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Une énergie à bas prix : l’arme de la Chine pour gagner la bataille de l’IA

Posté le 20 novembre 2025
par Arnaud Moign
dans Énergie

Selon Jensen Huang, le PDG de Nvidia, bien qu’elle soit encore légèrement en retard, la Chine serait en train de remporter la course au développement de l’IA, face aux États-Unis. Il faut dire que le pays s’en donne les moyens, en investissant de manière massive dans les énergies renouvelables afin de répondre aux énormes besoins énergétiques de l’IA et en subventionnant les solutions de calcul locales, qui bénéficient d’une énergie quasi gratuite.

C’est une certitude : la disponibilité d’une énergie abondante et bon marché est la clé de la réussite en matière de stratégie de développement industriel. C’est d’autant plus vrai dans la course à l’IA et la Chine semble l’avoir bien compris.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres, car avec 9 000 TWh d’électricité produite en 2022 (toutes sources confondues), soit le double de la production américaine, la Chine est désormais le premier producteur mondial. Et pour en arriver là, le pays a multiplié les investissements publics dans le solaire, l’éolien, l’hydroélectrique et le nucléaire nouvelle génération, puisque 11 nouveaux réacteurs ont été annoncés en 2024 !

La Chine mise énormément sur les énergies renouvelables

C’est le paradoxe actuel de la Chine : bien que le pays soit critiqué pour sa dépendance au charbon (30,5 GW de nouvelles capacités de centrales à charbon ont été mis en service en 2024), cela ne l’empêche pas, en parallèle, de se positionner en tant que champion de la transition énergétique.

Car, bien qu’elle soit partie de zéro il y a 20 ans, la Chine est désormais le leader mondial incontesté des énergies renouvelables. Là encore, les chiffres ne trompent pas, puisque le pays a doublé sa capacité solaire et éolienne entre 2021 et 2024 (+80 GW d’éolien et +277 GW de capacité solaire de plus rien qu’en 2024).

En outre, si les immenses champs photovoltaïques visibles depuis l’espace témoignent déjà des ambitions gigantesques de la Chine en matière de solaire, le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisque le président Xi Jinping a confirmé l’engagement de neutralité carbone de la Chine pour 2060.

Et pendant ce temps, le coût de l’électricité explose à l’Ouest

Si la Chine est actuellement en situation de surplus d’électricité par sa planification centralisée à long terme des investissements, l’état des lieux est bien différent outre-Atlantique.

Une enquête de Deloitte (2025), réalisée aux États-Unis auprès de dirigeants des secteurs de l’énergie et des centres de données, indique ainsi que « les projets d’expansion des centres de données avancent plus rapidement que la mise en service de nouvelles sources de production électrique. »

Compte tenu du fait que « la demande énergétique des centres de données pour l’IA pourrait être multipliée par 30 d’ici 2035 », les développeurs se retrouvent donc devant un dilemme : freiner leurs investissements ou produire leur propre électricité.

Pour éviter la panne et ne pas perdre de retard dans la course à l’IA, les géants du secteur, notamment OpenAI et Meta, n’hésitent plus à construire des centrales énergétiques locales, souvent alimentées au gaz naturel, des solutions d’appoint qui reposent donc sur des énergies fossiles.

En outre, cet accroissement de la demande en électricité n’est pas sans conséquences sur le reste de l’économie américaine, notamment sur les ménages, puisque des hausses mensuelles de 15 à 30 $ ont été observées dans certains états cette année, selon le Washington Post.

Le prix et la disponibilité de l’énergie vont conditionner les progrès de l’IA

Il est donc clair que l’électricité est le nerf de la guerre en matière de développement de l’IA. Et sur le plan énergétique, la Chine est en train de prendre une longueur d’avance sur les États-Unis.

Et si d’aventure les États-Unis réussissent à rattraper leur retard, ce ne sera pas en misant sur des fermes solaires géantes et encore moins sur de l’éolien. Du moins pas avec des fonds publics, car l’hostilité de l’administration Trump envers les renouvelables est désormais suivie de mesures concrètes, la Maison-Blanche ayant détaillé un décret exécutif pour mettre fin aux subventions pour l’énergie éolienne et solaire.


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