En janvier 2024, les microbiologistes Christine Delorme et Séverine Layec, le microbiologiste et chimiste Vincent Juillard et la physiologiste et nutritionniste Véronique Douard, créent la start-up Nodia Metabolics. Le quatuor a en effet découvert que des produits issus du microbiote intestinal pouvaient avoir un effet de régulation sur la glycémie de l’hôte. En partant de ce principe, ils ont développé une bactérie du microbiote intestinal sous forme inactivée et un métabolite bactérien, aussi présent dans les végétaux, et ont démontré un impact sur la glycémie des souris.
Des résultats précliniques prometteurs
À partir de ces résultats, la start-up a conçu son premier produit composé d’un métabolite de souches de bactéries commensales (micro-organismes habitant l’organisme) isolées de l’humain, mais en mesure d’être synthétisé chimiquement. Cette substance permettrait d’aider les prédiabétiques à réguler leur glycémie et ainsi d’éviter de développer un diabète de type 2. Dérivé d’un acide aminé, ce produit stimule la sécrétion d’insuline, hormone essentielle pour le contrôle de la glycémie.
L’efficacité chez l’animal ayant été prouvé dans une étude préclinique, ce produit, classé en tant que complément alimentaire, sera tout de même évalué in vivo, afin de vérifier sa non-toxicité, comme le sont les médicaments. Une phase clinique chez l’humain permettra ensuite de tester son efficacité.
La plupart des produits déjà commercialisés pour le prédiabète ont un effet lié à la perte de poids. Ce n’est pas le cas de la molécule développée par Nodia Metabolics. Dès la première prise et au bout d’un quart d’heure, elle augmente la sécrétion d’insuline au niveau du pancréas et entraîne une diminution de la glycémie. Les résultats sont donc très rapidement mesurables chez le patient.
Se faire une place sur le marché
Depuis ses débuts, l’objectif de la start-up était que son produit puisse être prescrit directement par les médecins. Mais cette démarche est loin d’être évidente. Comme le produit proposé par Nodia est synthétisé par les plantes et les micro-organismes, il n’est pas considéré en tant que métabolite humain, même s’il est présent dans la circulation, grâce à la nourriture que nous consommons. Pour cette raison, il est classé comme « Novel Food ». Nodia Metabolics va monter un dossier européen (validation par l’EFSA) et états-unien (validation par la FDA) pour avoir une autorisation de mise sur le marché sous cette appellation. Une fois cette autorisation obtenue, les tests cliniques pourront commencer. Les fondateurs espèrent que le produit pourra être commercialisé en 2027 ou 2028. Il sera d’abord vendu sur le site internet de la start-up avant d’être prescrit par les médecins.
Pour financer ses tests cliniques et les demandes d’autorisation de mise sur le marché, Nodia Metabolics doit lever 2,5 millions d’euros. Mais la grande difficulté reste encore de convaincre les investisseurs, refroidis par l’appellation de complément alimentaire. Ces derniers souffrent d’une image dégradée, malgré une offre de marché qui ne cesse de croître. Nodia doit donc trouver sa place et se démarquer. Contrairement aux médicaments qui proposent d’influer directement sur la glycémie, le traitement développé par la start-up entend prévenir l’apparition du diabète de type 2 et avoir un effet bien plus en amont.
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