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L’IPBES veut rendre « durable » l’utilisation des espèces sauvages

Posté le 22 juillet 2022
par Matthieu Combe
dans Environnement

Le bien-être de l’humanité dépend de 50 000 espèces sauvages. Pourtant, les humains sont bien loin d’en prendre soin, explique l’IPBES dans son rapport « Utilisation durable des espèces sauvages », publié après quatre ans de travail.

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) alerte sur l’exploitation non durable des espèces sauvages par les humains. Selon les calculs des 85 experts scientifiques mobilisés pendant quatre ans, l’humanité exploite 50 000 espèces sauvages. Elles servent à l’alimentation, à la production d’énergie, de matériaux ou de médicaments, ou encore pour les loisirs. Mais alors que la crise de la biodiversité menace d’extinction près d’un million d’espèces de plantes et d’animaux, l’IPBES incite à « une utilisation plus durable des espèces sauvages de plantes, d’animaux, de champignons et d’algues dans le monde entier ».

Le monde reste en effet loin d’une exploitation durable des espèces sauvages. L’IPBES met en cause des pratiques telles que la cueillette, l’exploitation forestière ou le prélèvement d’animaux terrestres. Sur la base de l’évaluation de plus de 10 098 espèces de 10 groupes taxonomiques de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), seulement 34 % sont utilisées de « manière durable ». L’IPBES estime aussi que 34 % des stocks mondiaux de poissons sauvages marins sont surexploités et que 66 % sont pêchés à des niveaux biologiquement durables, avec des réalités locales très différentes. Sur terre, plus de 25 % des forêts du monde subissent une exploitation industrielle. Et 12 % des espèces d’arbres sauvages sont menacées par « l’exploitation forestière non durable ».

Pour une relation durable à la nature

L’alimentation humaine repose sur 10 000 espèces sauvages récoltées dans la nature. « Les populations rurales des pays en développement sont les plus susceptibles de recourir à des pratiques non durables, l’absence de solutions de substitution les contraignant souvent à exploiter davantage les espèces sauvages déjà menacées », explique Jean-Marc Fromentin, codirecteur de l’évaluation, via le communiqué.

Il ajoute : « 70 % des populations pauvres de la planète dépendent directement des espèces sauvages. Pour une personne sur cinq, les champignons, les algues et les plantes sauvages constituent des sources d’alimentation et de revenu ; 2,4 milliards de personnes dépendent du bois en tant que combustible pour cuisiner ; environ 90 % des 120 millions de pêcheurs traditionnels travaillent à petite échelle. »

L’utilisation des espèces sauvages constitue une importante source de revenus pour des millions de personnes à travers le monde. Pour remédier aux atteintes à la biodiversité, l’IPBES appuie notamment sur l’importance de lutter contre le commerce illégal, d’appuyer des politiques plus inclusives et d’aligner les politiques internationales aux niveaux national, régional et local. Dans un deuxième rapport publié le 11 juillet, l’IPBES invite à prendre en compte l’ensemble des valeurs de la nature dans les décisions politiques, au-delà de sa seule valeur marchande, pour arriver à mieux préserver le vivant.


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