Dans un papier récent, l’AFP vient de nous apprendre que l’Inde, en collaboration avec une maison commerciale japonaise du Groupe Toyota venait de rejoindre le cercle restreint des nations qui comme la Chine, le Kazakhstan ou la Malaisie acceptent d’isoler, à faibles coûts, le mischmétal (alliage de terres rares) des actinides radioactifs comme l’Uranium ou le Thorium avec lesquels les minerais sont associés.
Les terres rares apparaissent bien souvent comme un sous-produit, de plus en plus valorisable, de l’exploitation de certains gisements d’Uranium ou de Thorium. Les temps lointains où le mischmétal servait essentiellement à la production de pierres à briquet sont révolus. De nos jours, les accumulateurs Nickel-Métal hydrure (Ni-MH) aux électrodes négatives (anodes) de type hydrures de LaNi5, les aimants permanents de types Néodyme Fer Bore ou Samarium Cobalt utilisés dans les moteurs électriques ou les génératrices d’éoliennes, les diverses LED (« phosphor ») font appel à divers mélanges savants de terres rares et autres métaux dans leur réalisation.
Les gisements de terres rares sont abondants sur Terre, mais sont en nombres beaucoup plus restreints, les contrées qui veulent bien à moindres frais se lancer dans la purification de ces terres rares, créant ainsi un monopole de fait qui pourrait être démantelé par les Nations plus avancées clientes. Mais il faudrait pour cela qu’elles créent une industrie peu populaire qui manipulerait, en amont, des minerais présentant une certaine radioactivité.
Un exemple schématique de ces intérêts contradictoires nous est fourni par le Groupe australien Lynas, grand propriétaire de gisements australiens (gisement du Mount Weld) et qui après avoir essuyé un refus poli de la part des industriels chinois, sous-traite la valorisation de ses minerais en Malaisie. Il s’était heurté en 2011 à un fort mouvement local d’opposition.
Il y a dans cette industrie très écologique, à la base du succès des véhicules hybrides, des éoliennes les plus puissantes, des LED aux rendements lumineux sans égal, une industrie amont peu séduisante qui pousse les pays les plus avancés à localiser cette étape au sein de pays peu exigeants. La Chine, le Kazakhstan, la Malaisie et maintenant l’Inde font partie de ces nations qui acceptent de purifier, sans trop barguigner, ces lanthanides précieux.
Cet exemple illustre parfaitement les limites du concept de « Green-Business » qui n’est souvent fait que d’activités qui mettent en lumière les parts les plus vertueuses et laissent pudiquement dans l’ombre les fractions essentielles plus traditionnelles et polluantes de leurs activités ou de celles de leurs fournisseurs. C’est tout le génie du Marketing du moment.
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Par Raymond Bonnaterre
Cet article se trouve dans le dossier :
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