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Les transports français face à un repli structurel et à la transition écologique

Posté le 23 octobre 2025
par La rédaction
dans Entreprises et marchés

Le secteur des transports en France traverse une phase de repli modéré combiné à une pression croissante de la transition écologique. Le Service de l’observation et des statistiques (SDES), à travers une synthèse des données récentes, dresse un constat des tendances de fond, tout autant que des défis industriels à relever, avec les implications pour les acteurs techniques du secteur.

Selon les dernières données du SDES, l’activité du transport terrestre de marchandises (hors oléoducs, y compris véhicules utilitaires légers et transit) s’est établie à 330,9 milliards de tonnes-kilomètres en 2023, enregistrant une baisse de 4 %, en particulier dans les transports ferroviaires et fluviaux, après un recul de 0,9 % en 2022. Le transport routier de marchandises, poste prédominant, est quant à lui à 295,5 milliards de tonnes-kilomètres en 2023, marquant un recul de 2,3 % par rapport à l’année précédente. De plus, l’ensemble du secteur transport a vu sa production baisser en 2023. En valeur, elle recule de 5,2 % tandis que le volume croît seulement de 0,4 %, contribuant pour environ 9,6 % au PIB français. Ce ralentissement traduit à la fois un contexte économique moins favorable et des fragilités structurelles au sein des chaînes logistiques.

Du côté des voyageurs, le transport intérieur se situe à 1 032,9 milliards de voyageurs-kilomètres en 2023, soit un léger recul de 0,3 % par rapport à 2022, et toujours en dessous de son niveau d’avant-crise (- 4,3 % par rapport à 2019). Le mode dominant reste le véhicule particulier, représentant 82,2 % (849,5 milliards de voyageurs-kilomètres) du transport intérieur en 2023. Cette donnée met en évidence la difficulté récurrente à impulser un virage majeur vers des modes alternatifs plus durables.

Sur le plan environnemental, le secteur des transports reste un acteur clé des émissions de gaz à effet de serre en France. Selon l’édition 2025 des « Chiffres clés des transports », le rapport rappelle que les transports représentent toujours une part significative du bilan carbone national. Même si des progrès sont observés, notamment dans l’efficacité des véhicules ou le report modal dans certains segments, la domination du transport routier individuel et des poids lourds restreint la marge de manœuvre.

Quant à l’emploi et à l’économie du secteur, les données montrent que l’activité du transport de marchandises représente près de 4 % du PIB français et environ 2 % de l’emploi du secteur privé en 2023. Le transport routier de marchandises emploie, seul, 429 000 salariés fin 2023, dont 75 % sont conducteurs de camions. Ces chiffres montrent que malgré la contraction d’activité, le secteur garde une ampleur industrielle non négligeable et reste stratégique pour la logistique, l’industrie et l’innovation technologique (véhicules lourds, automatisation…).

Enfin, sur la structure internationale du fret routier français, le pavillon français* prend en charge 93 % du transport national, avec 157,3 milliards de tonnes-kilomètres en 2023, tandis que les pavillons étrangers représentent 11,3 milliards de tonnes-kilomètres (cabotage*) dans le même cadre. Ce poids du pavillon national souligne la forte dépendance du transport intérieur à l’appareil industriel français, tout en plaçant la question de la compétitivité et de l’adaptation au contexte européen au cœur des enjeux.

Le panorama transport en France pour 2023-2024 met ainsi en lumière une activité en légère contraction, associée aux défis majeurs que sont la transition écologique, l’adaptation technologique, la compétitivité industrielle et la maîtrise des infrastructures. Le transport de marchandises comme des voyageurs montre des signes de ralentissement tandis que les attentes en matière de durabilité, efficacité et innovation s’imposent de plus en plus. Pour les acteurs industriels – équipementiers, logisticiens, constructeurs de véhicules lourds ou prestataires de la mobilité –, ce contexte appelle à repenser les procédés, les modèles économiques et les technologies. À l’heure où le levier du transport pèse autant sur l’environnement que sur l’économie, l’impératif est clair et nécessite de réussir la transformation sans fragiliser la capacité industrielle nationale.


* Même s’ils sont d’origine maritime, les termes « pavillon » (qui désigne le pays d’immatriculation du transporteur routier) et « cabotage routier » (qui correspond au transport intérieur effectué dans un autre État membre par un transporteur établi à l’étranger) sont également employés officiellement dans les statistiques du transport routier européen.


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