Décryptage

Un dollar qui s’apprécie et des querelles commerciales byzantines font baisser les cours du pétrole

Posté le 5 octobre 2014
par La rédaction
dans Énergie

Les cours des matières premières connaissent des extrêmes à la hausse comme à la baisse lorsque  les problèmes de couvertures sur les variations des cours du dollar déséquilibrent l’offre ou la demande. C’est le cas aujourd’hui des cours de nombreuses matières premières agricoles ou industrielles et plus particulièrement de ceux du pétrole.

Un dollar qui s’apprécie contre toutes les monnaies  incite de nombreuses institutions financières dont les fameux « edge fund », à vendre leurs positions longues sur les matières premières et à se positionner sur un marché baissier ou à rester tout simplement en cash, avec un bon dollar qui s’apprécie vis-à-vis des autres monnaies (Figure.1).

Cette valorisation subite du dollar qui a démarré au mois d’Août dernier, est à la base de bien des baisses actuelles des matières premières, exacerbées par de bonnes récoltes agricoles (offre croissante) ou par de faibles demandes asiatiques (demande faible et déstockage massif).

Dans le cas du pétrole dont la taille du marché physique supporte un marché d’échange de papiers de très grande taille, à ce phénomène classique de renversement de marché, se superpose la volonté de l’Arabie Saoudite de vouloir conserver ses parts dominantes de marché en Asie face à l’Irak ou à l’Iran, ce qui la pousse à offrir de larges rabais pour maintenir ses ventes.

Ce phénomène est parfaitement expliqué dans un papier de Reuters repris par Trade Arabia le 2 Octobre 2014, et apparaît être en accord avec des extractions soutenues de pétrole de la part de l’Arabie Saoudite qui ont atteint les 10 millions de barils par jour au mois d’Août dernier (Figure.2) alors qu’elles auraient dû décroitre vers les 9 millions de barils par jour pour maintenir les cours mondiaux

  

Dans le cadre d’un profond renversement des marchés du pétrole de l’Ouest vers l’Est il apparaît que l’Arabie Saoudite laisse filer ses parts de marché en Amérique du Nord, au profit du Canada, mais qu’elle ne veut rien céder à ses concurrents en Asie qui est le marché d’avenir.

Cette attitude du premier exportateur mondial, décalée par rapport aux tendances du marché du pétrole, explique pour une large part la baisse subite des cours du BRENT au-dessous des 100 dollars le baril (Figure.3).

  Par Raymong Bonnaterre