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Reconditionner des cartouches d’encre en France, une relocalisation made in confinement

Posté le 4 juin 2020
par Chaymaa Deb
dans Entreprises et marchés

La start-up française Printerre EA a lancé une nouvelle offre de cartouches reconditionnées à destination des particuliers. Le confinement et la fermeture des frontières a accéléré le développement de cette activité habituellement effectuée en Chine. Pour Laurent Berthuel, directeur général de cette entreprise basée en Eure-et-Loir, ces dernières semaines ont confirmé les capacités françaises de productivité et de compétitivité.

Pour beaucoup d’entreprises, le confinement, la fermeture des frontières et l’arrêt des unités de production ont eu des effets délétères. D’autres ont pu, au contraire, tirer profit de la situation. « Le confinement nous a donné du temps pour accélérer la réalisation de notre projet », explique Laurent Berthuel, directeur général de Printerre EA. Créée en 2007, cette start-up est originellement spécialisée dans le reconditionnement de toners pour imprimantes laser professionnelles. Durant ces dernières semaines, une nouvelle offre a été pensée pour les particuliers : une cartouche d’encre intégralement reconditionnée en France, la Cartouche Française.

En temps normal, 95 % du reconditionnement des cartouches d’encre se fait en Chine. Du fait des fermetures des frontières, l’exportation des cartouches vides a été freinée. C’est à ce moment-là que l’entreprise basée à Chérisy près de Dreux (Eure-et-Loir) a décidé de s’installer sur ce marché. Printerre EA a vu, dans la conjoncture profilée par le coronavirus, une opportunité de marché certaine. Ainsi, depuis mi-avril, la société a développé cette activité très peu présente sur le territoire national. « Aujourd’hui en France, seules deux entreprises font du reconditionnement de cartouches d’encre », précise Laurent Berthuel.

Exemple du made in France compétitif

Depuis le lancement de la production de ce nouveau produit, la start-up produit cinq mille unités par mois. « L’objectif est d’en produire mensuellement cinquante mille le plus rapidement possible », affirme Laurent Berthuel. Pour le directeur général, cet objectif est atteignable car tous les éléments nécessaires à la production sont présents en France. « Les principales matières premières dont nous avons besoin sont les cartouches d’encre usagées. Et les Français en déposent quotidiennement dans les points de collecte. Notre objectif est donc de les récupérer et de les reconditionner directement sur notre territoire », déclare Laurent Berthuel. Pour cela, la société a fait installer des bornes de collecte dans plusieurs magasins de Monoprix.

La réalisation de toutes les étapes de reconditionnement sur le sol français représente également un avantage compétitif pour l’entreprise. Afin de pouvoir être viable sur le marché, la start-up sait qu’elle doit être en capacité de proposer un produit compétitif vis-à-vis des tarifs agressivement bas des produits étrangers. « Notre objectif est de respecter le marché », explique Laurent Berthuel. Selon ses informations, les cartouches reconditionnées à Chérisy sont vendues au même prix que les références étrangères équivalentes. « Le prix a une importance capitale. Si nous proposons un produit made in France trop cher, le consommateur se tournera vers la concurrence. Mais si le produit français n’est pas plus onéreux, son choix n’est plus le même », analyse le directeur général.

Entreprise solidaire, bassin d’emplois

Pour l’instant, la start-up française ne dispose pas encore des moyens nécessaires pour concurrencer directement les mastodontes du secteur. Mais selon Laurent Berthuel, cela ne s’explique pas par un manque de moyens. Pour lui, de massifs investissements dans l’industrie et les infrastructures permettront de rapidement combler ce retard. « On ne manque pas d’argent en France », affirme-t-il. Laurent Berthuel pense que le développement de filières de nouveaux produits made in France est tout à fait envisageable, notamment dans les secteurs du recyclage et du réemploi. « Aujourd’hui, les déchets français servent à créer de la valeur à l’étranger » déplore l’homme d’affaires.

Selon Laurent Berthuel, les technologies nécessaires au déploiement de sa société sont déjà présentes sur le territoire national. Pour les obtenir, ce dernier a observé les procédés employés en Chine, et a appris aux côtés d’un homologue allemand. La main-d’œuvre est, également, déjà présente. Cette jeune pousse veut prouver que l’innovation est à la portée d’une grande diversité de travailleurs. Depuis 2012, cette entreprise solidaire emploie des travailleurs handicapés. Aujourd’hui, ils sont huit à occuper des postes de production. « Les étapes très précises et bien distinctes du procédé permettent à ces employés de reconditionner les cartouches d’encre parfaitement », explique Laurent Berthuel. Dans les prochains mois, le directeur général espère pouvoir décupler les embauches.


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