (ENR&R) sont passées de 27% à 57,1% des énergies utilisées par les réseaux de chaleur, permettant de réduire fortement leur empreinte carbone. Néanmoins, si cet outil (qui s’applique aussi aux réseaux de froid) verdit, le compte n’y est pas pour atteindre les objectifs que s’est fixée la France, insiste l’enquête annuelle de la Fedene, du SNCU et d’Amorce pour le compte du SDeS(*) publiée le 18 novembre.

Pour la cinquième année consécutive, les ENR&R comptent pour plus de la moitié dans le mix énergétique des réseaux de chaleur, signale l’étude. Sur les 25,4 TWh livrés en chaleur en 2018, 14,1 TWh provenaient des ENR&R.

En premier lieu, la chaleur de récupération provient des UVE (unités de valorisation énergétique des déchets) à hauteur de 25%, puis de la biomasse 22% (malgré un ralentissement du développement) et de la géothermie 5%.

Ce verdissement des livraisons a permis de réduire fortement l’empreinte carbone des réseaux. Aujourd’hui, précise l’étude, « le contenu moyen en CO2 s’élève à 0,116 kg /kWh, soit 36% de moins que l’électricité, 50% de moins que le gaz naturel et 61% de moins que le fioul. Il a donc été réduit de 45% en 12 ans ».  Cette réduction significative est principalement liée à l’introduction progressive de la biomasse dans le mix énergétique.

Plus récents, les réseaux de froid progressent également, avec 1,05 TWh livré en 2018, soit 5% de hausse par rapport à 2017. Leur contenu carbone est encore meilleur, avec 0,010 kg/kWh.

Une trajectoire insuffisante

Néanmoins, malgré cette trajectoire positive des réseaux, la hausse de 0,4 TWh de la chaleur renouvelable livrée en 2018 par rapport à 2017 est loin d’être suffisante pour atteindre les objectifs fixés. En effet, dans l’état actuel de la Programmation pluriannuelle de l’énergie, l’objectif de chaleur et de froid renouvelables est de 24,4 TWh (sur 41 TWh au total) pour 2023, et entre 31 TWh et 36 TWh en 2018 (sur de 49 TWh à 57 TWh au total), tandis que la loi de transition énergétique pour une croissante verte (LTECV) de 2015 fixe, à l’horizon 2030, une cible de 39,5 TWh d’ENR&R (sur 61 TWh). Ces chiffres supposent une multiplication par cinq du rythme de développement, soit +2 TWh par an.

Pas sûr que la hausse du budget de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) actée mercredi 20 novembre permette de rejoindre la trajectoire nécessaire. Le conseil d’administration de l’Ademe a validé les 350 millions d’euros pour la chaleur (et le froid) renouvelable, à destination des collectivités et des entreprises, en hausse de 78% par rapport à 2017.

En 2018, les 781 réseaux de chaleur français enquêtés assuraient donc le confort thermique de plus en plus d’abonnés puisque 40 116 bâtiments sont raccordés (38 212 en 2017), soit 2,42 millions d’équivalents logements.

La France se situe, avec 5% de recours aux réseaux de chaleur, au 20e rang européen. A noter que ce sont les pays nordiques et orientaux de l’Europe qui sont en tête de ce classement, l’Islande prenant la première place avec 92%, devant la Biélorussie (70%) et le Danemark (64%). L’Allemagne, avec quelque 14%, est en 15e position.


Pour aller plus loin