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Un Plan Santé connectée pour la France ?

Posté le 27 septembre 2017
par Matthieu Combe
dans Informatique et Numérique

Le club e-santé du Centre d’étude prospective et stratégique (CEPS) dresse cinq propositions pour que la France rattrape en 5 ans son retard en matière de e-santé.

Si le modèle de santé français est encore vanté dans le monde, il recule dans les classements internationaux. Pourquoi ? Patrice Cristofini, Président et fondateur du club e-santé n’y va pas par quatre chemins. «L’une des raisons principales tient, selon nous, à ce que le système de santé français a manqué sa révolution digitale», souligne-t-il.

La France n’a pas assez investi pour déployer la santé connectée sur ses territoires. Télémédecine, téléexpertise, outils d’auto-diagnostics, cabine connectée de diagnostic, applications mobiles… «La France entre à peine dans cette nouvelle ère», regrette Patrie Cristogini. Pourtant, le pays présente de nombreux atouts: il détient des start-up de pointe dans le domaine, de grands groupes industriels en informatique et parmi les meilleurs médecins et chercheurs au monde.

Pour un Plan Santé connectée France

Mais tout médecin le sait bien, rien n’est jamais perdu. Le CEPS demande donc le lancement d’un vaste plan «Santé connectée France» portant sur cinq axes. Objecif: faire de la France l’un des leaders de la santé connectée d’ici 5 ans. Et assurer la «e-confiance» des Français pour ce nouveau mode de pratique de la médecine, «la clé de ce virage stratégique», projette Patrice Cristofini.

La top des priorités sera celle de la formation. Car le CEPS s’indigne de voir que la e-santé est totalement absente des programmes de formation. Il propose au moins 20 heures de cours chaque année dans la formation initiale de tous les professionnels de santé. Durant leurs études, ces derniers devraient aussi pouvoir suivre un stage de 6 mois dans une entreprise de la e-santé. Et un plan de formation continue sur ces nouveaux enjeux devrait être proposé à tout professionnel en activité, notamment aux plus de 50 ans.

Mais il faut aussi que l’Etat priorise ses financements pour favoriser la santé digitale. Le CEPS propose ainsi de le faire dans les contrats Etats-régions, par exemple pour encourager la télémédecine au service du suivi des maladies chroniques.

Structurer la e-santé en France et en Europe

Il faudra également structurer le secteur et créer une gouvernance forte. Le CEPS propose «la mise en place d’un tiers de confiance national à parité public-privé associant des professionnels de santé pour organiser l’accès aux données d’usage de la santé». Le centre adepte de prospective voit aussi la création d’une Haute Autorité pour la e-santé et une Agence Européenne de la e-santé.

Aujourd’hui, n’importe quel fabricant peut proposer un outil de e-santé. Et rien ne garantit son utilité ou sa fiabilité médicale. La Haute Autorité pour la e-santé permettrait de faire le tri parmi ces innovations, les labelliser ou les certifier. Les citoyens pourraient ainsi s’appuyer sur un avis indépendant pour éviter les gadgets médicaux connectés et les professionnels de santé pourraient recommander les meilleures solutions de santé connectée sur des bases fiables. De son côté, l’Agence Européenne de la Santé jouerait un rôle crucial pour mieux encadrer la collecte des données de santé par ces mêmes entreprises et les grands groupes. Qui a dit qu’il fallait craindre l’intelligence artificielle ?

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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